CRISE DE LA JUSTICE COMORIENNE : POTENTIELLE VOCATION CONTESTATAIRE DES AVOCATS Lors de sa déclaration solennelle faite à l'occasion ...
CRISE DE LA JUSTICE COMORIENNE : POTENTIELLE VOCATION CONTESTATAIRE DES AVOCATS
Lors de sa déclaration solennelle faite à l'occasion des vœux de l'institution judiciaire devant Azali Assoumani, le président de la cour suprême de l'Union des Comores a dressé, avec raison, un tableau très critique et négatif de l'appareil judiciaire comorien et a relevé des dysfonctionnements notamment le problème de qualification et de niveau des auxiliaires de justice, des faits graves qui sont sans le moindre doute, à l'origine de toutes les formes d'injustices, des dénis de justice, des violations graves, répétées et tolérées des droits fondamentaux sans oublier les interférences à ciel ouverte du pouvoir exécutif dans des dossiers judiciaires.
Cette grave crise, devenue endémique, engendre des conséquences tels que l’affaiblissement de l’autorité judiciaire et le piétinement flagrant des droits fondamentaux.
C’est pourquoi, il faut prendre le mécontentement des avocats non pas comme une défiance, une réaction des membres du barreau contre le conseil de l’ordre de Moroni mais plutôt l’expression d’une profession connue pour son potentiel pouvoir contestataire dans un contexte d’autoritarisme où elle pourrait être le catalyseur et provoquer les grandes réformes souhaitées et voulues par les Comoriens. Rappelons que ce mouvement des avocats du barreau de Moroni fait suite à celui du barreau de Mutsamudu qui avait affiché son mécontentement contre les membres du conseil de l’ordre d’Anjouan.
L’initiative prise par les avocats de faire une marche et de déposer une motion auprès du ministre de la justice n’est que l’expression du malaise ressenti par tous les auxiliaires de justice qui officient aux Comores. Cette situation renforce plus que jamais la nécessité de tenir les états généraux de la justice, lesquels permettraient sans doute à ce corps malade de faire non seulement un diagnostic de ses graves dysfonctionnements mais également de dégager des solutions sérieuses pour y remédier durablement.
Dans tous les cas, il serait regrettable, voire condamnable, de se servir des dysfonctionnements actuels de notre justice dont les répercussions touchent notre profession, pour des règlements de comptes et pour assouvir des désirs personnels. Notre barreau est très jeune, il n'a pas encore une âme et souffre d'un déficit d’identité. Il nécessite par conséquent de grandes réformes que seuls les avocats, héritiers des valeurs et des vertus de cette noble profession, sont capables d’exiger et d’entraîner un mouvement démocratique susceptible d’aboutir au rétablissement de l’autorité judiciaire.
Le barreau de Moroni dont le rôle est très important dans l’affirmation de l’État de droit, le respect des droits fondamentaux et la garantie d’une justice efficace et indépendante au profit des justiciables doit tirer profit de l’engagement manifesté par les Comoriens pour le respect des droits et libertés individuelles. C’est dans ce sens que la marche et la motion remise au Ministre de la justice ne doivent et ne peuvent pas être traduites comme une action d'hostilité à l'endroit de l'autorité ordinale de notre barreau.
Said Larifou
Lors de sa déclaration solennelle faite à l'occasion des vœux de l'institution judiciaire devant Azali Assoumani, le président de la cour suprême de l'Union des Comores a dressé, avec raison, un tableau très critique et négatif de l'appareil judiciaire comorien et a relevé des dysfonctionnements notamment le problème de qualification et de niveau des auxiliaires de justice, des faits graves qui sont sans le moindre doute, à l'origine de toutes les formes d'injustices, des dénis de justice, des violations graves, répétées et tolérées des droits fondamentaux sans oublier les interférences à ciel ouverte du pouvoir exécutif dans des dossiers judiciaires.
Cette grave crise, devenue endémique, engendre des conséquences tels que l’affaiblissement de l’autorité judiciaire et le piétinement flagrant des droits fondamentaux.
C’est pourquoi, il faut prendre le mécontentement des avocats non pas comme une défiance, une réaction des membres du barreau contre le conseil de l’ordre de Moroni mais plutôt l’expression d’une profession connue pour son potentiel pouvoir contestataire dans un contexte d’autoritarisme où elle pourrait être le catalyseur et provoquer les grandes réformes souhaitées et voulues par les Comoriens. Rappelons que ce mouvement des avocats du barreau de Moroni fait suite à celui du barreau de Mutsamudu qui avait affiché son mécontentement contre les membres du conseil de l’ordre d’Anjouan.
L’initiative prise par les avocats de faire une marche et de déposer une motion auprès du ministre de la justice n’est que l’expression du malaise ressenti par tous les auxiliaires de justice qui officient aux Comores. Cette situation renforce plus que jamais la nécessité de tenir les états généraux de la justice, lesquels permettraient sans doute à ce corps malade de faire non seulement un diagnostic de ses graves dysfonctionnements mais également de dégager des solutions sérieuses pour y remédier durablement.
Dans tous les cas, il serait regrettable, voire condamnable, de se servir des dysfonctionnements actuels de notre justice dont les répercussions touchent notre profession, pour des règlements de comptes et pour assouvir des désirs personnels. Notre barreau est très jeune, il n'a pas encore une âme et souffre d'un déficit d’identité. Il nécessite par conséquent de grandes réformes que seuls les avocats, héritiers des valeurs et des vertus de cette noble profession, sont capables d’exiger et d’entraîner un mouvement démocratique susceptible d’aboutir au rétablissement de l’autorité judiciaire.
Le barreau de Moroni dont le rôle est très important dans l’affirmation de l’État de droit, le respect des droits fondamentaux et la garantie d’une justice efficace et indépendante au profit des justiciables doit tirer profit de l’engagement manifesté par les Comoriens pour le respect des droits et libertés individuelles. C’est dans ce sens que la marche et la motion remise au Ministre de la justice ne doivent et ne peuvent pas être traduites comme une action d'hostilité à l'endroit de l'autorité ordinale de notre barreau.
Said Larifou
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