Le problème, c’est vous. Oh! Qu’il est beau; votre baratin. Tout de même, c’est cette beauté appelée chez nous, celle du pamplemouss...
Oh! Qu’il est beau; votre baratin. Tout de même, c’est cette beauté appelée chez nous, celle du pamplemousse ou "wema wa sorondje". Cette beauté qui brille pour cacher le goût amer dont elle regorge.
Mais, si ce n’était qu’un chapelet de mots, on aurait feint un semblant de sourire pour les grappes de maux sortis de vos aveux de nouvel an. Merci de vous être soumis à la tradition, quand bien même pour souhaiter un bon rétablissement à vos victimes.
Ah! Que c’était sympathique de louanger le crépuscule à un moment où on se levait pour voir le soleil se lever. Mais, quel cynisme de parler avec magnanimité de plaies saignées de vos mains et de dire que dans votre esprit, ce sont des cicatrices à oublier.
Oublier? C’est difficile lorsqu’on est encore en plein châtiment. C’est comme ce père qui demande à son enfant d’arrêter de pleurer tout en continuant de le fouetter, et enfin, le culot de dire: qui aime bien, châtie bien. Un drôle d’amour qui faire souffrir.
Cependant, puisque nous ne voulions pas gâcher la joie supposée combler en quelques minutes les douleurs endurées en une année, nous vous avons écouté agrainer les mensonges de notre vie. Nous avons découvert en vous, une redoutable capacité à renverser l’ordre pour donner un sens au désordre. Et comme vous aimez bien l’entendre, coup de chapeau monsieur!
Nous avons entendu votre repentance avec la facilité impressionnante de saluer la diaspora devenue depuis quelques mois votre souffre-douleur. C’est un geste qui vous honore. Mais, dire en même temps que le sens qu’elle donne à la dictature, c’est l’arrestation éventuelle des vacanciers, est une grosse insulte à l’intelligence.
Puisque vous êtes sur le toit du déni de l’absolu, permettez-moi de vous rappeler quelques indicateurs de ce que la diaspora appelle dictature : il s’agit tout d’abord de la prise du pouvoir par la force, c’est ce que vous avez fait le 24 mars 2019. Il s’agit des arrestations arbitraires des opposants, c’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de procès politiques expéditifs, c’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de mise en résidence surveillée des leaders politiques qui s’opposent au régime. C’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de mettre les opposants sous contrôle judiciaire permanent. C’est ce que vous faites depuis deux ans.
Il s’agit des arrestations et de harcèlement des journalistes. C’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit du chamboulement des institutions pour les mettre au service d’un seul homme, c’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de s’accaparer des pouvoirs législatif et judiciaire. C’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de bafouer le droit de manifester et de réprimer les manifestations. C’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de piétiner la liberté de croyance, c’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit de fustiger les minorités et de les réprimer. C’est ce que vous faites depuis deux ans. Il s’agit des arrestations, emprisonnements,
tortures et exécutions sommaires des militaires et civils soupçonnés de refus de la dictature. C’est ce que vous faites faire depuis deux ans.
Me risquant de croire que ce rappel non exhaustif pourrait vous faire comprendre ce que la diaspora entend par dictature, il est permis d’espérer que vous allez vous excuser pour la légèreté de votre définition du concept. Que ce n’est pas l’arrestation des vacanciers dont vous vous êtes fait violence qui définit la dictature.
Encore un petit merci pour avoir osé dénoncer, sans ambages, l’autre mal qui ronge le pays. Il est évident que vous l’avez fait car cela atteint un stade fatal d’hémorragie, la corruption puisque c’est de celle là qu’il s’agit. Vous nous dites que vous allez engager une lutte sans merci contre elle. Bravo monsieur pour l’audace et la force de dire la vérité. Pour vous aider à faire les choses en beauté, c’est vous rappeler aussi où se situe la source du mal. C’est vous. C’est vous qui avez placé vos hommes de confiance dans les administrations publiques et dans les institutions financières pour vous servir.
C’est vous qui demandez aux dirigeants de ces institutions névralgiques de vous louer des avions pour voyager très fréquemment et inutilement avec vos suites. C’est vous qui exigez beaucoup d’argent pour vos cérémonies de propagande, vos festins d’allégeance, vos fêtes foraines, vos frais de transhumance et vos achats de conscience. Il se dit que le maintien à leurs postes dépend de leur agilité à vous servir. Dire que vous allez pouvoir vous priver de votre principale raison de sévir, c’est nous foutre un gros mensonge d’Etat.
Vous savez monsieur, nous avons cessé de croire à une quelconque humanisation de votre pouvoir. La seule consolation que vous pouvez nous promettre, c’est d’arrêter de nous prendre pour des imbéciles et d’assumer votre posture de dictateur.
Quant à la solution de notre problème, elle est en partie trouvée puisque ce problème, c’est vous. Merci pour les aveux et acceptez notre vœu : Mpaka Daula ya Haki.
Par Dini NASSUR
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