L’ANRTIC : SCANDALE NATIONAL L’Agence Nationale de Régulation des Technologies de l’Information et des Télécommunications, le régulat...
L’ANRTIC : SCANDALE NATIONAL
L’Agence Nationale de Régulation des Technologies de l’Information et des Télécommunications, le régulateur comorien a décidé de demander aux opérateurs télécoms des Comores d’augmenter leurs tarifs.
Un fait sans précédent dans le monde, ou au moins à ma connaissance. (je suis de très prêt toute l’actualité mondiale des TIC depuis plus de 20 ans).
Un scandale s’offusque légitimement l’ACTIC (Association des Consommateurs des TIC) qui a annoncé son intention de porter plainte. Le tollé est général dans les réseaux sociaux, le seul lieu d’expression libre dans le pays. Il faut dire qu’un des principaux rôle du régulateur d’un pays est de s’assurer que les prix pratiqués par les opérateurs ne sont pas prohibitifs, ne sont pas le résultat d’ententes illicites entre opérateurs.
Il faut en effet rendre universel (accessible à tous) l’usage des TIC, donc nécessité de prix raisonnables. Le taux de pénétration des TIC constitue aujourd’hui un des critères d’appréciation du degré de développement des pays. Et voilà que le régulateur pousse à l’augmentation des prix ; des prix déjà trop élevés par rapport aux autres pays de la région (voir les statistiques publiés par l’ACTIC). Ce qui est le contraire de son rôle.
Pourquoi une telle décision ubuesque de l’ANRTIC ? Comores Télécoms (CT) vendrait à perte, son existence serait donc menacée. CT c’est l’opérateur historique du pays, c’est un bijou de famille. Il faut donc le sauver !? Le problème concerne le comment.
Pendant des dizaines d’années, CT a bénéficié du monopole. Les consommateurs ont payé le matériel et les services aux prix les plus forts dans un rapport qualité/prix abominable. Et aujourd’hui, on veut faire supporter à ces mêmes consommateurs la gestion calamiteuse de cette société.
L’État avait fait de CT, sa poule aux œufs d’or y puisant des ressources à volonté et pratiquant des recrutements clientélistes au moment des élections. Pire l’État a créé une nouvelle société (Comores Câbles, CC) pour gérer le câble EASSY alors que l’investissement avait été entièrement assuré par CT. Plusieurs milliards de CT qui sont devenus l’actif de CC sans aucun retour vers CT. Mieux ou pire CT doit en plus payer à CC des frais d’usage du câble !?
Avec l’introduction d’une concurrence, ces pratiques insensées ont conduit à une situation intenable. D’autant que les derniers DG n’étaient pas à la hauteur des défis. Résultat CT s’effondre et risque de disparaître. Ce qui mènerait le pays vers un monopole privé inacceptable.
L’État et le personnel de CT doivent comprendre que des mesures draconiennes de redressement de CT sont absolument nécessaires. Il faut préserver la trésorerie de CT, pas de prélèvement arbitraire de l’État. Il faut mettre à niveau les taxes pour rendre la concurrence loyale. Il faut aussi réduire les charges. La question du personnel de CT est délicate mais elle doit être abordée en respectant les droits des travailleurs. Sans un traitement de choc, CT ne se relèvera pas. L’agonie se poursuivra.
Pour augmenter les revenus des opérateurs, il existe d’autres pistes que les tarifs. Des outils existent pour taxer les GAFA et répartir les revenus entre les opérateurs et l’État. J’en ai proposé un à l’ANRTIC via un de ses Directeurs puisque son DG n’accepte jamais de me recevoir. Bien évidemment pas de réponse.
Dans le pays, chacun sait que les sociétés d’État sont gérées comme des propriétés privées de ceux qui détiennent le pouvoir. Nomination des DG par le Chef de l’État et non par les Conseils d’Administration (inexistant dans beaucoup de cas) comme stipulés par la loi, pas de transparence dans la gestion, recrutement clientéliste, etc.
En tout cas la faillite annoncée de CT ne repose pas sur les consommateurs. Il faut donc se mobiliser derrière l’ACTIC et l’autre association des Consommateurs pour empêcher le forfait initié par le DG de l’ANRTIC. Les prix doivent plutôt baissés.
Idriss (26/11/2019)
COMMENTAIRES