A la quête de natio n que l'État comorien poursuit depuis l'accession à l'indépendance avec la question de Mayotte , vient s’...
A la quête de nation que l'État comorien poursuit depuis l'accession à l'indépendance avec la question de Mayotte, vient s’ajouter le grand projet de structuration de la diaspora que les comoriens de France portent depuis quelques années avec l’appui de l’Etat.
C’est alors pourquoi je me permets ici l'esquisse du débat concernant le lien entre Diaspora et Nation. Entre les comoriens de l'extérieur et ceux de l’intérieur. C’est un sujet capital qui concerne notre souveraineté politique, économique et culturelle.
Pourquoi établir un lien qui est à mes yeux évident entre la Nation comorienne et sa Diaspora ? Pourquoi militer pour un lien étroit et institutionnalisé entre l'État Nation et une structure unifiée de la Diaspora ?
Pour moult raisons. Mais j'en présente ici quatre:
Premièrement, parce que, comme la 4ème île (Mayotte) qui manque à la Nation depuis l’Indépendance, « la 5ème île» (les comoriens de l’Extérieur) n’est toujours pas institutionnellement rattachée à la Nation. Tant que ce lien institutionnel voire constitutionnel ne sera pas établi, les Comores ne constitueront pas le puzzle de son Etat nation. Nation qui doit être formée des comoriens de l’Intérieur, incluant Mayotte et les comoriens de l’extérieur.
Deuxièmement, les migrants comoriens n'ont jamais rompu leur attachement ombilical à leur patrie d'origine. Et ce quels que soient les pays d'émigration, quelles que soient les époques traversées depuis les premières vagues vers Zanzibar.
Troisièmement parce-que les comoriens de l'extérieur représentent une proportion importante (entre 30 et 45%) de l'Etat-Nation que nous ambitionnons de constituer avec le retour de Mayotte et avec la passerelle institutionnelle que j'appelle à édifier entre les comoriens de l'intérieur et les comoriens de l'extérieur.
Et cette passerelle institutionnelle serait une structure représentative et unitaire fédérant les forces associatives et fédératrices constituées des comoriens de l'extérieur. Il ne s'agit pas seulement d'un lien entre une structure unifiée de la diaspora avec l'État comorien. Je milite pour une structure fédératrice des forces actives de la diaspora avec l'État, bien sûr, mais avec la société civile également.
La quatrième raison, enfin, réside dans la participation de la diaspora comorienne -notamment de France mais pas seulement- dans l'économie nationale. Participation financière mais également apport d'expertises déjà avéré depuis ces quinze dernières années.
Voilà succinctement pourquoi l'État nation dans sa définition de communauté de destin, dans son acception d'un peuple ayant vécu une histoire commune, ne peut s'entendre sans sa diaspora. De même que l'Etat nation comorien ne recouvrera sa souveraineté qu'avec le retour de Mayotte en son sein.
Autrement dit, l'Union des Comores fondée par la déclaration d'indépendance du 6 juillet 1975 et les textes constitutionnels successifs - notamment la constitution de 2001 - n'accédera à son stade d'Etat nation authentique qu'avec le retour de la quatrième île autonome de Mayotte et avec l'établissement d'une passerelle institutionnelle et constitutionnelle entre les comoriens de l'intérieur comprenant la population de Mayotte et les comoriens de l'extérieur, c'est à dire sa diaspora.
Je voulais à travers cette entame d'un débat national singulier, souligner la profonde conscience prise par l'ensemble de la diaspora de France dans cette quête d'identité nationale. Car elle est intimement convaincue que les Comores ne pourront édifier sa Nation sans une institution reconnue et représentative de sa Diaspora. De même qu'elle sait que dans cette quête d'identité nationale elle n'est rien sans une reconnaissance pleine et entière par sa patrie de naissance pour les uns et patrie d'origine pour les autres.
C'est pourquoi la consolidation de l'Union et de son état de droit, va de paire avec le retour de Mayotte dans l'Union des Comores, bien entendu. Et c'est pourquoi la diaspora comorienne de France pour compléter le grand puzzle de l'Etat nation, elle s'est engagé depuis novembre 2013 dans un processus d'unification dont l'ambition première est de peser de tout son poids dans le développement de cette nation dont elle constitue un chaînon essentiel.
Une nation est une communauté de destin mais c'est aussi un peuple qui assume une histoire et une culture . Et l'histoire des Comores ne peut être dissociée de sa diaspora.
Cet attachement perpétuellement renouvelé depuis la diaspora de Zanzibar jusqu'à celle de France en passant par Majunga constitue un gage, si non un espoir pour que les générations nées hors des Comores ne cessent d'être l'autre partie essentielle de cette nation en devenir.
J'inscris ce débat dans un appel aux forces d'opinion, de la société civile à la classe politique, pour un soutien sans faille à ce processus unitaire de la diaspora comorienne de France.
Ce processus est en marche, et ce à tous les niveaux et à travers les principales catégories qui composent la diaspora comorienne de France.
Ce train est en marche y compris dans la sensibilisation de la classe politique mais aussi dans une implication morale sans précédent de la part des autorités de l'État comorien et des grandes collectivités territoriales comoriennes et françaises.
SAID HALIFA
PARIS
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