Les Malgaches sont de retour aux urnes lundi pour élire leurs députés, un scrutin aux allures de revanche cinq mois après le duel au cout...
Les Malgaches sont de retour aux urnes lundi pour élire leurs députés, un scrutin aux allures de revanche cinq mois après le duel au couteau qui a vu la victoire à la présidentielle d'Andry Rajoelina devant son éternel rival Marc Ravalomanana.
Affiches sur tous les murs, défilés de camions sonorisés, distributions de T-shirts à l'effigie des candidats, les rues de la capitale Antananarivo ont retrouvé depuis un mois une joyeuse ambiance de kermesse électorale.
Battu en décembre pour la magistrature suprême, Marc Ravalomanana s'est multiplié pour soutenir les candidats de son parti Tim, déterminé à gagner ce "troisième tour".
"Nous étions un peu déçus du résultat de la présidentielle mais il faut se lever maintenant", a-t-il harangué ses troupes en lançant début mai la campagne de son parti. "Nous sommes des gagnants et on ne se laissera pas abattre."
Même contraint à la retenue par ses fonctions, le chef de l'Etat a relevé le gant de ce combat par procuration en multipliant les inaugurations et les visites aux quatre coins de la Grande Ile, toujours escorté de candidats de sa coalition.
"Nous travaillons avec dévouement pour changer la vie des Malagasy et développer notre pays !", a tweeté cette semaine M. Rajoelina après un déplacement à Diego Suarez (nord).
Comme dans d'autres circonscriptions du pays, la course à la députation s'est résumée dans le 3e arrondissement de la capitale à un face-à-face entre les camps Ravalomanana et Rajoelina.
"J'ai été déçu que le président de notre parti n'ait pas remporté l'élection présidentielle", dit le candidat du Tim, l'homme d'affaires Feno Ralambomanana, "mais cette défaite nous a motivés pour aller décrocher une majorité à l'Assemblée".
"On a besoin d'une majorité pour assurer la stabilité et éviter une guerre politique pendant les cinq prochaines années", lui oppose son adversaire de la plateforme Rajoelina, la chanteuse et députée sortante Aina Rafenomanantsoa, dite Anyah.
- Risque d'instabilité -
En 2013, Hery Rajaonarimampianiana avait été élu à la présidence sans présenter de candidat aux législatives. Un temps soutenu par le parti d'Andry Rajoelina, son gouvernement n'a ensuite tenu que par la grâce d'une majorité hétéroclite de députés indépendants.
Lorsque le parti de M. Rajoelina s'est allié en 2018 à celui de M. Ravalomanana pour s'opposer aux nouvelles lois électorales, Madagascar a replongé dans une des crises dont l'île a le secret.
Après deux mois de manifestations de rues, les tensions se sont achevées par la chute du gouvernement, une présidentielle anticipée et... une humiliante défaite dès le premier tour d'Hery Rajaonarimampianina avec 8% des voix.
"Les Malgaches n'ont pas besoin de revivre ça", plaide la candidate du président Rajoelina.
Mais cette année encore, la pléthore de candidats indépendants rend improbable une majorité stable dans ce pays à régime semi-présidentiel. Ils sont près de 500 sur les plus de 800 qui briguent les 151 sièges de l'Assemblée.
"On risque de revivre l'ère Rajaonarimampianina. Les candidats indépendants peuvent remporter beaucoup de sièges (...) car beaucoup d'électeurs veulent sortir de l'emprise des deux camps Rajoelina et Ravalomanana", a anticipé auprès de l'AFP l'analyste Tohavina Ralambomahay.
"Une trop grande place des indépendants à l'Assemblée créerait des majorités à géométrie variable génératrices de corruption et d'instabilité politique", a-t-il mis en garde.
La campagne a d'ailleurs été secouée par la mise en cause, la semaine dernière, de plus de la moitié des députés sortants.
Le bureau de lutte anticorruption (Bianco) a transmis au parquet une liste de 79 élus accusés d'avoir reçu chacun l'équivalent de 12.500 euros de pots-de-vin en échange de leur promesse de voter les fameuses lois électorales de M. Rajaonarimampianina.
Les camps Rajoelina et Ravalomanana ont promis à leurs électeurs de rompre avec ces pratiques.
tm-pa/bed/jlb
Par Tsiresena MANJAKAHERY
AFP
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