Photo d'archives Notre sens du respect déconstruit toute forme d'évolution. Le respect des parents et des aînés est fondamental...
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Notre sens du respect déconstruit toute forme d'évolution. Le respect des parents et des aînés est fondamental dans nos sociétés traditionnelles mais aux Comores cette considération est élevée au-dessus de la justice et de la vertu.
Si une personne âgée commet une injustice ou un impair un jeune homme doit observer le silence, et ce n'est pas parce c'est déconseillé de corriger quelqu'un en public mais parce qu'un jeune ne peut pas répondre à un ainé même s'il a tort.
À Ngazidja celui qui a fait le grand-mariage a droit d'exprimer tout ce qu'il désire même contre la science et contre la morale ou même contre la religion, personne ne peut dire mot.
Un ministre ou un directeur notables deviennent intouchables, ils peuvent être coupables d'abus de pouvoir ou de détournement de déniers publics mais le traduire en justice c'est s'attaquer à la haute hiérarchie coutumière; et si le fonctionnaire coupable n'est pas un notable mais il est le fils d'un notable ou le fils d'un village.
Tu peux avoir tes connaissances ou ta richesse mais rien de cela ne t'élève au rang "d'homme mûr" et ton opinion n'est pas compté dans la communauté, tu pourras t'exprimer dans l'administration ou dans tes magasins; comment donc un homme handicapé dans sa personnalité peut-il être productif dans ses fonctions?
Certes à Anjouan, à Moheli et à Mayotte la notion du respect n'a pas les mêmes dimensions qu'à Ngazidja, mais l'influence de cette dernière est déterminante en ceci qu'elle est le lieu central des activités administratives.
Comment on peut donc évoluer dans un pays où une partie dominante de la culture consiste à obéir aux grands même s'ils ont tort, où dire non est une impolitesse, une partie où les inégalités et les discriminations ne sont pas une injustice mais une règle où on vous rassure que "c'est ici que vous venez, et vous aussi vous allez le faire à d'autres"
Peut-on songer à une révolution politique tout en s'attachant à des traditions aussi régressionistes?
En Islam, la religion la plus achevée, Dieu a établi pour le Prophète Muhammad et les musulmans la culture du respect et de l'obéissance associés à la justice, à la vertu et à la piété; toute réforme ou toute révolution économique aux Comores doit être précédée d'une réforme ou d'une révolution culturelle; et sur ce point, Ali Soilihi avait parfaitement raison; pour une fois, allons-nous raisonner?
Muhammad Soidrouddyne Hassane
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