Photo d'archives Autrefois, dans notre enveloppe sociale. Nos ancêtres avaient-ils le sens de l'économie du partage? L’...
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Autrefois, dans notre enveloppe sociale.
Nos ancêtres avaient-ils le sens de l'économie du partage?
L’économie du partage devient les nouveaux modes de consommation dans les pays développés de système capitaliste à la recherche des modèles alternatifs. Elle consiste à permettre de partager entre consommateurs l’usage ou la consommation de produits, équipements ou services. Ce partage peut être gratuit ou payant et l'objectif n'est pas d'optimiser la consommation mais, de générer des revenus. Ce système était de fort usage dans les cités comoriennes depuis belle lurette.
L’ activité humaine visait à produire de la valeur en commun qui reposait sur des formes d'organisation du travail et d'échanges pour une société du partage. Ce qui comptait, ce n'était pas la la capacité de possession mais la dynamique d'usage par un système de mutualisation des biens, des espaces, des outils et des savoirs.
Ce n'était pas, non plus, à des buts de cumulation de richesse mais, d'utilité sociale.
Pour l'organisation du travail, le système le plus pratiqué reposait sur le mdranda qu'on peut traduire par "entraide " appelé aussi Mhono wa hazi ( main de travail ), une organisation proche du système coopératif. Même si à l'origine, c'était pour l'activité agricole, la pratique s'était répandue sur les autres activités productives, les infrastructures et les travaux d'entretien et de maintenance.
En ce qui est des services, l'on faisait recours aux biens communs qui comprenaient, à la fois, les outils, les espaces et les personnes.
Des outils comme les moyens de production et des récoltes: guli ( moulin à canne à sucre ), bwe la utahaniya ( broyeur de maïs ), mbuni ( tapis de récolte), wembe ( lame à raser), shinu na mileva ( mortier et pilons )
Des espaces comme nkanywa ( grenier sur pilotis), madzitso ya madji na zisima ( sources et points d'eau ), paya la dahoni, (cuisine), paya la shiyo ( école ), paya la mdji ( abris communautaire )....
Des personnes détentrices de savoir : sarumaya ( artisan), mdruma saya ( chirurgien/circoncision ), mwadja ngalawa ( constructeur de pirogues ), mtsihitsa mkabaya ( confectionneurs de cordes), mtsihisa msi ( confectionneur de tabac), fundi ( enseignant ), mwalimu ( guérisseur ), mzalisadji ( matrone), mbasuzi ( boucher)...
Tous ces acteurs concouraient par des algorithmes impressionnants d'utilité sociale à volonté pour le fonctionnement et le développement de la cité.
Dans ce système de partage, le domaine d'activité le plus emblématique est le secteur de la micro finance. Il a été soigneusement conçu et pratiqué une structure diversifiée de financement qui a traversé les temps jusqu'à nos jours.
Le mtsango, une sorte de levée de fonds au profit des membres adhérants, et à tour de rôle, pour répondre à des besoins de financement.
Le madjiliyo, une forme d'apport d'argent ou des valeurs matérielles en cas d'événements majeurs.
Le mkopesho, une volonté de prêts avec remboursement sans intérêts
Le macuzo, une contribution volontaire de soutien à des troubadours, des griots ou des chanteurs.
À penser que nos ancêtres pratiquaient l'économie collaborative et/ou du partage et que d'autres sociétés sont aujourd'hui entrain d'expérimenter en nouveaux modèles appelés mutualisation, uberisation ou co je ne sais quoi, cela vaut la peine d'un détour vers le passé.
Par Dini Nassur
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