Pendant la douloureuse crise séparatiste, au moment où "l'Etat" d'Anjouan se croyait parvenu, j'ai été interpellé à...
Pendant la douloureuse crise séparatiste, au moment où "l'Etat" d'Anjouan se croyait parvenu, j'ai été interpellé à l'aéroport de Wani et placé dans un bureau de la PAF.
J'ai demandé à l'officier en poste pourquoi on m'arrête.
- Parce que vous êtes entré illégalement chez nous, sans visa.
- usiniteza shihere wawe? Visa ya ntrini?
- vous êtes un étranger Monsieur Nassur.
- kulishi malambe yaho? Labda mgeni nde wawe. Wami mkomori da.
L'officier s'est dangereusement énervé que je lui réponde en shikomori en présence des conseillers mzungu venus de Mayotte accompagner le séparatisme.
S'ensuit un dialogue de sourds, lui en français avec un accent forcé de midi et moi en shikomori avec un accent corsé de Nyumakele.
Voyant l'antagonisme s'exacerber, le conseiller mzungu intervient en tentant de me raisonner.
- Voyons monsieur ! C'est tout à fait normal que le responsable de la PAF vous demande d'être en règle. Donnez moi votre passeport pour vous trouver un visa.
Je n'avais pas de passeport et celui-là commençait à m'énerver, lui aussi.
Je lui cogne une réplique.
- Eh de quoi je me mêle ? Vous êtes qui vous?
De passage à l'aéroport, un ancien collègue qui craignait que la situation ne dégénère me conseille d'appeler mon ami Abdallah Mohamed pour arranger la situation. Il m'apprend que c'est Abdallah qui est l'idéologue du séparatisme, qu'il est l'homme fort de l'Etat Anjouan. Lui, le haut fonctionnaire du Ministère comorien des affaires étrangères ?
On m'a escorté manu militari jusqu'aux escaliers de l'avion.
L'histoire a écarté Abdallah Mohamed de la gouvernance d'Anjouan jusqu'à ce que le président Azali le nomme administrateur de l'île à la place du gouverneur élu.
J'espère qu'il ne va pas me demander de visa.
Par Dini Nassur
Par Dini Nassur
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