La littérature comorienne ne cesse de remplir les rayons des librairies et tout le plaisir est pour nous. L’une des plumes les plus lues ...
La littérature comorienne ne cesse de remplir les rayons des librairies et tout le plaisir est pour nous. L’une des plumes les plus lues de notre pays, Dini Nassur vient de publier deux ouvrages de styles différents, un recueil de poèmes et un recueil de contes.
Dini Nassur est parmi les écrivains comoriens les plus lus en France. Son œuvre témoigne d’un réel talent littéraire, et son époque lui reconnait une place certaine dans le monde des lettres françaises. C’est à Marseille que sa carrière d’écrivain se développe, abordant tour à tour différents genres littéraires : roman et poésie. Son œuvre démontre une excellente maîtrise de la langue française, un vocabulaire riche et précis ainsi qu’ une poétique distinctive.
L’une des équipe de Mariama Gazette l’a rencontré à Marseille avant la tenue de sa conférence- dédicace du 5 août 2018 à Paris.
MG: Bonjour Dini Nassur et merci d’avoir accepté cette interview. Vos derniers ouvrages semblent plomber la conscience populaire de votre pays. Est-ce le cas?
DN. “ Je vous remercie pour cette exposition auprès de vos lecteurs. Je pense que tout ouvrage littéraire est porteur d’un message venu à point nommé de l’histoire. Mna Madi le burlesque se positionne en rétroviseur tandis ce que Mots et Maux d’ailleurs, autant le dire autrement se situe dans une direction.”
MG. L’un et l’autre se valent mais, parlez nous d’abord de Mna Madi. La coïncidence avec la situation actuelle n’est elle pas de mise?
DN. “Mna Madi est un personnage très emblématique dans les contes comoriens. La comptine « ye mfa Mna Madi tsiyariwuwa, hariwuwa sontsi bo nanyawe » [next] qui veut dire, que disparaisse Mna Madi qui nous a eu, ils nous a tous eu les amis, c’est toute une histoire qui a marqué les esprits. Mna Madi a passé son temps à bluffer la communauté en la faisant croire que c’était pour le bien commun.” Au final, c’est pour tirer toute la couverture sur lui et les gens se rendent compte après être tournés en bourrique.
MG. Dans les 21 épisodes de l’ouvrage, il se lit une chronologie frappante de la situation actuelle qui prévaut au pays. Mna Madi ne serait-il pas la gouvernance du moment ?
DN. Ce qui fait le charme d’une intrigue, c’est justement le fait de l’étaler à travers les époques et les événements. Il existe un lien intime entre l’auteur et son époque de création. On ne peut pas lire le passé sans regarder le présent et s’interroger sur le futur. Je laisse donc au lecteur la liberté de voyager dans le temps et de comparer dans l’espace.
MG. Dans le dernier épisode, c’est une femme qui prend le pouvoir et qui capte la confiance de la communauté. Est-ce votre part de la fiction ou une force de conviction intime?
DN. “ Je suis de ceux qui croient que les femmes ont les mêmes droits que les hommes et que ce serait tout à fait normal qu’une femme soit présidente de la république. Reste à savoir que la bonne gouvernance n’est pas une question de genre mais de projet cohérent, fédérateur et porté par une dynamique collective. C’est un choix politique autour d’un idéal mobilisateur de nature à impacter la société pour le changement.”
MG: Pour finir, un mot pour Mots et Maux d’ailleurs ?
DN. “C’est un recueil de poèmes et comme la poésie est la manifestation des sentiments, je voulais exprimer l’amour que chacun et chacune de nous portent au cœur pour notre pays et pour la beauté de l’humanité.”
MG. Merci Dini Nassur. A bientôt.
Propos recueillis par AKF, MI / Juillet 2018 ©MARIAMA GAZETTE
COMMENTAIRES