Ces dernières années, avec toutes les formes d’instabilités politiques et économiques auxquelles le monde a été confronté, nous avons ent...
Ces dernières années, avec toutes les formes d’instabilités politiques et économiques auxquelles le monde a été confronté, nous avons entendu les termes « liberté » et « démocratie » à maintes reprises. Ces concepts ont été employé comme alibis, pour des changements politiques majeurs au sein d’Etats souverains, tels que l’Irak, l’Afghanistan, la Lybie, la Tunisie, l’Ukraine etc…
Ceci pour dire que l’emploi de ces mots dans la géopolitique, peut servir de couteau tranchant ou de bouclier, selon qui les emploie et le moment. De toute l’histoire de l’Humanité, il est à se demander s’il a existé une période similaire à celle que nous vivons, où des changements politiques majeurs peuvent frapper un pays, de manière très rapide, sans forcément d’intervention militaire. Les premières personnes à être touchées par ces évènements sont indubitablement les populations. En outre, que les conséquences soient négatives ou positives, les populations sont les premières concernées. Ces conséquences ne touchent pas uniquement les populations locales, mais aussi celles de pays voisins et environnants. Plus que jamais, l’engagement politique des populations est nécessaire pour rester maître de leur avenir. C’est ainsi que la notion de « démocratie » prendrait tout son sens.
Nous pouvons définir succinctement la «politique » comme étant l’art de gérer et d’organiser la vie en société de l’Homme. Quant à la notion de « liberté », il existe une vaste littérature à ce propos, mais nous pouvons la définir comme étant le fait de pouvoir agir selon ses propres aspirations en tant qu’individu, sans contrainte extérieure. La notion d’ «engagement » va au-delà de la notion d’intérêt. La notion d’ «engagement », qui peut s’apparenter à la « promesse », dépasse la notion d’ « intérêt » (le fait de s’intéresser à..) de par les idées de contrôle ou de vérification qui sont implicitement incluses. En effet, à un moment ou à un autre, il sera possible ou nécessaire de vérifier pour ne pas dire « rendre compte » de cet [next] engagement. Ce concept d’engagement, qui englobe cette idée de rendre compte, est de plus en plus ignoré par ceux qui accèdent au pouvoir.
Les Comores n’échappent pas à ce constat. C’est ainsi que les différents gouvernements se succèdent, sans forcément laisser une situation positive. Plus que jamais, la population doit rester vigilante, en s’engageant activement, afin d’être en mesure de demander des comptes aux gouvernants. La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir. Pour avoir la capacité de choisir, il faut s’engager.
Les différentes façons de s’engager
Il existe différentes façons de s’engager en politique tout comme il n’y a pas de moment propice pour le faire. En effet il n’y a pas d’âge pour s’engager, dès l’instant où la personne est intellectuellement capable. Construire le monde de demain sans impliquer la jeunesse d’aujourd’hui, c’est prendre le risque d’être confronter à un cul-de-sac, tôt ou tard. Nous pouvons répertorier les différents niveaux d’engagement politique comme suit :
- - L’adhésion : au-delà de soutenir tel ou tel mouvement ou telles idées, l’adhésion est le fait de donner la possibilité d’être identifié comme étant membre de cette organisation. C’est tout simplement le fait d’être identifié dans les statistiques du groupe que l’on soutient, avec un rôle plus ou moins actif.
- - Le militantisme : au-delà de l’adhésion, c’est le fait d’agir et de contribuer au développement des idées du mouvement que l’on soutient.
- - Le vote : le fait de soutenir dans les urnes les idées que l’on soutient.
- - La candidature : le fait de se porter porte-parole des idées et des valeurs que l’on défend, dans les différentes organisations et institution Etatiques ou du parti lui-même.
- - La conformité : oubliée de tous, c’est le fait de rendre compte de la gouvernance, de vérifier que les actions des candidats une fois au pouvoir, ont bien été en ligne avec les propositions et idéaux défendus par ces derniers, avant et pendant la campagne. La population dans sa globalité, a le devoir de le faire, si elle ne veut pas se faire leurrer indéfiniment. Cependant, combien de personnes se font élire aux Comores, sans aucun programme ni projet de société ?
Les objectifs de l’engagement
En règle générale, l’engagement politique trouve sa source dans [next] le fait de vouloir changer une situation qui ne convient plus, afin de défendre le peuple auquel nous appartenons. Le niveau de changement politique dans le pays, dépend de plusieurs paramètres, mais surtout du nombre de citoyens qui assimileront que nous sommes tous responsables de la construction de notre avenir. Il est préférable de s’investir pour l’orienter vers un projet favorable plutôt que de le laisser suivre un cours fataliste. A contrario, vous aurez une partie de la population, qui choisira de rester dans le fatalisme, et laisser le champ libre à qui le souhaite de diriger le pays à sa guise. Concernant les Comores, nous sommes à la phase ascendante de l’engagement politique. Cela s’illustre par une multiplication des initiatives de groupes de réflexion, et autres partis politiques , qui ont abouti à un nombre record de 25 candidats lors des dernières élections présidentielles de 2016.
Les préalables de l’engagement
Cependant cet engagement politique doit être accompagné de préalables, qui permettront aux citoyens de faire leur choix en connaissance de cause. Ces clés de compréhension doivent être données idéalement par l’Etat, les partis politiques eux-mêmes et les journalistes. La connaissance minimale concerne les sciences humaines du pays (histoire, économie etc..), incluant les fonctions régaliennes, ainsi qu’un certain niveau de culture général sur l’environnement plus ou moins lié au pays. C’est cette connaissance minimale qui donnera une certaine compréhension des enjeux à la population, ce qui lui permettra de faire des choix justes. Cet effort de donner les clés de compréhension de la situation, constitue la première étape de lutte contre les corruptions (intellectuelles et matérielles). C’est en comprenant les enjeux que les populations auront une plus forte propension à s’engager pour défendre leurs propres intérêts.
De la responsabilité de la diaspora
Il est difficile de parler de la politique des Comores sans faire référence à la diaspora, de l’évolution de celle-ci. Mon postulat est que la première vague de la diaspora, antérieure aux années 1980, était constitué d’intellectuels, d’étudiants, animés de la même soif, à savoir se forger une certaine richesse à l’étranger (intellectuelle ou matérielle) dans le but de faire un retour définitif au pays pour une action politique globale. Certes, la situation géopolitique internationale favorisait une telle situation, avec les décolonisations, les volontés d’indépendance et d’auto-détermination des peuples. Les vagues suivantes de la diaspora, sont constituées majoritairement de travailleurs, ayant pour objectif principal l’installation en France, avec quelques voyages sporadiques au pays, [next] dans le but d’y réaliser des projets individuels. Contrairement à la première vague de la diaspora, les suivantes sont très peu politisées. Etant peu politisée, le pouvoir central aux Comores s’y intéresse peu. Ce qui constitue un paradoxe. En outre, aujourd’hui la diaspora se complète, pour ne pas dire se substitue au pouvoir central :
- - contribution à hauteur de 60% du budget national
- - Réalisation de projets de développement
- - Fait office d’organisme social puisqu’elle comble financièrement les besoins des membres de la famille restée au pays
- - Etc…
Cette situation ne risque pas de changer de sitôt, tant que la diaspora ne se prendra pas en main elle-même, à une échelle supra-villageoise, et tant qu’elle ne se politisera pas davantage. D’autant plus que nous avons une nouvelle reconfiguration de celle-ci, qui renforce encore un peu plus le besoin de se politiser afin de ne pas laisser perdurer une telle situation :
- - Exode massif ces dernières années, qui renforce et rajeunit la diaspora
- - Diaspora un peu plus disparate, et qui n’est plus exclusivement concentrée en France
- - La diaspora elle-même commence à rencontrer quelques difficultés (économique, politique, sécuritaire, etc..) qui vont l’amener à se questionner sur son sort
- - Etc…
Cependant, il y a quelques signes, qui annoncent peut être une lueur [next] d’espoir, dans l’engagement politique des uns et des autres :
- - La multiplication des groupes et partis politiques à l’échelle nationale : n’en déplaise à certains, c’est un signe qui ne trompe pas quant à la volonté de la population à s’engager afin de faire évoluer les choses dans le bon sens.
- - La création de mouvement politique basé à l’étranger : ces mouvements auront comme défi de se fédérer afin de se constituer en une force politique et de créer une passerelle avec ceux qui sont aux Comores, pour maximiser leur efficacité.
- - Le fait de retrouver plusieurs cadres issus de la diaspora dans l’équipe d’AZALI est un autre signe qui ne trompe pas.
- - Les élections de Français d’origine Comorienne, à différentes échelles de la structure étatique de la France constitue là, un véritable tournant, qui indique que très prochainement, les Comores seront dirigées par un groupe majoritairement issu de la diaspora.
Enfin, il faut souligner qu’aucune réforme organisationnelle ou institutionnelle n’aura de résultat sans une prise de conscience collective et d’une réforme personnelle quant à notre comportement en rapport avec autrui en particulier et l’Etat en général.
Par Bendjadid Ahamed
Par Bendjadid Ahamed
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