Au regard de l’histoire du monde, la jeunesse a toujours constitué une force inépuisable n’ayant jamais eu peur de l’inédit ni de la mode...
Au regard de l’histoire du monde, la jeunesse a toujours constitué une force inépuisable n’ayant jamais eu peur de l’inédit ni de la modernité. Les révolutions, les changements et les résistances ont toujours été menés et soutenus par les jeunes gens, qui ont parfois sacrifié leur vie pour l’intérêt de la collectivité.
Cette catégorie sociale, comme l’a déjà écrit le philosophe franco-burundais, Nestor Bidananure, « sait rompre la routine et le pessimisme plat qui veut faire admettre l'oppression et l'injustice comme des fatalités ».
L’ex-président Ali Soilihi disait : wo ushababi ndo ahaku ya utrendeya siyasa ya ufwakuzi, « la jeunesse est la plus apte à conduire la révolution ».
Les jeunes furent présents dans tous les bouleversements de l'histoire de l'humanité. Ils incarnèrent l'héroïsme au côté de Simon Bolivar, de José Marti, d’Augusto Sandino, de Toussaint Louverture. Ils furent du côté de Nwame Nkrumah, de Patrice Lumumba, de Nelson Mandela, De Julius Nyerere pour l'indépendance et la dignité des peuples. Ils furent au cœur de la révolution américaine et de la prise de Bastille en France. Quand le fascisme arriva en Europe, ils furent parmi des millions d'hommes et de femmes à donner leur vie pour le droit de tous les hommes à la liberté.
Dans l’archipel des Comores, jusqu’à une époque très récente, des jeunes avaient fait preuve d’engagement fort pour l’unité et l’intégrité du pays. Que l’on se rappelle très bien, le combat pour l’indépendance n’aurait pas été gagné sans l’implication [next] de la jeunesse comorienne, qui, à l’époque avait créée des organisations indépendantistes comme le Molinaco.
Qui ne se rappelle pas aujourd’hui D’Ali Soilihi Mtsachiwa, d’Ahmed Ali Mbalia, ou d’Aboubacar Boina pour ne citer que ceux-là. Avec leurs camarades, ils ont montré avec vivacité et courage l’amour qu’un jeune comorien devait porter à l’égard de son pays.
Sous le régime d’Abdallah et des mercenaires, l’ASSEC autour de Moustoifa Said Cheikh et autres jeunes, l’OJC(Organisation de la jeunesse comorienne) principalement constituée de jeunes soilihistes, avaient refusé de se plier à la dictature, et, de différentes manières, se sont battus jusqu’au bout.
Cette époque-là diffère largement, hélas, de la nôtre où la jeunesse est devenue objet de manipulation politique. Et on a tort de croire que c’est sur la pauvreté et l’ignorance que cette manipulation prend racine.
Regardons ce qui se passe aujourd’hui ! Qui soutient aveuglement le régime d’Azali qui se rend coupable chaque jour de dérives autoritaires, de violations du droit et des principes démocratiques ? Ce sont des jeunes hautement diplômés et qui ont vécu dans les grandes démocraties du monde. Ils courbent l’échine et obéissent comme au régiment à un président autocrate démophobe. Le comportement de ces jeunes communément appelés « cadres » [next] poussent plus d’un à s’interroger. On découvre chez eux une absence abyssale de culture et d’engagement durable.
Ils se sentent aimés, valorisés et convoités par les fossoyeurs du peuple. Et eux, par manque de lucidité, de confiance et de convictions se comportent en matérialistes qui se contentent du monde qui leur est donné, pour reprendre tout simplement la formule Nietzschéenne.
Or, comme l’a encore bien expliqué Nestor Bidananure, « Ceux qui refusent le droit des autres hommes à la justice et à la dignité et imposent la dictature, tapent à la porte de la jeunesse, car ils savent que leurs idées de domination ne sauraient aboutir sans un appui de la force la plus active de la société ».
Ce n’est donc pas un hasard si certains dirigeants fascistes, populistes ou fanatiques ont pu enrôler dans les rangs de leurs adeptes des jeunes gens intelligents. Seulement, la perte n’est jamais du côté des stratèges qui, au moins ne cachent pas leurs objectifs, mais du côté de la nouvelle génération qui sacrifie son originalité, son indépendance, et son désir de construire un autre avenir.
Il conviendrait donc rappeler à la jeunesse comorienne que si notre pacte social est attaqué, nos valeurs communes remises en cause et notre jeune démocratie bafouée avec cette violence inouïe, notre rôle, notre devoir est de les défendre. Sinon, nous ne serions plus des jeunes cadres, mais plutôt cadrés.
ALI MMADI, ex-journaliste et porte parole du parti Al-Qamar
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