Il y a cinquante ans, personne ne pariait sur la croissance de ce petit territoire perdu au milieu de l’océan Indien. Aujourd’hui, son éc...
Il y a cinquante ans, personne ne pariait sur la croissance de ce petit territoire perdu au milieu de l’océan Indien. Aujourd’hui, son économie prospère séduit de nombreux cadres supérieurs et retraités fortunés – notamment français.
En 1968, année de l’indépendance de l’île Maurice, peu de gens prédisaient un avenir économique prospère à ce territoire perdu de l’océan Indien, rapporte le Financial Times. James Meade, Prix Nobel d’économie, écrivait dans les années 1960 :
Ce serait une grande victoire pour l’île Maurice si celle-ci créait des emplois capables d’augmenter sa productivité sans pour autant réduire son niveau de vie actuel. Mais cet espoir de développement pacifique est faible.”
Charles Robertson, économiste en chef de la banque d’investissement Renaissance Capital, explique que les experts craignaient les conséquences de “la diversité ethnique” des habitants et soutenaient que le territoire “n’a[vait] rien à offrir à personne” du fait de l’absence de ressources naturelles.
Une croissance économique stable depuis quarante ans
Pourtant, cinquante ans plus tard, l’île Maurice est au sommet de sa forme économique. Son Premier ministre, Pravind Jugnauth, est fier d’annoncer que le pays n’a [next] pas connu de période de récession “depuis trente-sept ans”, battant les records du monde jusqu’ici détenus par les Pays-Bas – vingt-cinq ans – et l’Australie – vingt-six ans.
Depuis son indépendance, ce petit État anciennement colonisé par les Pays-Bas, la France puis le Royaume-Uni, a progressivement transformé son économie. Basée dans un premier temps sur la culture de la canne à sucre, l’industrialisation des années 1970 a contribué à diversifier la production, en particulier à travers le textile et les exportations. Les indicateurs de développement humain (IDH) se sont ensuite largement améliorés. Le taux d’alphabétisation a ainsi dépassé les 70 %, ce qui a permis de développer, dans les années 1980 et 1990, un solide secteur de services financiers, disposant d’une main-d’œuvre qualifiée.
Aujourd’hui, beaucoup d’investisseurs s’y installent
De plus en plus de banques internationales envisagent donc de s’installer à Maurice, délaissant l’Afrique du Sud au profit d’une “règlementation plus attractive”et de “l’absence de contrôle sur les échanges”, indique le directeur de développement Ian Matthews, de Bravura, une banque d’investissement internationale présente sur l’île. Régulièrement montrée en exemple au reste de l’Afrique, Maurice jouit désormais de l’un des produits intérieurs bruts (PIB) par habitant les plus élevés du continent : 9 794 dollars [8 468 euros] l’année dernière, contre 4 529 dollars [3 916 euros] en 1980.
Le “miracle mauricien” a tout pour plaire aux investisseurs étrangers, rassurés en outre par la stabilité politique du pays. Traversant une grave crise démographique, l’île profite de l’engouement engendré par sa croissance pour favoriser l’immigration de cadres ou de retraités fortunés, notamment français – ils seraient près de 10 000 expatriés.
Mais cette opération de séduction a ses limites. Principalement intéressé par les capacités financières des immigrants qu’il accueille, le gouvernement mauricien exige d’eux qu’ils justifient d’un minimum de capitaux ou de revenus pour bénéficier d’un permis de résidence, voire d’investir 1 million de dollars [866 000 euros] pour obtenir la citoyenneté…
AUTEUR
Steve Johnson
Rédacteur en chef adjoint de la rubrique “marchés émergeants” [“EM Squared”] du Financial Times.
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