De la priorisation des actions de l’Etat

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De la priorisation des actions de l’Etat  Aujourd’hui, avec la mondialisation et les défis économiques, le rôle de l’Etat est de plus ...

De la priorisation des actions de l’Etat 

Aujourd’hui, avec la mondialisation et les défis économiques, le rôle de l’Etat est de plus en plus discuté. Au-delà du rôle de l’Etat, nous parlons de plus en plus de la « moralisation » de la politique. Pour les Comores, tous ces sujets sont cruciaux, mais vu l’urgence de la situation et les actions entreprises par le gouvernement en place, il est aussi nécessaire de réfléchir sur la priorisation des actions de l’Etat. 

Il existe plusieurs attributs de l’Etat, mais nous nous attarderons sur le fait que c’est un territoire délimité par des frontières et régi par des lois qui lui sont propres. Il désigne également une personne morale de droit public instituant ses lois et garant du bien-être de ses habitants. 

Sur cette base, nous pouvons dire que c’est l’Homme, qui constitue l’Etat, aussi bien dans sa forme, dans sa gestion que dans son incarnation. C’est ainsi que l’image et la crédibilité de l’Etat sont portés par les actions des hommes et des femmes qui composent l’administration, le gouvernement et les autres appareils étatiques. Cette entité morale est de fait composée de toutes ces personnes, qui devraient avoir comme priorité première, le fait de garantir le bien être du reste de la population. 

Cette garantie du bien-être de la population doit animer l’esprit et le comportement de chacun et cela doit se traduire par plusieurs axes principaux : 
  • Le fait de chercher en permanence à montrer l’exemple 
  • Le fait de systématiquement mettre l’individu au centre des projets 
  • Le fait de mettre l’intérêt du groupe au-dessus de l’intérêt individuel 
  • Développer le sens du retour sur investissement 
Ce sont ces notions qui aujourd’hui font cruellement défaut à la gestion de l’Etat Comorien. 

Le premier axe s’illustre de par le contraste entre les[next] dernières générations et celles qui ont dirigés le pays jusque dans les années 1990. En outre, les pères de l’indépendance et ceux qui ont dirigé le pays par la suite, jusqu’à Mohamed TAKI, se distinguaient de par les faits suivants : 
  • Ils s’étaient construits eux-mêmes avant de chercher à briguer les hautes fonctions de l’Etat. Cette construction était à la fois, intellectuelle, matérielle mais aussi en terme d’expérience. Ce qui pouvait leur conférer une certaine assise intellectuelle qui influait sur leur comportement, souvent à la quête de la bienséance. 
  • L’intérêt du groupe et la réussite de la nation était leur objectif principal, de tel sorte qu’ils étaient capables d’user de leur propre richesse matérielle personnelle pour le bon fonctionnement de l’Etat. Cet amour de la patrie et la recherche permanente de la sauvegarde de l’intérêt général au détriment de leur propre intérêt individuel en a conduit plus d’un à sacrifier sa propre vie. 
  • Ils faisaient de la politique pour servir la population et non pas pour s’enrichir. Aujourd’hui, l’Etat Comorien est devenu une entreprise privée, dont les actionnaires changent tous les 4 ou 5 ans. C’est ainsi que le président des Comores est aujourd’hui un des mieux payé du continent Africain. Les directeurs de certaines institutions et autres sociétés d’Etat ne se cachent même plus pour afficher leur vol. C’est juste une hérésie pour ne pas dire une honte. 
Le second axe, consiste à remettre l’individu au centre des projets de l’Etat, afin de maximiser l’intérêt du groupe au détriment de l’intérêt individuel. En outre, ce sont les aspirations et les préoccupations quotidiennes, à moyen et long terme, de la population qui doivent tracer le chemin des actions de l’Etat. En effet l’Etat a pour objectif principal de répondre à ces problématiques afin de maximiser le bien être de sa population. 

Un Etat qui se veut en tant que tel, devrait se questionner sans cesse pour savoir comment parvenir à satisfaire ces besoins ? Il existe différentes théories pour les hiérarchiser. Ainsi nous avons les besoins d’éducation ; de santé ; de préservation et de mise en exergue de la raison (intellect) ; du développement et de la protection du patrimoine ; de la protection de la famille ; ainsi que la protection de l’honneur, qui pour un Etat peut être assimilé [next] au patriotisme et à son image à l’étranger. Dans une autre approche, nous pourrions définir les préoccupations de la population en référence à la pyramide de Maslow, qui définit l’individu comme ayant les besoins chronologiques suivants : de survie ; de sécurité ; d’appartenance ; de reconnaissance ou d’estime ; et de réalisation de soi. 

Bien entendu, plus l’Etat en question sera émancipé et plus il étendra son champs d’action afin d’assoir sa grandeur et son prestige aux échelles, nationale, régionale et internationale. Mais aujourd’hui, pouvons-nous qualifier l’Etat Comorien d’Etat émancipé ? Au contraire, à bien des égards, les Comores n’ont-ils pas rétrogradés ? Cette décadence de l’Etat n’implique-t-il pas un retour aux fondamentaux dans la gestion de l’Etat et une concentration des rares ressources à la protection et au développement de l’individu? 

La communauté internationale s’est dotée d’un outil de mesure permettant de mesurer le développement d’un pays, non pas au niveau des infrastructures, mais de l’individu, à savoir l’Indice de Développement Humain. L'indice de développement humain (IDH) est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour évaluer le niveau de développement humain des pays du monde. En moyenne, par extrapolation, l’IDH des pays Africains en 1975 était de 0,42. Concernant les Comores, comme nous pouvons le constater dans le graphique ci-dessous, il est passé de 0,46 en 2005 à 0,48 en 2016. Aujourd’hui, nous pensons que l’indice 2017 serait autour de 0,5.
Malgré un semblant de croissance de cet indicateur de 0.08 points, en 43 ans d’indépendance, ce n’est pas trop nous avancer que de dire que le pays fait du sur-place d’un point de vu conditions et qualité de vie. Ce qui signifie que les choix politiques de l’époque, additionnés à une gestion catastrophique par la suite, freinent considérablement le développement du pays ainsi que le sentiment de développement humain. 

Cependant, il semble que les dirigeants au pouvoir aujourd’hui n’ont pas appris des erreurs du passé, notamment dans les choix de gestion de l’Etat et dans les choix [next] des investissements publics. C’est ainsi que le président actuel, Azali ASSOUMANI s’est fixé comme priorité, de modifier la Constitution. Comme si cela était la priorité des Comoriens ou comme s’il avait été élu pour cela. 

Le mois d’août 2017, la Banque mondiale à annoncer l’octroi d’une enveloppe de 80 millions d’euros pour soutenir le développement des Comores. Cette manne servira en partie à construire des routes reliant les principales villes, construire des bâtiments, ou au pire, finira dans la poche du président et de ses sbires. Nous oublions que bien que nécessaire, toute construction se détériorent et n’améliorent pas considérablement le niveau de vie des individus, si elle n’est pas accompagnée d’une gestion humaine et si elle ne contribue pas, de près ou de loin, à la création de richesse. 

C’est ainsi qu’en matière d’infrastructures routières, c’est faire la moitié du chemin que de relier les villes entre elles. Il est primordial de relier les villes aux champs d’agricultures et de relier ces champs entre eux. En effet ces zones sont ou seront sources de production. Par ailleurs cela permettrait de réduire la pénibilité de ce secteur d’activité et de tracer le chemin d’une agriculture professionnelle à caractère commerciale et non plus vivrière (80% des Comoriens vivent de l’agriculture). C’est suicidaire que de construire de grands bâtiments en guise d’hôpitaux sans y avoir de médecins compétents ni de matériel. Par contre la création d’un fonds financier pour accueillir, dans le pays, différents professeurs ou chercheurs dans le cadre d’une université de médecine, permettrait d’avoir des médecins compétents dans l’immédiat, et de former des centaines de futurs médecins dans le pays. 

Ici l’idée centrale est qu’il faut orienter les budgets de manière à les investir dans les compétences des Hommes, afin qu’ils soient capables demain de régénérer, réinventer, recréer, voir améliorer le même service ou produit. C’est ainsi que la Chine et les bébés Tigres se sont développés, en axant leur développement sur l’acquisition de savoir-faire et de compétence, via les sociétés étrangères qui ont réalisé des travaux dans le pays. 

C’est en acquérant les savoir-faire, lors des travaux de développement que l’Etat dotera à la population sa capacité de création de richesse, et c’est cela qui rendra définitivement le pays indépendant. Il faut rompre avec cette ancienne méthode qui consiste à séparer, le moment de l’acquisition du savoir, du moment de la réalisation ou concrétisation. [next] Les Comores ont largement investi dans l’acquisition du savoir, il est venu le temps de transformer l’essai et de percevoir le retour sur investissement. Cette quête du retour sur investissement constitue la quatrième priorité. 

Certes, il appartient à tout à chacun de fixer des priorités à l’Etat, mais à notre sens, la recherche permanente du bien-être de la population, en englobant le fait de mettre en avant l’exemplarité des gouvernants et de privilégier l’intérêt collectif ; le fait de remettre l’individu au centre des projets ; et la focalisation sur le retour sur investissement des projets initiés, sont autant de paramètres, qui serviront de base pour tendre vers un changement du mode de gestion de l’Etat et les rapports entre les différentes composantes de la société. L’autre paramètre qui permettrait une certaine conciliation entre la population et l’Etat est la confiance. Mais cette dernière ne se marchande et ne se décrète pas, elle se gagne et se mérite.

Par Bendjadid Ahamed

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