Assoumani Azali a été élu président en 2016. Il avait déjà exercé cette fonction de 2002 à 2006 et en 1999 par un coup d’État militaire. ...
Assoumani Azali a été élu président en 2016. Il avait déjà exercé cette fonction de 2002 à 2006 et en 1999 par un coup d’État militaire. Or, cet homme est colonel d’armée. Depuis 2017, Azali projette de réformer la constitution par un référendum devant se tenir le 30 juillet prochain.
Officiellement, il s’agit de renforcer l’autonomie de chaque ile et d’autoriser le président à exercer deux mandats de suite afin qu’il ait le temps d’appliquer sa politique. Azali se défend : si la réforme passe, de nouvelles élections devraient se tenir en 2019, notamment afin de mettre fin aux vices présidences, et afin de vérifier s’il a l’aval du peuple. L’opposition dénonce une stratégie de maintien au pouvoir sous des apparences légales et démocratiques. La méthode offensive utilisée par Azali semble prouver cela, elle qui divise fortement le pays.
Mais pourquoi un tel intérêt pour ces élections ?
Zone de non-droit et citoyenneté économique
Nous n’allons pas être exhaustif, loin de là, mais les Comores présentent plusieurs intérêts internationaux. La bataille électorale fait rage et les opposants se lancent des boules puantes. Parmi elles, est apparue le scandale de la citoyenneté économique montrant que l’État comorien a délivré, au moins sous Sambi, des milliers de passeports à des ressortissants des pays arabes, entre autres. C’est ce que relate un article d’Al-watwan paru le 16 mars dernier.
Si les responsabilités individuelles font l’objet d’un travail judiciaire, cette situation atteste que l’État des Comores monnaie ses prérogatives au profit de manœuvres crapuleuses. En effet, octroyer la citoyenneté comorienne sans visée morale revient à contourner le droit international en légalisant des situations illégitimes. Ainsi, les présidents comoriens [next] ont notamment le pouvoir de négocier l’octroi de privilèges avec leurs homologues étrangers et au bénéfice d’actions méconnues ou inconnues du peuple. D’où une partie de la fortune, non partagée, des familles régnantes des Comores.
Avec de telles informations, on mesure que les Comores des années 1970 n’ont pas tout à fait changé. En ce temps, les Comores passaient pour une plateforme de blanchiment d’argent, de vente de mercenaires et de contournement de l’embargo sur l’Afrique-du-sud. Une zone de non-droit qui favorisait des intérêts privés. Ainsi, Pierre Caminade écrit-il (Mayotte-Comores, p. 108) qu’en 1975 derrière le président Ali Soilihi se trouvait Michel Debré et Bob Denard (ile de Ngazidja) et, derrière Ahmed Abdallah (ile d’Anjouan) se trouvait Jacques Foccart. Difficile de parler de France au singulier mais bien plutôt de groupes d’influence utilisant les institutions officielles, du côté français tout comme du côté comorien.
Du pétrole et donc des arguments
Enfin, les Comores sont un espace potentiellement lucratif. Des gisements de gaz et de pétrole font l’objet de prospections depuis moins de 10 ans, notamment la société Bahari resources qui explore l’Est des Comores. L’exploitation ne semble pas avoir commencé. Les estimations portant sur les réserve annoncent parfois qu’elles seraient plus importantes que celles du Qatar. Le pétrole aux Comores est, pour l’heure, plus une étude et un espoir qu’une réalité. Quoi qu’il en soit, cela fait de ce pays un espace convoité. Cela donne à ses représentants des arguments. ©Metamag
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