Sismologie. «Les événements actuels dépassent ce que la communauté scientifique pouvait imaginer et vont l'obliger à une observation pl...
Sismologie. «Les événements actuels dépassent ce que la communauté scientifique pouvait imaginer et vont l'obliger à une observation plus poussée», interrogé dans les colonnes de La Croix, Didier Bertil, ingénieur au BRGM, avoue comme ses collègues une certaine perplexité face à la série de séismes qui continue à secouer Mayotte. Le phénomène pourrait s'installer dans la durée.
Mayotte continue à vivre à l'heure des séismes. Dans la seule journée de dimanche dernier, le BRGM a signalé 32 phénomènes d'une magnitude supérieure à trois, douze supérieurs à 3,6 et six supérieurs à quatre dont deux de 4,7. « L'essaim est toujours en cours, même si ces dernières 24h montrent une activité d'un niveau moins important que celle qu'a subi Mayotte les premiers jours du mois de juin », analyse le BRGM. Une mission macrosismique est arrivée lundi dernier à Mayotte pour une mission d'une semaine. Elle est composée de spécialistes du Bureau central sismologique français et du Réseau national de surveillance sismique.
Ils vont s'attacher à évaluer les dommages liés aux séismes et la vulnérabilité des bâtiments. Dans les colonnes de La Croix, Didier Bertil, ingénieur sismologue au BRGM, analyse le phénomène qui étonne les scientifiques eux-mêmes. « Cet essaim est exceptionnel par sa durée, nous sommes au 28e jour de crise, par son rythme soutenu et par sa magnitude », indique l'ingénieur.
Les spécialistes surpris par le phénomène
« L'épicentre est situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Mamoudzou, dans la croûte océanique, au fond du bassin de Somalie à 4000 m de profondeur. Les autres îles des Comores ne ressentent pas la même chose car elles se situent trop loin de l'épicentre. » Comme ses collègues, Didier Bertil reconnaît avoir été surpris par cette crise. « On sait peu de chose sur cette zone géographique dont l'observation est récente car la sismicité y est considérée comme modérée par les chercheurs. Une secousse de 5,8 ne serait jamais produite sur cette île.
Les événements actuels dépassent ce que la communauté scientifique pouvait imaginer et vont l'obliger à une observation plus poussée. » L'ingénieur du BRGM avance avec beaucoup de prudence une hypothèse. « Le continent africain constitue une seule plaque tectonique entre l'Atlantique et l'océan Indien. Cette plaque se fracture à plusieurs endroits.
Dans l'Est africain le fossé du rift se creuse depuis plusieurs millions d'années et toujours à l'est du continent mais au sud de l'équateur il existe plusieurs fractures notamment entre la côte du Mozambique et Madagascar.
Dans l'Est africain le fossé du rift se creuse depuis plusieurs millions d'années et toujours à l'est du continent mais au sud de l'équateur il existe plusieurs fractures notamment entre la côte du Mozambique et Madagascar.
Cette fracture provoquerait un début de cassure au niveau de l'archipel des Comores et donc de Mayotte située entre le continent africain et Madagascar. » L'île aux Parfums n'en a sans doute pas fini avec les séismes. « Ils ne se prévoient pas et nous sommes incapables de dire combien de temps cet essaim va durer », confirme Didier Bertil qui écarte tout risque de tsunami : «Il faudrait des magnitudes supérieures à 6,5 et un mouvement vertical lié à la rupture pour provoquer la formation des vagues. Ces conditions ne sont pas réunies à Mayotte. »
Alain Dupuis ©JIR