Une culture politique étrange est en train de s’installer, une sorte de cohabitation à la comorienne, comme le dira par ironie, l’un de m...
Une culture politique étrange est en train de s’installer, une sorte de cohabitation à la comorienne, comme le dira par ironie, l’un de mes amis, Ahamada Issimaïla, pour ne pas le nommer. Elle consiste, cette bizarrerie, à faire de son auteur membre du gouvernement et de l’opposition en même temps. Et voilà qui s’appelle, à mes yeux, de l’amateurisme politique ou tout simplement un manque de courage politique.
La pratique, initiée sous le régime Ikililou par mon ami Fouad Mohadji, se perpétue avec un autre ami, Djaffar Ahmed Saïd. Qu’ai-je fait au bon dieu pour que ce soit toujours mes amis à agir ainsi ? En déclarant le 16 juin dernier son opposition à la politique qu’il a menée deux années durant avec le président Azali avant de se défausser sur ce dernier sans en tirer toutes les conséquences, Djaffar Ahmed Saïd a surpris plus d’un car pour peu que je le connaisse, il nous a habitués à autre chose : droiture, sincérité, fidélité, pragmatisme et fermeté. Pour bien le savoir, on retrouvera Mistoihi Abdillah qui le dira mieux que moi.
Quitter le navire élégamment
Sans prétendre faire de leçon à quiconque, la sagesse voudrait que les contradictions internes au sein d’un gouvernement soient débattues en interne. Cela, Djaffar Ahmed le sait mieux que moi. Mais s’il arrive que ça « déborde », on peut quitter le navire élégamment avant de sauter sur un autre. Autant on ne peut courir deux lièvres à la fois, autant – et je m’adresse à ceux qui conseillent ce manque d’élégance à Djaffar Ahmed – on ne peut être et du pouvoir et de l’opposition à la fois. A cela, on pourrait donner un nom : inculture politique.
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Ce manque de culture politique mériterait bien qu’on se penche dessus car il n’y a qu’aux Comores qu’on pourrait voir cela. Il est facile de se dire élu et qui plus est sur le même ticket que le président auquel on s’oppose – et donc on ne démissionne pas – mais toujours est-il que ce manque d’élégance et cette absence de maturité politique sont bien établis. Je ne voudrais pas interpréter cela comme le font si cruellement certains qui rappellent traitement et autres avantages matériels liés. Quant à moi, je ne vois pas Djaffar Ahmed sous ce prisme purement matériel mais plutôt comme un homme mal conseillé. De ce point de vue, on ne ne se trompera pas, vu les acclamations, les vivat et autres hourras de certains se disant de l’opposition. En cela, « Djaffar hashewuziwa ni madjakwe ».
Je ne suis pas de ceux qui croient que la rupture est totale, consommée et que rien ne saurait redevenir comme avant. Qui, parmi nous, ne s’est jamais trompé ? Ceux qui s’égarent un moment sont ceux qui savent retrouver la voie tout seuls et repartir du bon pied. Rien ne dit que Djaffar ne reviendrait pas au bercail en dépit des applaudissements des pyromanes qui, au lendemain de sa déclaration disaient attendre celle de Chabouhane et Moustadroine annonçant leur départ pour amplifier la crise. En vérité, ces gens ne veulent pas du bien à notre pays, car au stade où il se trouve, nous n’avons pas besoin de crise.
Déçus, ces défenseurs des libertés sur Facebook s’en prennent désormais à Moustadroine et Chabouhane après leur conférence de presse de mardi, déclarant leur surprise à l’acte de leur colistier et leur solidarité au gouvernement auquel ils appartiennent.
Les deux vice-présidents ont droit, depuis, à tous les noms d'oiseaux avec un traitement facétieux de ces déçus, ces « combattants » pour le droit, la liberté et la démocratie sur Facebook qui, dans leur retranchement, loin du champ de bataille, élaborent théories et stratégies qui ne mènent nulle part.
Par Mohamed Hassani