Nous sommes ici [sur la place Badjanani] à Moroni, pour implorer la protection de Dieu sur notre ville, sur nos enfants, car il pèse sur eu...
Nous sommes ici [sur la place Badjanani] à Moroni, pour implorer la protection de Dieu sur notre ville, sur nos enfants, car il pèse sur eux une vindicte gratuite, qui a conduit à mettre Ahmed-Hachim Saïd Hassane en prison et qui continue à poursuivre particulièrement Ahmed Hassane El Barwane.
[Nous sommes par conséquent ici] pour prier afin que Dieu les protège ainsi que leurs compagnons, car nous nous trouvons engagés dans une lutte citoyenne [en faveur des libertés].
Nous sommes surtout ici indépendamment de toute appartenance partisane, pour manifester notre colère sur le sort injuste réservé à notre frère Ahmed Hassane El Barwane, qui n’a commis aucune infraction, cependant qu’il a été jeté en prison dans les conditions exécrables que nous connaissons.
C’est un homme d’Etat et même s’il ne se trouve pas aux responsabilités, c’est en tout cas un pilier de notre ville. [...] Il est donc normal que nous relevions nos têtes pour manifester notre colère; et en l’occurrence nos armes sont nos prières que nous adressons à Dieu le Tout-Puissant qui les exhaussera.
Quel acte a-t-il donc commis? Paraît-il qu’il a seulement pris part à une manifestation; or, nous pouvons le témoigner pour l’avoir entendu de nos propres oreilles, le procureur a lui-même reconnu que le droit de manifester est constitutionnellement garanti et qu’il en découle que tout citoyen a le droit de l’exercer pour exprimer son opinion.
Et le procureur d’affirmer qu’Ahmed Hassane El Barwane n’a enfreint aucune prescription légale ou constitutionnelle. Mais, a-t-il ajouté, une autorisation préalable de manifester était requise.
En réponse, les avocats - Dieu les gratifie de Ses bienfaits, ont mis en lumière la vérité des textes : aucune norme législative ou réglementaire ne peut venir restreindre l’exercice d’un droit constitutionnellement garanti, sauf l’obligation d’en informer au préalable le préfet ou le maire.
Il ne s’agit aucunement d’en obtenir une autorisation préalable mais plutôt d’attendre des autorités publiques le concours nécessaire pour aider les organisateurs à préserver la concorde civile et l’ordre public.
Or nous avons au contraire assisté au spectacle désolant de la violence exercée sur des jeunes et des enfants dont la plupart n’ont pas pris part aux manifestations; ils ont ainsi livré au tribunal des témoignages poignants sur les ratonnades et la violence gratuite qu’ils ont subies.
Et [pour rappel] pourquoi ces manifestations? Parce que la Cour constitutionnelle a été liquidée et il est donc légitime que les partis de l’opposition et nous-mêmes, société civile, nous érigions [contre cette forfaiture] et appelions au strict respect de la constitution.
C’est pour cette raison qu’Ahmed Hassane El Barwane a été appréhendé et traité comme un vulgaire délinquant.
Le tribunal avait déclaré que le délibéré allait être prononcé avant-hier [jeudi 7 juin 2018]; il a été renvoyé au 11 juin 2018.
Ce moment-ci ne se prête donc pas à un long discours; nous voulons seulement [marquer notre solidarité et] prier Dieu pour qu’Ahmed Hassane El Barwane recouvre sa liberté ce 11 juin 2018 et qu’il revienne parmi nous pour continuer ce combat jusqu’au triomphe des libertés.
Et [pour conclure] je voudrais vous rappeler une chose : rappelez-vous, il y a 2 ans, ici même, à la fin de la campagne électorale, le candidat qui est devenu le président de la République a répondu à notre invitation. Souvenez-vous, il nous a déclaré qu’il n’aurait jamais assez de mots pour remercier les bienfaits et le soutien décisif que la ville de Moroni lui a apporté; et qu’il ne l’oublierait jamais.
C’est sans commentaire.
Je vous remercie