"Si par hasard il se trouvait que j'étais le président de la République des Comores à l'heure qu'il est, je ne m'obsti...
"Si par hasard il se trouvait que j'étais le président de la République des Comores à l'heure qu'il est, je ne m'obstinerais pas une seule seconde. Pour le bien de mon pays et par respect au peuple et au principe de la démocratie, je me rendrais à l'évidence en jettant l'éponge.
Oui, je démissionnerais - c'est bien le mot idoine - pour laisser la place à plus aimé que moi, d'autant plus que la donne aurait bel et bien changé. Je ne ferais pas d'effort pour me convaincre de rester au pouvoir car en tous les cas il serait connu de tous que je ne serais pas suffisamment populaire.
D'ailleurs, il serait de notoriété publique que je devrais ma victoire, celle faisant de moi le président de mon pays, à un seul homme politique, sans doute le plus aimé du moment. Et bizarrement, il se trouverait que nous ne nous entendrions pas à ce moment précis. En plus, presque 60% de la population n'aurait pas voté pour moi. Il serait alors injuste de ma part de laisser se développer une situation incontrôlable et ingérable, qui pourrait menacer la stabilité de mon pays.
Je me rappellerais toujours que j'aurais bien été élu démocratiquement en raison du soutien obtenu mais je garderais toutefois en tête que ma victoire du moment aurait dû revenir en vérité à un autre politicien qui, lui, aurait été victime d'un complot organisé au plus haut sommet de l'Etat pour des raisons on ne peut plus claires.
Je ne supporterais pas un seul instant des situations où en ma qualité de Chef d'Etat je me trouverais entièrement enseveli par la popularité d'un autre président, un ancien, qui serait traité comme un héros et moi un vilain. De telles situations pourraient m'amener à prendre des mesures impopulaires et graves de conséquences. J'éviterais donc une telle éventualité sans résistance aucune.
Je rendrais mon tablier, organiserais de nouvelles élections dans l'esprit de la Constitution de 2001 révisée en 2009 et remettrais le pouvoir à un citoyen de Ngazidja pour finir les trois ans restant.
En 2021, des élections auraient lieu et le pouvoir reviendrait à un anjouanais qui, à son tour, n'hésiterait pas une seule seconde, je précise bien pas une seule seconde, à se faire succéder par un citoyen de Mohéli en 2026.
Des assises nationales dignes de ce nom car inclusives, transparentes et démocratiques seraient organisées en 2031, rassemblant toutes les couches de la société comorienne sans exclusion aucune.
Voilà ce que j'aurais le courage de faire en tant que président arrivé au pouvoir par les efforts et la popularité d'autrui. Je serais sincère avec moi-même et avec mon peuple. Je ne pourrais pas intégrer l'idée d'avoir été aidé par cet homme à la barbe "basmati" et au turban vert que je perçois plutôt comme un adversaire éternel. Je ne pourrais pas dormir la nuit avant de m'être débarrassé de cette victoire qui ne serait réellement pas mienne."
Par Babayou Houmadi