LE RUBICON FRANCHI AUX COMORES: DEUX PARLEMENTAIRES DE L'OPPOSITION UNIE AU REGIME EN PLACE ARRÊTES CE MATIN Chaque jour qui pass...
LE RUBICON FRANCHI AUX COMORES: DEUX PARLEMENTAIRES DE L'OPPOSITION UNIE AU REGIME EN PLACE ARRÊTES CE MATIN
Chaque jour qui passe, les Comores s'enfoncent un peu plus dans la dictature. Porté au pouvoir au terme d'une élection démocratique, Azali ne tarde pas à mettre en place un pouvoir liberticide aux Comores. Ce renoue ainsi avec le passé sombre du mercenariat, où la terreur était la règle et les libertés individuelles et publiques bafouées. Les comoriens n'en reviennent pas; ils croyaient cette période révolue.
Depuis qu'Azali a lancé l'idée des assises impopulaires en vue de tripatouiller la constitution et de se maintenir ainsi au pouvoir jusqu'à 2031, il ne tolère la moindre contradiction, cherche à verrouiller le débat politique dans le pays. Une dictature de pensée est alors mise en place. Seuls, les hommes politiques proches du pouvoir et de ses idées de manière opportuniste, jouissent de la liberté de réunion, d'expression et de mouvement.
L'opposition, pourtant majoritaire dans le pays, est muselée: elle ne peut ni se réunir ni s'exprimer librement. Elle est interdite de droit d'antenne à la Radio et à la télévision nationales, devenues la propriété privées des gens du pouvoir et des courtisans du régime.
Les règles élémentaires de la démocratie, de l'état de droit sont mises en cause. La Cour constitutionnelle des Comores est mise au pas et c'est à la représentation nationale de subir à son tour actuellement la violation de son indépendance, de sa souveraineté par Azali, dans une logique de personnalisation du pouvoir.
C'est dans ce contexte de désordre institutionnel et de non respect des règles de l'Etat de droit et de la démocratie que le Rubicon est franchi aujourd'hui. Tôt ce matin, deux députés de l'opposition Unie à l'Assemblée Nationale respectivement ALI Mhadji en dissidence avec le parti au pouvoir, la CRC, pour ses méthodes antidémocratiques et ses pratiques de corruption, et DJOHAR Tocha de Juwa ont été appréhendés sur la route par les forces de l'ordre.
Ils devaient participer au premier meeting de l'opposition Unie prévu à Mbéni, fief de l'ancien vice-président et candidat malheureux à la dernière élection présidentielle. A l'heure où l'on écrit ces lignes, il semble que le député Ali Mhadji soit relâché. Son homologue DJOHAR Tocha est toujours retenu dans une caserne de la gendarmerie à Moroni. Le meeting a finalement eu lieu en dépit de nombreux barrages de militaires qui filtraient les gens tout au long de la route.
Selon certaines indiscrétions qui ont circulé sur la toile, l'arrestation de deux parlementaires dans les 72 heures après l'ouverture ratée de la session parlementaire du 6 avril 2018 a été dans les plans du pouvoir. Quelles que soient les motivations de ces arrestations, c'est une première aux Comores de voir des parlementaires empêchés dans leurs déplacements, arrêtés, humiliés et jetés en prison.
Ahmed BOURHANE