Discours à la nation de SEM AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores Publié le 29 Avril 2018 Comoriennes, Comoriens, ...
Discours à la nation de SEM AZALI Assoumani, Président de l’Union des Comores
Publié le 29 Avril 2018
Comoriennes,
Comoriens,
Les mois et les semaines écoulés, ont été marquées dans notre cher pays, par des événements importants, dont la tenue réussie des Assises Nationales.
Je vous remercie toutes et tous, mes chers compatriotes, d’avoir fait de ce grand rendez-vous historique, voulu par nos aînés et la société civile, un réel succès, grâce à votre mobilisation exceptionnelle, votre pleine implication et vos milliers de contributions, citoyennes et multiformes.
Dans mon discours de clôture de ces Assises, j’ai pris acte des conclusions et des recommandations issues de vos réflexions et de vos débats, qui ont dressé un diagnostic exhaustif des maux qui entravent l’essor de notre pays, depuis 42 ans.
J’ai pris bonne note, des leçons à tirer à partir de l’évaluation et de l’analyse de cette période post-indépendance et, notamment, celle du Nouvel Ensemble Comorien, l’Union des Comores, née des Accords de Fomboni, de 2000 et 2001.
Les travaux de clôture des ces Assises ont été marqués par de multiples échanges, extrêmement fructueux, entre les autorités sociopolitiques, la société civile et les experts.
Je voudrais ici, remercier toutes les personnalités et les experts nationaux consultés, pour leur disponibilité, leur contribution et le grand sens de l’intérêt national, qu’ils ont démontré tout au long de ces assises.
Je les remercie pour la sincérité de leurs analyses, la franchise de leurs remarques, et la pertinence de leurs propositions.
Je réitère ma gratitude à nos amis et à nos partenaires bi et multilatéraux ainsi qu’à tous les représentants de haut niveau, de la Communauté Internationale.
Leur présence, leurs messages hautement appréciés et les conseils prodigués, ont constitué un réel motif d’encouragement et de satisfaction, à ce dialogue inclusif de développement, et apportent à notre pays, une précieuse caution, à la mise en œuvre des conclusions et recommandations de ces assises.
Je renouvelle ainsi mes remerciements à eux tous et, en particulier,
- au Système des Nations Unies et à son Secrétaire Général,
- à l’Union Africaine et au Président de la Commission de l’Union Africaine,
- à la Ligue des Etats Arabes et la Commission de l’Océan Indien,
- surtout pour avoir dépêché leurs représentants sur place et, ainsi, contribuer à donner encore plus de crédibilité à ces assises.
Mes chers compatriotes,
J’ai procédé ces derniers jours, à une série de consultations, avec
- les autorités nationales et insulaires,
- les élus nationaux, insulaires et locaux,
- les Organisations de la Société Civile,
- les Membres du Corps Diplomatique,
- les Ulémas,
- les opérateurs économiques,
- les Préfets et les Partis Politiques,
- pour les tenir informés des recommandations des Assises Nationales et de leur mise en œuvre.
Aujourd’hui, avant de lancer la mise en œuvre formelle des recommandations retenues, j’ai tenu à m’adresser à vous, et à vous annoncer que j’ai décidé d’ouvrir avec vous, dans les semaines et mois qui viennent, une nouvelle page de l’Histoire de notre pays.
Je veux tracer avec vous une nouvelle voie pour les Comores, un meilleur avenir pour notre peuple, conformément à vos recommandations et à vos aspirations, exprimées lors de ces Assises.
Je compte en effet, conformément aux recommandations entérinées par ces Assises, proposer un processus de modification de notre Constitution, pour consolider l’Unité nationale, la Paix et la Stabilité, et soutenir le renforcement et la préservation des valeurs socio-religieuses, qui fondent notre foi et notre identité.
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Vous serez donc consultés, dans les mois à venir, sur ces modifications, destinées à moderniser et renforcer nos institutions, consolider les acquis démocratiques et l’état de droit, et améliorer la gouvernance des affaires publiques, en vue de favoriser l’émergence de notre pays à l’horizon 2030 et le bien-être du peuple comorien.
En plus de cette nécessité d’adapter notre Loi fondamentale aux exigences du développement, je dois aussi engager, sans plus tarder, comme le soulignent les recommandations de ces Assises, les mesures indispensables pour
- redresser les finances publiques et les sociétés d’État,
- lutter vigoureusement contre la corruption et les détournements des fonds publics
- et améliorer la gouvernance de l’Administration publique.
Cette lutte sans merci contre la corruption et les détournements des fonds publics, tant réclamés par tous depuis toujours et par les participants des Assises Nationales, ne pourra atteindre ses objectifs, sans la transmission des dossiers tant décriés à la Justice.
Nous ne pouvons réussir à renforcer l’État de droit, sans renforcer l’Administration publique, en le dotant des moyens adéquats, qui lui permettront d’appuyer efficacement le décollage économique de notre pays.
L’Administration a en effet, l’obligation d’assister et accompagner les efforts déployés dans l’intérêt général.
Des efforts seront également déployés, pour soutenir le développement du secteur privé, améliorer l’environnement des affaires, mettre en place un cadre approprié de dialogue et d’échange avec les entrepreneurs, dans l’élaboration et la mise œuvre de nos politiques économiques.
Nous devrons aussi comme l’ont recommandé ces Assises, poursuivre et amplifier les efforts de restauration et de modernisation de nos infrastructures de base, comme on l’a engagé au niveau de l’énergie et des routes.
Notre devoir est d’assurer l’inter-connectivité, de faciliter les échanges, réduire le coût du transport maritime et aérien et d’exploiter efficacement les nouvelles techniques de l’Information et de la Communication pour relancer la croissance.
En outre, l’accent sera mis sur l’intensification et la diversification de notre production, pour parvenir à l’autosuffisance alimentaire, sur l’appui à la transformation économique, la préservation de l’environnement, le soutien à l’emploi des jeunes et l’éradication de la pauvreté.
Les actions engagées dans le secteur de la santé vont se poursuivre, pour y instaurer une meilleure gestion afin d’offrir à la population, des soins de qualité et réduire les prix de prestation des services de santé et, enfin, pour construire d’autres hôpitaux plus performants.
D’autres actions seront également engagées dans le secteur de l’éducation, pour adapter le système éducatif et de formation professionnelle surtout pour les jeunes, aux besoins de développement, afin de diminuer le chômage.
Comme vous pouvez le constater, le chantier de la construction de notre pays est immense mais non insurmontable.
Il exige notre patriotisme, notre sens élevé de l’intérêt national, notre détermination, notre capacité à exploiter, dans la transparence, les ressources mobilisables de notre pays, et notre volonté de réussir ensemble, dans le dialogue et la participation.
Oui, c’est par la mobilisation continue de toutes les forces vives et socio-économiques de notre pays que nous pourrons relever les grands défis du développement inclusif de notre pays et réussir son émergence pour 2030.
Mes Chers compatriotes,
L’histoire de notre pays, a montré que lors des périodes les plus cruciales, les Comoriennes et les Comoriens ont toujours su surmonter leurs divergences, et faire preuve d’une grande capacité à dépasser les clivages, entretenir les chemins du dialogue et préserver l’essentiel.
Ce sursaut s’est vérifié :
- en 1972 à la veille de l’indépendance,
- en 1974 lors du référendum d’autodétermination,
- en 1975 lors de la proclamation unilatérale de l’indépendance,
- en 1990 lors de la Conférence Nationale, qui a ouvert la voie au multipartisme,
- en 2001 avec l’Accord de Fomboni,
Aujourd’hui, plus que jamais, les Comoriens ont impérativement besoin de puiser leur inspiration et leurs forces, dans cette culture de compromis, pour s’écouter les uns les autres, se comprendre et aller ensemble de l’avant.
Ce sont là des exigences pour tous les patriotes.
Alors, les échanges, parfois virulents, qui ont émaillés les milieux politiques de notre pays au cours de ces dernières semaines doivent céder la place, au débat et à la préservation de l’intérêt supérieur de la nation.
Pour ma part, je garde toujours à l’esprit que ma charge et ma fonction de Président de la République me font le devoir de garantir la cohésion sociale et à être le premier défenseur de l’intérêt national.
Ce à quoi, je m’en tiendrai avec bienveillance et fermeté.
Cette même détermination sera présente dans les suites à donner aux recommandations des Assises Nationales sur les audits relatifs à la gestion des deniers publics.
Par coïncidence, je viens de recevoir des mains du Président et des membres du bureau de l’Assemblée Nationale, le Rapport parlementaire sur la Citoyenneté économique.
Comme vous le savez, la Loi relative à la Citoyenneté économique, son adoption, son application ainsi que la gestion des fonds issus de ce programme, ont été controversés et ont sérieusement entamé la crédibilité de l’État comorien, à l’intérieur comme l’extérieur du pays.
Je voudrais ainsi vous annoncer et vous assurer qu’avec l’aide des juristes, des moyens nécessaires seront déployés, pour faire la lumière, sur cette affaire plus que délicate.
Le hasard faisant parfois bien les choses, outre la présence réconfortante de nos frères et sœurs mahorais aux Assises Nationales, la question de l’île comorienne de Mayotte, s’est invitée dans l’agenda national avec les derniers événements dans cette île sœur.
Je salue le patriotisme dont ont su faire preuve, les partis politiques, les acteurs de la société civile qui, sur cette question d’importance nationale, ont su dépasser les clivages et soutenir la position du Gouvernement.
J’ai proposé une nouvelle approche de cette question à notre partenaire la France avec qui, nous devons, au-delà des problèmes sécuritaires et d’intégrations à gérer, régler ce contentieux qui dure depuis bientôt 43 ans, et ce, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU, de l’Union Africaine et de la Ligue des États Arabes.
Mes chers compatriotes,
J’ai dernièrement pris la décision de transférer provisoirement les compétences de la Cour constitutionnelle, suite au constat du non fonctionnement de cette institution et après consultation de juristes éminents de notre pays.
Il ne me semble pas utile de revenir sur les débats juridiques qui ont été développés dans un sens ou dans l’autre.
La décision est prise, comme m’y autorise la Constitution dans son article 12-3.
Par contre, je regrette profondément les excès de langage y compris de certains de nos éminents juristes, et certains comportements d’hommes politiques, qui ont entraîné les débats vers une passion inappropriée.
Alors j’appelle tout le monde, en particulier les hommes et femmes politiques à la sérénité, à ne pas radicaliser le débat sur nos textes, susciter les craintes de nos compatriotes moins avertis, ou agiter le spectre d’affrontements inutiles et tragiques.
Mes Chers compatriotes,
J’ai, en tant que Président de la République, des responsabilités qui m’incombent, dont celui de l’initiative du référendum.
Mesurant l’importance des défis à relever, j’ai estimé qu’il était de mon devoir, de donner suite aux Assises Nationales et de lancer le processus de la révision constitutionnelle qu’elles ont préconisée.
Je ferai tout ce qui en mon pouvoir, pour que le climat politique et social reste apaisé.
En effet, au moment où notre pays fait face à des défis majeurs, pour s’inscrire parmi les pays émergents à l’horizon 2030, tout, absolument tout, doit être fait pour écarter la division, la mésentente, la polémique et les malentendus.
Comoriennes et Comoriens,
Mes chers compatriotes
Quelle que soit les divergences entre les uns et les autres, somme toute normale en démocratie, nous avons un long chemin à faire ensemble vers un meilleur devenir de notre pays.
Mais comme a dit un grand sage comorien, clamer que le chemin est long ne le raccourcit pas. Le raccourcir, c’est aller de l’avant. Alors, avec moi, mes chers compatriotes, allons de l’avant.
Vive la République
Vive l’Union des Comores
Qu’Allah bénisse notre pays.