Je me souviens du jour où tout à basculer. J’avais six ans. J’ai vu les M’zungous balancer mes parents menottés dans leur camion bleu sans ...
Je me souviens du jour où tout à basculer. J’avais six ans. J’ai vu les M’zungous balancer mes parents menottés dans leur camion bleu sans pitié. Je ne devais pas montrer aucun signe signifiant que je suis leur enfant. C’était la règle, sinon je serais parti avec eux au centre d’expulsions.
J’avais tenté un petit clin d’œil fugitif à l’endroit de ma mère pour lui dire que je suis fort et que j’attends rapidement leur retour. Malheureusement c’était un adieu définitif. Ils sont balladurfiés. Je ne les verrais plus dans ce bas monde.
J’étais pris en charge par les voisins, mais ne voyant pas le retour des miens, ils étaient obligés de m’expulser de leur taudis après un séjour de quelques mois. C’est ainsi que je suis devenu N’tsi nayi leyé (enfant de la rue).
Je rigole lorsque qu’on dit que l’insécurité vient des îles d’à-côté. Est-ce que là-bas, il y a de l’insécurité ? Lorsque mes frères mahorais me disent : « rentre chez-toi », chez-moi c’est où ? Je ne connais personne là-bas.
On me déplacera peut-être de force comme ce fut le cas avec mes parents et je tenterais le retour à domicile, et je mourrais peut-être comme eux car plus ils rajoutent les barrières militaires, plus le risque de mourir devient de plus en plus grand. C’est peut-être le but recherché. J’appelle cela : génocide moderne avec la complicité de ces marionnettes qui opèrent de l’autre côté de ce mur balladurien.
Mohamed Antoya
Kawéni - Mayotte