Dans une interview accordée à une télévision française ce 11 décembre 2017, le président de l’Union des Comores a annoncé que les mahorais ...
Dans une interview accordée à une télévision française ce 11 décembre 2017, le président de l’Union des Comores a annoncé que les mahorais vont participer au sein de la délégation française dans les discussions entre les Comores et la France. Ainsi, les Comores se plient encore une fois aux exigences françaises et mahoraises. Pour rappel, dans un communiqué de presse interministériel en date du 28 septembre 2017, les ministères des Outre-mer et des Affaires étrangères de la République française avaient annoncé que « la mise en œuvre de la feuille de route issue du Haut Conseil Paritaire France-Comores du 12 septembre 2017 a été différée, compte tenu des incompréhensions et des fausses informations que de document a suscité ».
Les élus mahorais |
Ce communiqué a été publié à la suite de la rencontre entre les parlementaires de l’ile de Mayotte, le président du Conseil Départemental de Mayotte et les représentants des ministres français chargés des affaires étrangères, de l’intérieur et des outre-mer du 28 septembre 2017. Ce communiqué avait affirmé aussi que « les élus de Mayotte seront associés aux prochaines réunions du Haut Conseil Paritaire et consultés en amont du Comité technique de qui sera prochainement mis en place » .
Le Haut Conseil Paritaire (HCP), est un organe institué pour la mise en œuvre et le suivi des orientations définies par la Déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre les Comores et la France, signée à Paris le 21 juin 2013. Il s’était réuni le 12 septembre 217 au Quai d’Orsay à Paris pour la 5ème fois, sous la présidence du Ministre de l’Europe et des affaires étrangère française , Jean-Yves Le DRIAN, accompagné de Jean-Baptiste LEMOYNE, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères, et du Ministre comorien des Affaires Etrangères et de la Coopération, SOUEF Mohamed El-Amine.
Dans l’esprit de la Déclaration de Paris, placée sous le signe de l’amitié et de la coopération, les deux délégations avaient recherché ensemble, au cours de leurs travaux, les voies et moyens de parvenir à dégager une nouvelle approche pour rapprocher les vues des deux pays sur leur coopération, notamment sur la question de Mayotte. A cet effet, une feuille de route a été établie, visant à favoriser les échanges humains entre les îles de l’archipel dans un cadre légal et en renforçant la sécurité des liaisons maritimes et aériennes.
A la suite la signature de cette feuille de route, le Député de Mayotte Mansour Kamardine, Président du Groupe d' amitié France - Comores (sic !) avait demandé, dans un communiqué, que le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian "reçoive une délégation composée des parlementaires et du président du Conseil départemental" de Mayotte "dans les meilleurs délais", compte tenu de "la très vive émotion que suscite", dans l'opinion publique mahoraise, "l'établissement de la feuille de route L'établissement de cette feuille de route suscite un très vif émoi à Mayotte et nous consterne à plusieurs titres". Lors de la séance des questions au gouvernement français du 26 Septembre 2017, le député Mansour avait demandé « le retrait de la feuille de route ». Effectivement cette feuille de route est enterrée depuis. Une feuille de route qui avait pour but de favoriser les échanges humains entre les îles de l’archipel dans un cadre légal et en renforçant la sécurité des liaisons maritimes et aériennes. Les mahorais étaient descendus en masse à Mamoudzou, le 25 et 28 Septembre 2017 pour dénoncer cette feuille de route. Des manifestants avaient même envahi le 26 septembre 2017 la préfecture de Mayotte et ont fermé le service des étrangers.
Pour résoudre la question de Mayotte, le dialogue avec les mahorais, soutenu par la France, n'est pas la meilleure solution. Une population qui a un niveau de vie 10 fois supérieur au reste de la population comorienne, ne peut jamais discuter objectivement avec les responsables de l'Union des Comores qui réclament le retour de leur île dans le giron comorien. Un retour qui signifie pour les habitants de Mayotte, « la misère » et " l'instabilité" .
De deux choses l'une, soit les Comoriens acceptent le fait accompli et la séparation à l'amiable avec les mahorais et ils pourront discuter de la coopération régionale et des relations de bon voisinage, soit ils continuent, la revendication de Mayotte, et il faudra alors qu' ils négocient avec la France qui administre l’ile pour trouver une solution. Une négociation franche sans tabou avec des diplomates rompus aux arcanes des négociations et à cet effet, les Comoriens doivent former leurs diplomates pour entamer des négociations solides avec la France.
Dialoguer avec les Mahorais pour vouloir résoudre conflit territorial qui oppose les Comores et la France, c'est tomber dans le piège des français qui veulent réduire ce conflit en un conflit comoro-comorien dont la résolution dépend de la volonté des « mahorais ». Et justement c'est sur la base de la volonté des « mahorais » que les français ont balkanisé l'archipel des Comores. Dans le droit interne français, Mayotte est considérée comme un territoire français par l'article 73-3 de la Constitution française. Et l'article 53 de cette constitution reconnaît à tous les Français - métropolitains ou ultramarins - un droit à l'autodétermination externe et au refus de la sécession : “Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n'est valable sans le consentement des populations intéressées”. Dans sa décision n° 75-59 DC du 30 décembre 1975, portant sur la loi relative aux conséquences de l'autodétermination des îles des Comores, le Conseil constitutionnel français a affirmé que l'île de Mayotte est un territoire français au sens de l'article 53 de la constitution française, et en conséquence, que cette île ne saurait sortir de la République française sans « le consentement de sa propre population ».
Vouloir changer le consentement des habitants de l'île Mayotte par le dialogue, c’est faire preuve d’une grande naïveté. Car le dialogue avec les Mahorais n’aboutira qu’à un seul résultat : l’acceptation du fait accompli par les Comoriens, ce que veut justement l’Etat français. Les Mahorais eux, veulent la capitulation des Comoriens. Avant même qu’ ils soient associés « aux prochaines réunions du Haut Conseil Paritaire" comme le stipule, le communiqué de presse interministériel des ministères des Outre-mer et des Affaires étrangères de la République française en date du 28 septembre 2017, ils exigent que Mayotte puisse défiler avec le drapeaux français lors des jeux des iles de l’ océan indien sinon ils vont se retirer de ces jeux, l’ intégration de leur ile en tant qu’ entité à part dans la Commission de l’ Océan Indien....
Depuis l’accession des Comores à l’indépendance des Comores le 6 juillet 1975, les Comores ont lâché du lest au profit de la France et des Mahorais dans l’espoir de trouver une solution à ce conflit territorial. Les concessions comoriennes ont toujours été exploitées comme une victoire par les Mahorais. Du retrait de la question de l’ile comorienne de Mayotte à l’Assemblée Générale des Nations Unies, à l’intégration de Mayotte aux jeux des iles de l’océan indien par la volonté des Comores, ces gestes ont renforcé les positions mahoraises qui demandent beaucoup plus aux Comoriens. Les petits gestes consentis par la France pour rapprocher les 4 iles de l’archipel, sont combattus par les Mahorais à l’instar de la feuille de route du 12 septembre 2017 qui veulent aucun rapprochement avec la partie indépendance tant honnie.
Ainsi, les concessions comoriennes n’ont jamais favorisé le rapprochement des iles de l’archipel, au contraire, elles ont été transformées en victoire de la part des Mahorais. Ce que veulent réellement les Mahorais, c’est la capitulation comorienne, l’acceptation du fait accompli, Mayotte française et la discussion de la coopération régionale et des relations de bon voisinage. Le dialogue avec les Mahorais est un dialogue de sourd.
Le dialogue avec les Mahorais est un combat perdu d’avance qui n’apportera pas une solution pérenne au conflit territorial qui oppose les Comores et la France. C’est plutôt, faire entre le loup dans la bergerie pour décimer l’ Etat Comorien. ©ComoresDroit