La rumeur d’un possible transfert des comptes des fonctionnaires et agents de l’Etat à Exim Bank gonfle la tête des proches connaisseurs de...
La rumeur d’un possible transfert des comptes des fonctionnaires et agents de l’Etat à Exim Bank gonfle la tête des proches connaisseurs des milieux financiers du pays. Des discussions seraient même déjà bouclées. Par qui ? Le nom du ministre des Finances, Saïd Ali Saïd Cheihane, revient dans les esprits même si pour l’instant aucune preuve n’est établie.
On sait que c’est bien lui qui a signé, sous les ordres de Beit Salam, l’accord ayant autorisé le transfert de toutes les recettes douanières à Exim Bank. Une manière détournée de faciliter, dit-on, une opération mafieuse de vol entre cette banque à capitaux étrangers et certaines autorités. On parle à tort ou à raison de conflits d’intérêts. Si les proches du ministre parlent «d’accusations absurdes», ils ont du mal à faire taire les soupçons de corruption active et de connivences aggravées qui pèsent sur lui.
L’histoire retiendra que c’est sous Azali Assoumani qu’une banque commerciale privée (étrangère) soit maitre des recettes publiques. C’est une première. L’argent public étant un élément de souveraineté, sa gestion doit obéir des plus strictes règles. Mais on passe…
En décidant (si c’est vrai) de transférer les comptes des fonctionnaires à cette même banque, le gouvernement franchit la ligne jaune dans sa volonté d’entretenir une escroquerie organisée qui s’apparente à une mafia d’Etat entre Exim et les plus hautes autorités. Une histoire qui fait honte à ce pays et qui contraste avec les discours officiels surtout quand on veut donner des leçons de transparence. Aux Nations-Unies cette semaine, le chef de l’Etat parlera sans doute de bonne gouvernance aux Comores (sic) !
En décidant de transférer les comptes des fonctionnaires à cette même banque, le gouvernement renforce surtout les soupçons de possibles existences des parts d’actions de certaines hautes autorités au sein de cet établissement. Pourquoi confier Exim Bank la collecte de l’argent à la douane, se demandent de nombreux observateurs. Exim Bank, sanctionnée à trois reprises par la Bank of Tanzania, pour ses pratiques contraires à l’éthique bancaire doit fêter ses 10 ans aux Comores dans quelques semaines.
Les responsables de cette banque savent avec qui ils jouent. Des bandits qui entretiennent le culte de l’argent et qui sont prêts à brader notre souveraineté financière contre des subsides estimés à 5% versés dans d’autres comptes occultes à Dar Es Salam.
Des rumeurs de blanchiment d’argent planent encore. C’est peut être pourquoi, l’ancien ministre français des Finances, Michel Sapin, dans un courrier de trois pages daté du mois de décembre 2016, mettait en garde les nouvelles autorités comoriennes contre «les manœuvres suspectes » et tout comportement qui porteraient atteinte «aux principes» contenus dans les accords de coopération monétaire signés en 1978 qui confient la gestion de notre monnaie à la France avec l’engagement de Paris d’assurer la parité fixe et de garantir la convertibilité illimitée du franc comorien.
En décidant enfin de transférer les comptes des fonctionnaires à cette même banque, le gouvernement Azali signe l’acte de décès de la SNPSF avec (environ) ses 406 employés. On parle déjà «de manœuvres bizarres» de certains responsables gouvernementaux visant «à tuer » la banque postale déjà au rouge avec un déficit estimé à environ 987 millions de francs comoriens au 31 juillet 2017, selon nos informations.
Une chose est sûre : les agents de la douane ont été priés (s’il vous plait) de transférer leurs comptes (domiciliés à la BFC) à Exim Bank. Sinon, ils seront privés de la RAU (Redevance administrative unique) à partir du mois d’octobre. Quatre douaniers ont confirmé cette information.
A la SNPSF, un calme plat règne. Les activités sont au ralenti. L’Etat aurait refusé un plan de recapitalisation de la banque… On avance des thèses alarmistes «de suicide planifié». Un sujet passionnant pour les journalistes qui doivent aller chercher à comprendre. On parle de 5 services et départements sans responsables depuis bientôt trois mois. Le temps de laisser les choses s’empirer davantage et justifier une faillite. Et la boucle est bouclée.
L’actuel DG de la SNPSF dont le contrat d’un an prend fin en décembre laisse les choses aller. Il aurait même demandé un audit en décembre pour justifier le dépôt de bilan de la SNPSF. M. Nadjib Dhakoine a négocié une retraite anticipée à la BIC et son départ a révélé une sale affaire d’argent le liant à un grand operateur économique. Pourquoi il ne parle pas du danger que court la SNPSF qui tire 46% de ses ressources propres grâce aux comptes des agents de l’Etat ? Est-il investi d’une mission télécommandée ?
Le transfert des comptes à Exim Bank signera un coup d’arrêt fatal à la SNPSF. Le but inavoué étant d’enrichir des bandits sans foi ni loi. Et au final, c’est l’escroquerie qui triomphe dans le marigot de l’émergence. Par A.S.KEMBA, Journaliste indépendant