Ma modeste contribution citoyenne afin d’éviter des errances stratégiques imminentes en matière de politique de santé
Au moment où le gouvernement cherche les voies et moyens pour améliorer la qualité des soins dans notre pays par son engagement en faveur de l’ouverture de l’hôpital de Bambao La Mtsanga et de la construction d’un grand hôpital de référence à Moroni, il appartient à tout un chacun en dehors toute considération politique d’apporter son soutien citoyen pour la réussite de cette salvatrice démarche.
C’est pourquoi en ma qualité de professionnel de santé, je me permets d’attirer l’attention des autorités sur certains écueils qui risqueraient de compromettre l’objectif des autorités en faveur de la création d’hôpitaux de référence.
1/Concernant la construction d’un grand hôpital de référence sur le site de l’hôpital El-Maarouf :
L’idée de construire un hôpital de référence est en soi bonne compte tenu de la situation géographique de ce site mais aussi, il est grand temps que disparaissent ces anciens bâtiments dont leur état de vétusté ne répond à aucune règle d’hygiène et de sécurité pour les patients.
Le seul bémol, c’est qu’on ne peut pas assurer une médecine ou une chirurgie de pointe dans un établissement qui reçoit toutes les pathologies, pour des raisons financières et techniques liées à l’hygiène et au mode de fonctionnement d’un service très spécialisé.
Ainsi, dans un souci de garantir la pérennité des soins de qualité, il serait licite de construire un deuxième hôpital à Moroni, qui puisse recevoir les patients souffrant de pathologies légères, médicales ou chirurgicale quitte à partager avec l’hôpital de référence et, le personnel médical, et certains services comme la réanimation, l’imagerie et le Laboratoire. Vous comprenez bien qu’il ne serait pas sérieux d’opérer des hernies et des hydrocèles dans un établissement de référence où l’on pratique de la neurochirurgie ou de la chirurgie cardiaque. A savoir que les pathologies neurologiques et cardiaques constituent le plus important motif d’évacuation sanitaire à l’étranger.
2/Concernant l’hôpital de Bambao La Mtsanga.
L’ouverture de cet hôpital signe la bonne volonté de nos autorités pour améliorer la qualité des soins des populations d’où mes sincères félicitations à l’endroit de tous ceux qui ont pris cette initiative.
Toutefois mon inquiétude demeure intacte quant au risque de limiter l’activité de cet hôpital au même niveau de celle qu’assurent les autres centres de l’archipel, faute de moyens humains.
Aussi serait-il judicieux que d’impliquer directement dans un premier temps, nos amis chinois dans la gestion de cet hôpital, pour pouvoir bénéficier du savoir-faire de leur médecin sur la médecine et la chirurgie de pointe.
Puisque tout le monde est d’accord pour la création progressive de services de pointes, je préconiserais l’ouverture première d’un service de neurochirurgie compte tenu de la demande récurrente d’évacuations sanitaires des patients souffrant d’hémorragie cérébrale provoquée par les HTA ou les traumatismes.
La création d’un service de neurochirurgie à Bambao La Mtsaga, suppose l’affectation de spécialistes chinois et l’ouverture d’un service de réanimation de pointe avec un laboratoire et un service d’imagerie digne de ce nom. Ces services (réanimation, laboratoire, imagerie) pourront répondre aux besoins des patients des autres centres hospitaliers sans gêner la vocation principale d’un hôpital de référence spécialisé en neurochirurgie et on fera ainsi d’une pierre 2 coups.
Il s’agit de ma modeste contribution citoyenne afin d’éviter d’éventuelles errances stratégiques imminentes en matière de politique de santé. Ainsi personne ne dira qu’il ne savait pas.
A bon entendeur salut
Docteur Abdou Ada Musbahou
Chirurgien
France