« Je me demande si je ne suis pas en train de jouer avec les mots. Et si les mots étaient faits pour ça ? » : Ainsi, interrogea Boris Via...
« Je me demande si je ne suis pas en train de jouer avec les mots. Et si les mots étaient faits pour ça ? » : Ainsi, interrogea Boris Vian dans Les Bâtisseurs de l’empire. Mais qu’a-t-il à voir Boris Vian aux élections présidentielles comoriennes ? Me dira –t-on ?
Et je répondrai à cela- comme tout comorien qui se respecte- par une autre question : Pour quelle raison ou circonstance du ciel, un avocat affairiste -au demeurant bel ami des nigauds africains de Paris-a un intérêt à expliquer le droit électoral comorien ? Une question qui n’attends pas évidement de réponse car il suffit de lire le titre assez provocateur de cette conférence « Etat des lieux de l’actuel conflit postélectoral et enjeux de la stabilité du Pays » pour saisir la stupidité dangereuse d’une telle démarche.
Oui, cette bêtise coupable est celle des organisateurs de cette dite conférence de presse organisée par des ennemis de notre pays pour préparer l’opinion publique internationale d’une crise électorale imaginée par ces derniers. A en croire le titre de cette conférence, les Comores seraient actuellement en « conflit post électoral » : Ainsi, on en appelle à l’imagination des quelques journalistes triés sur le volet pour faire des papiers dans lesquels seront mise en exergue les enjeux d’une crise électorale dans un pays imaginaire où entre-tuent les affamés et les assoiffés.
Oui, les mots ont un sens et j’en appelle à votre prudence : Détrompez-vous, il ne s’agit pas de la Cote d’Ivoire, ni du Burundi où on vous fit droit à cette allusion malheureuse de « burundisation ». Oui, vous l’aurez compris, selon les souhaits de la racaille politique et des intérêts de la « Françafrique », les Comores seraient actuellement en conflit post électoral : Les comoriens entre-tueraient à l’heure actuelle ; les assoiffés ont barricadé les routes conduisant à Mutsamudu. A Moroni, un affrontement aurait lieu au marché public du sud où les affamés-très remontés- se lancent les montagnes d’ordures jonchant les ruelles du marché. Quel bel genre est la fiction ! Mais aucun(ne) comorien(ne) ne veut d’une telle fiction car elle aurait pour seul arrière-plan la stabilité d’un Etat qui en a cruellement manqué dès son enfance mouvementée.
De ceux qui se réclament du Colonel à l’expérience démocratique peu flatteuse et des partisans de l’éternel ministre des finances, nul n’est prêt à assumer un tel scénario car les comoriens ont, certes, faim et soif mais ils gardent en conscience qu’un peuple en conflit n’a point le temps d’avoir faim ou soif car il verra mourir sa jeunesse et ses femmes.
Et pour cet impératif national de paix et de stabilité, j’accuse ceux et celles aveuglés par leurs intérêts immédiats - professionnels de la politique, jeunesse diplômée en désespoir, intellectuels à la morale fléchée par les intérêts individuels et les éternels communautaristes- sont prêts à brader notre seul espoir de développement : La stabilité politique. Ce processus électoral a eu pour principal caractère la multitude des candidatures. La quasi-totalité d’entre elles n’ont fait mention d’aucun programme politique. Ce qui ne choque plus personne car déjà habituel chez les électeurs. Mais il n’échappe à personne-même à l’observateur le moins avisé- que même la promesse la moins parodique n’est possible dans un pays en conflit.
Ainsi, en réaction à cette conférence dont l’objet s’est annoncé malveillant pour la stabilité de notre pays, j’accuse, ici, ceux qui se hasardent à parier avec des intérêts étrangers sur la déstabilisation de notre pays au nom de leurs intérêts égoïstes.
Il n’est donc pas utile de s’attarder, ici, sur les enjeux de cette élection car les comorien(nes) ont eu à faire la part des choses raisonnablement ou déraisonnablement (appartient à l’avenir d’en juger) durant cette campagne, ni sur la dimension juridique de l’élection sur laquelle prétend intervenir ce spécialiste français du droit des affaires pour parler aux comoriens du droit électoral comorien qu’il n’a jamais lu.
Mais sans parler du droit électoral comorien que les invités (l’avocat ami des africains et l’historien dont les qualités en la matière sont incontestables) ne sont pas à priori les plus compétents pour faire une analyse juridique dans une conférence dont la malveillance est affichée, je dois rappeler et souligner en ma simple qualité de citoyen que les Comores ne sont aucunement dans un conflit post électoral. Un processus électoral est engagé depuis Février. Et à l’issue des résultats issus des élections du 10 Avril proclamés par l’institution habilitée (CENI), s’est ouverte la procédure du contentieux électoral laissant à chacune des parties aux élections de faire valoir son droit lorsqu’il estime celui enfreint. A partir de là, il revient à la cour constitutionnelle de statuer selon le droit en particulier sur le fondement des dispositions de la loi électorale comorienne en vigueur.
Il est stupide et dangereux de parler d’« un conflit post électoral » car les mots ont un sens qui les font porter une charge sur la personne qui les reçoit. Pour ma part, j’ai reçu en ma qualité citoyenne cette charge douloureuse. Et compte tenu de l’intitulé de votre conférence, je ne peux en déduire que votre bêtise ou votre malveillance. Finalement, j’en resterai à ces deux sources car la niaiserie est aussi dangereuse.
Les comorien(nes) affamés ou assoiffés sauront être responsables ; ainsi aura tort la bêtise.
Par M'madi Hassani ©habarizacomores.com
Par M'madi Hassani ©habarizacomores.com