La campagne est ouverte, les bureaux des candidats vont de nouveau troubler la tranquillité publique avec leurs musiques assourdissantes : ...
La campagne est ouverte, les bureaux des candidats vont de nouveau troubler la tranquillité publique avec leurs musiques assourdissantes : les chants des candidats en boucle.
DU BRUIT, DU BRUIT MAIS PAS DE PROJET
A ma connaissance, aucun des candidats retenus n’a publié de livre ni d’écrit sur son projet. Par contre chacun s’est doté d’un site web de qualité pour faire sa promotion. Il s’agit par ordre alphabétique : azaliassoumani.com, mohamedalisoilihi.com et mouignibaraka.com. Ils sont à la page des TIC mais pas à celui des programmes. Leur ambition ne repose sur aucun projet pour le pays. La preuve par les sites :
Mougni a inclus dans son menu des items alléchants : société, économie, finance, etc. Mais les liens ne mènent à rien, on y présente des activités, des rencontres.
Mamadou se contente dans son menu général de présenter ses colistiers et les candidats gouverneurs de son clan. Un lien ressort : les engagements. En réalité des promesses dont on imagine aisément la réalité.
Azali attire vers un lien projet. Mais il s’agit d’une vidéo dans lequel des cadres présentent sommairement des promesses en leur donnant une simple coloration techniciste.
Comment comprennent-ils les problèmes qui ruinent le pays ? Quel est leur diagnostic et que préconisent-ils ? Rien. Curieusement rien. Et pourtant il s’agit de personnes qui sont ou ont été au pouvoir, qui devraient être au fait de la situation concrète du pays. Leurs ambitions ne sont que personnels !
Comment cela est-il possible ou comment comprendre un tel état de fait. La raison principale doit être recherchée dans l’état de la population. Le citoyen comorien de base ne croit plus aux politiques comoriens. Nous assistons à un jeu de dupes orchestré par notre « ami principal » qui manipule en sous-main des dirigeants sans scrupules portés par des partis politiques sans consistance. Comment dénoncer l’indépendance inachevée et l’occupation de Maore au risque de déplaire à notre « principal bailleur » ? Comment indexer réellement la corruption lorsqu’elle constitue le mode de gouvernance par excellence.
QUE FAIRE, QUEL CHOIX, QUEL DILEMME
Les intellectuels patriotes du pays se taisent, ils ont peur de heurter les futurs détenteurs du pouvoir et de se retrouver sur les carreaux. Ils ne nous éclaireront pas. Les moins scrupuleux, d’entre eux, s’engagent dans le camp de Mamadou, le camp du pouvoir, celui qui en général mène au pouvoir. Ils pensent pouvoir jouer un rôle positif dans un fauteuil de DG ou mieux de ministre.
Beaucoup de citoyens spéculent sur ce qu’ils peuvent soutirer à ces candidats qui ne les représentent pas et qui ne feront rien pour eux une fois au pouvoir.
MON CHOIX PERSONNEL
Première alternative : me tenir éloigner des élections. Tous pareils, aucune issue pour le pays. Position simple, claire et très confortable que j’ai adoptée ces dernières années depuis que j’ai quitté le FD. Elle n’est pas féconde car elle laisse le champ libre à ceux qui nous mènent en enfer. « Mdru kazibiiza puhu madzi ». La deuxième alternative : s’engager malgré la complexité de la situation. On doit tenter de peser sur le cours de la situation. On ne doit pas abandonner, désespérer. Le risque est grand mais il faut le prendre.
Au premier tour on choisit, au deuxième on élimine. Mon vrai choix c’est éliminer Mamadou. Pourquoi une telle option et pourquoi je m’engage à fond ?
Mamadou est le produit du pouvoir qui a régné dans ce pays depuis l’indépendance. Il l’incarne, il en est le continuateur. Il faut absolument lui barrer la voie du sommet de l’Etat pour pouvoir espérer.
Mamadou a passé le plus clair de son temps à la tête du ministère des finances, le cœur du pouvoir économique et financière et durant tout ce temps la situation du pays est allé en s’empirant. Sommet des nuisances, les cinq dernières années durant lesquelles il était Vice-Président et ministre des finances. Le pays n’a jamais connu situation économique et sociale aussi catastrophique. On peut illustrer cette condamnation sans appel par le dernier mois de ramadan sans eau ni électricité, du jamais vu dans le pays durant les 40 ans !
Mamadou est le relais du pouvoir qui se termine. Dans notre pays, à moins d’un coup d’Etat, le pouvoir se transmet les uns aux autres dans la même famille « politique ». Il faut mettre un terme à cette situation. Il faut faire faillir la triche électorale, faire croire à de l’alternance sans violence. Il faut déverrouiller l’avenir.
Voilà pourquoi mon mot d’ordre opérationnel : TOUT SAUF MAMADOU. Et comme Mouigni ne me parait pas à la hauteur de la fonction présidentielle, je voterai donc pour Azali.
QUELLE PERSPECTIVE
Mais bien sûr une telle situation ne me satisfait pas. C’est pour cela qu’il faut penser à l’après élections. Allons-nous continuer à laisser le pays en pâture à des prédateurs ? Ne se trouvera-t-il pas des jeunes à oser prendre des initiatives historiques qui, avec le soutien de vieillards restés fidèles à leurs convictions de jeunesse, réussiront à sortir le pays des ornières ? S’ils s’en trouvent, ces jeunes devraient s’impliquer vigoureusement dans le Mouvement du 11 août et contribuer à imposer des véritables assises nationales qui sonneront le glas de la domination coloniale, de la corruption et entameront l’édification d’une nation comorienne digne du 21ème siècle, une nation qui connaitra un début de prospérité.
Idriss (18/03/2016)