Jusqu'ici tout lui allait. Mouigni Baraka Said Soilihi, jeune lycéen, rêvait de devenir riche. Son bac en poche, il part pour le Sénéga...
Jusqu'ici tout lui allait. Mouigni Baraka Said Soilihi, jeune lycéen, rêvait de devenir riche. Son bac en poche, il part pour le Sénégal où ses deux ans d'études à l'école nationale des douanes lui semblaient insuffisants pour devenir le grand douanier qu'il voulait être.
Car le métier de douanier sous nos cocotiers est un métier qui apporte la tune. Du moins pour certains douaniers qui n'ont aucun respect pour le bien public, qui confondent les deniers publics à leurs biens propres. Et le jeune homme d'alors de se rendre en Côte d'Ivoire pour faire deux autres années d'études en douanes. Le voilà prêt pour devenir ce qu'il voulait être : douanier.
De retour au bercail, il se met au travail. L'argent commence à s'amasser et, avec lui, naît l'ambition de parvenir au sommet, là où il suffit de se courber pour ramasser l'oseille.
Avec une équipe parmi ses collègues, il décide de devenir gouverneur de la Grande-Comore. Les collègues, camarades, amis et frères tendent leurs épaules, il monte dessus et se hisse au palais de Mrodjou (palais du gouverneur) avant de les congédier les uns après les autres pour ne s'entourer que de ses seuls proches (membres de la famille). Népotisme, quand tu me tiens.
Du palais de Mrodjou, avec cette vue splendide sur celui de Beit Salam, le rêve devient encore lus grand et l'ambition démesurée. "Je dois devenir président", se serait-il dit souvent chaque fois qu'il promenait son regard sur l'horizon avant de le poser sur le palais de Beit Salam avec insistance et une envie folle de s'y retrouver comme par magie.
Mouigni Baraka n'a pas manqué de gens plus ambitieux que lui et attirés par l'appât du gain pour l'encourager vers cette aventure. Le premier cercle (tonton et épouse) a béni l'idée, le second cercle, en fit autant. Et Mouigni Baraka de se lancer dans l'aventure.
Aujourd'hui, il doit se mordre les doigts. Personne ne veut d'alliance avec lui. Mohamed Ali Said à Mohéli et Moussa Toyb à Anjouan, deux soutiens sur lesquels il comptait beaucoup semblent s'éloigner de lui.
Les proches, face à la dérive, commencent à se rendre à l'évidence : pourquoi n'avoir pas tenté de se maintenir à Mrodjou ? Pourquoi cette folie de briguer la présidence ? Pour la perdition. Tout simplement. Certains des cadres qui entouraient le gouverneur Mouigni Baraka Said Soilihi commencent à se poser du genre des questions du genre pourquoi pas candidat à sa propre succession? Et de se répondre ainsi : "nous avons eu les yeux longs".
Dans tous les cas, face à ce naufrage annoncé, Mouigni Baraka n'entend pas rendre le tablier. Selon son entourage, il aurait décidé de se battre pied à pied contre ses deux adversaires jusqu'à la lutte finale contrairement aux conseils de ses lieutenants qui voudraient baisser les armes et négocier.
"Ngedjo hufa Sankule", semblerait-il leur dire, reconnaissant tout de même que la république douanière, proche de la république bananière qu'il voulait promouvoir est vouée à l'échec.
D'après les sages, il paraît que le jour où Dieu a voulu anéantir la fourmi, il lui a fait pousser des ailes. Rassurez-moi, dites-moi que Mouigni Baraka n'en a pas, ces ailes de la perdition.
Mohamed Hassani
Mohamed Hassani