Ce sont trois candidats à l’élection présidentielle de l’Union des Comores, trois anciens ministres, trois anciens et actuels députés qui s...
Ce sont trois candidats à l’élection présidentielle de l’Union des Comores, trois anciens ministres, trois anciens et actuels députés qui se sont affrontés dans le second débat organisé par l’association Ngo’Shawo à la salle Al Kamar ce 12 février 2016. Ces trois candidats présents au débat sont Achraf Said Hachim, Fahmi Said Ibrahim, et Said Ahmed Said Ali, alias Charif.
Deux autres candidats programmes à ce débat, ne se sont pas présentés au débat : Me Said Larifou et Mohamed Ali Dia. C’était un débat de haute volée, animée par El Had Said Omar et Karimou Abdouloihabi. Les échanges étaient vifs et les propositions concrètes et chiffrées ont été fournies par les candidats. Des chiffres parfois inexacts ont été fournis sur le taux de croissance, le taux de chômage des jeunes ….Pour une fois, les statistiques ont illustrées les affirmations des candidats.
©Nass-Info Moroni |
Le débat a porté sur les thématiques de l’économie, de l’énergie, de la justice, de la corruption, de la santé, de l’éducation et la question de l’ile de comorienne de Mayotte. Le Candidat Achraf Said Hachim, compte sur l’agriculture pour relancer l’économie du pays. Fahmi Said Ibrahim qui se définit comme un libéral compte reformer l’Etat pour accompagner le secteur privé afin de créer la richesse. Il a prôné « la consommation des produits comoriens ». Le Candidat Said Ahmed Said Ali a rappelé lorsqu’il était aux affaires, le taux de croissance était de 6,5% par an et il se désole qu’a l’heure actuelle, il tourne autour de 1,5%. Il a rappelé qu’à son époque, il existait quelques petites et moyennes entreprises qui produisaient localement des clous, des cahiers, des tôles, des savons, des habits….
A propos de l’énergie, les candidats se sont rejoints pour constater la situation catastrophique actuelle du secteur. Seul Said Ahmed Said Ali a fait des propositions concrètes pour améliorer la situation de l’énergie à court terme. Il a ainsi promis d’augmenter les capacités de production de l’électricité du pays pour atteindre 50 mégawatts du 1er juin 2016 au 1 juin 2017, soit 30 mégawats en Grande Comore, 20 mégawatts à Anjouan et 10 mégawats à Mohéli. Il compte financer ces investissements à hauteur de 50 milliards KMF.
Concernant le chômage, le Candidat Fahmi Said Ibrahim a insisté sur la formation des jeunes. Il a déclaré que les formations dispensées par l’Université des Comores ne collent pas avec les besoins du pays. L’Université forme des « chômeurs » et il faut des mesures structurelles pour renverser la tendance a-t-il affirmé. Le candidat Said Ahmed Said Ali a promis la création d’un fond pour accompagner les jeunes qui veulent créer des entreprises. Un jeune qui disposera de 3 millions, l’Etat lui fournira 3 millions de Fc pour mettre en œuvre son projet a-t-il promis.
La justice est malade est corrompue selon les candidats. Il se pose un problème d’exécution des jugements et arrêts définitifs ont ils indiqué. Fahmi Said Ibrahim a promis que son Directeur de cabinet ne s’occupera plus de la Défense, mais du Ministère de la justice pour donner plus d’importance à ce secteur. Cette proposition a fait bondir le candidat Achirafi Said Hachim qui a condamné cette proposition dangereuse qui sera contraire aux libertés publiques et la démocratie. Il a enfoncé le clou en rajoutant que c’est une « proposition monarchique ». Réaction immédiate du candidat Fahmi Said Ibrahim, « le Royaume Uni est une monarchie et pourtant la démocratie règne ». Réplique immédiate d’Achiraf Said Hachim, « la justice n’est pas chez la reine » au Royaume Uni. Cette vive passe d’arme entre les candidats Fahmi Said Ibrahim et Achirafi Said Hachim a été le moment fort de ce débat fort policé.
A propos de la lutte contre la corruption, les candidats ont déploré l’absence de volonté politique pour s’attaquer à ce fléau. Le candidat Achraf Said Hachim qui a traité la Commission anticorruption de « chiffon » a proposé de faire désigner les commissaires de cette Commission par l’Assemblée de l’Union. Il a promis de créer une brigade financière pour lutter contre la corruption. Le candidat Fahmi Said Ibrahim lui, a promis de mettre en place un parquet qui va s’occuper uniquement de la délinquance financière. Il a promis de renverser à charge de la preuve afin que ceux qui sont soupçonnés « enrichissement illicite », soient obligés de prouver l’origine de leurs revenus.
Concernant le secteur de la santé, le candidat Said Ahmed Said Ali en se basant sur l’exemple Rwandais a promis de mettre en place une assurance universelle. Chaque ménage contribuera à hauteur de 15 000 Fc par an et toute la population aura accès aux soins de santé et bénéficierait de médicaments sur l’ensemble du territoire national. Le candidat Fahmi Said Ibrahim compte faire des économies dans la loi de finance 2016 pour faire des économies de 1 milliards à compter du mois de juin prochain pour rendre gratuite la prise en charge dans les urgences.
Enfin, sur la question de l’ile comorienne de Mayotte, le candidat Said Ahmed Said Ali a regretté qu’il n’y ait plus de mahorais dans le gouvernement et l’administration comorienne depuis les années 90. Il a proposé un dialogue avec les mahorais pour les rapprocher avec les habitants de la partie indépendante des Comores. Le candidat Fahmi Said Ibrahim prône un dialogue décomplexé avec la France et a rappelé que lorsqu’il était Ministre des relations extérieures, il avait conditionné la reprise de travaux du Groupe Technique de Haut niveau mis en place les anciens président Sarkozy et Sambi à la suppression du visa Balladur. Il a proposé que les Comores se rapprochent des pays de l’Afrique de l’Est afin d’avoir des soutiens de la part des pays de la région dans cette lutte pour l’intégrité territoriale du pays.
Au final, un débat de haute volée bien animé avec des candidats qui ont formulé des propositions chiffrées, parfois irréalistes, qui n’ont fait malheureusement aucune référence au stratégie de développement du pays, notamment la stratégie de croissance accélère et de développent durable ( 2015 – 2019).
Par ComoresDroit