Voici le premier artiste comorien invité par la scène nationale. Après le concert de samedi, Soeuf Elbadawi donne rendez-vous pour une lect...
Voici le premier artiste comorien invité par la scène nationale. Après le concert de samedi, Soeuf Elbadawi donne rendez-vous pour une lecture musicale ce soir, mardi 2 février, au CDST de Saint-Pierre.
Il raconte l'histoire d'une rencontre pour l'instant improbable entre la lune (référence à son pays) et le soleil. (A.K./F-A.) |
Soeuf Elbadawi est un chanteur « impliqué » , il préfère ce terme à « engagé » , « ça change tout! » Pour le présenter, Frédéric Thaly, de Tropiques Atrium, ne tarit pas d'éloges : « C'est un personnage au parcours atypique. Il était journaliste à RFI avec une carrière prometteuse quand Soeuf a décidé de tout plaquer pour vivre la vie d'artiste aux Comores. Il dit que c'est après avoir rencontré Édouard Glissant... Son travail est particulièrement intéressant car il joue avec les racines comoriennes mais il propose une musique tout à fait contemporaine »
Soeuf Elbadawi explique : « Pour moi, qui suis îlien, venir en Martinique a un sens. Ce que je propose sur une scène ? Plutôt réfléchir à un monde meilleur... une réflexion à partir de mon expérience personnelle aux Comores, une histoire archipélique. Je propose tout simplement un récit de quatre îles qui ont des choses à dire depuis 3 000 ans avant Jésus Christ! »
UN RÊVE COMMUN A PARTAGER
L'artiste poursuit : « Aux Comores, nous sommes riches d'une histoire habitée par des peuples qui sont venus du monde entier. Ils ne venaient pas pour la conquête (sauf les derniers : les Français) mais plutôt chassés de chez eux par la guerre. Alors chez nous, est ancrée une volonté d'imaginer un nouveau monde. Cette idée de créer un monde nouveau est transmise de génération en génération » .
La multitude de peuples a laissé des traces, des façons de faire, des notes, des instruments aussi. Soeuf Elbadawi sourit : « Les quatre musiciens sur scène, c'est un peu la symbolique des quatre îles. Nous proposons une musique entremêlée.
Nous essayons de reconstituer des fragments de tous ces peuples, de leur richesse. Nous proposons une traversée avec une musique des mondes. On entend aussi bien des influences du continent africain, que de l'Asie ou l'occident et même l'Europe. Des sons de la Caraïbe aussi! Je veux transmettre cette couleur des mondes qui nous habitent. J'aimerais qu'à la fin de la soirée les Martiniquais disent : On a partagé un rêve commun. On s'est reconnu dans cette musique. On a entremêlé nos destins avec les musiciens sur la scène. Alors là, je saurai que j'étais dans le vrai... »
Soeuf Elbadawi sera ce soir au CDST de Saint-Pierre, non pas avec les musiciens du concert de samedi, mais avec un musicien martiniquais - Alfred Fantone - pour « apprendre de cette terre qui m'accueille » . Une soirée autour d'un texte poétique mis en musique...
- Mardi 2 février, au CDST à Saint-Pierre à 19 heures pour une lecture musicale « Obsessions de Lune Idumbio IV » , un texte poignant, en duo avec Alfred Fantone, dans le cadre de la culture décentralisée...
Gratuit
Contact : 0596.60.78.78.
Rencontre avec un Nomad Spirit
Le poète comorien place sa voix dense dans le dire et le chant sur une musique aux confluences de l'Afrique, l'Asie, les mondes persan et arabe. Ce soir, le soufi baladeur sera à Saint-Pierre.
Alors que samedi soir les rues de Fort-de-France vibraient au son des percussions de carnaval, Soeuf Elbadawi et ses musiciens campaient à la salle Frantz-Fanon de Tropiques-Atrium. Un concert en toute intimité sur fond de récits, de poésie et de chants. Des chants du monde accompagnés d'une musique au carrefour des mondes asiatique, africain et arabe. Il s'agit de la musique de l'Océan indien et de l'une de ses composantes essentielles, les Comores.
C'est le pays d'où est venu en cette période d'avant jours gras un poète nomade, ami d'Edouard Glissant et nourri aux poésies arabo-persanes. Soeuf Elbadawi, c'est son nom. Samedi soir, il a délivré « une prière citoyenne » qui se danse comme chez les darwiches tourneurs sur une musique swinguant à la lisière de la rumba congolaise, les musiques malgaches. Des morts dans les eaux glaciales de la Méditerranée aux Restavek partis d'Haïti pour ne jamais y revenir, Soeuf Elbadawi dénonce dans une colère douce les tragédies de la migration.
Un phénomène qui n'épargne pas les siens dont des milliers et des milliers ont péri pour rejoindre leur moitié dont ils ont été séparés : l'île de Mayotte. Ce diseur fascinant par ses mots et ses références s'appuie sur l'histoire de Dame Lune et compère Soleil. Une belle allégorie pour un appel à la réconciliation, la paix... Il dira ce conte ce soir en compagnie du multi instrumentaliste martiniquais, Alfred Fantone, qui a été l'invité de son concert.
A.K.