" Ngena nvuwu ". Tout un programme. Le discours de Mohamed Ali Soilihi, au cours de la campagne qui s'achève, se résume à ces...
"Ngena nvuwu". Tout un programme. Le discours de Mohamed Ali Soilihi, au cours de la campagne qui s'achève, se résume à ces deux mots qui, traduits littéralement, signifient "il est fort".
Il est fort, en effet. L'homme qui a battu tous les records de longévité comme ministre de l'économie et des finances et qui a traversé tous les orages sans essuyer la moindre goutte, sait se montrer nouveau. A la faveur de cette campagne électorale, il veut incarner le changement, lui et son directeur général des impôts, candidat lui-même au poste de gouverneur de Ngazidja. Les deux hommes se veulent "la force du changement". Ni plus ni moins.
©habarizacomores.com |
Devant les journalistes, tout récemment, et dans un document où il a paru dire "subuhan'alwahi", Mamadou a étalé ses 20 engagements soit ses 20 désengagements des cinq dernières années. Car il n'en saurait être autrement si c'est seulement maintenant que le ministre des finances et vice-président-candidat s'engage à faire tout cela pour les Comoriens.
Devant la presse, les propos de Mamadou et de son co-équipier Aby, ont bouleversé l'assistance. Ils ont sonné comme un mépris à l'endroit des Comoriens.
On s'attendait plus à un bilan de leur part qu'à des promesses qui n'engagent que ceux qui les croient. En un an et demi, s'il est élu, a-t-il promis, il remuera sa baguette magique pour faire tout ce qu'il n'a pu faire au cours des cinq dernières années.
La redoutable question de l'énergie sera réglée, le chômage des jeunes sera résolu, tout le monde aura un emploi. J'espère qu'il n'oubliera pas de m'envoyer à la retraite anticipée. La santé malade des Comoriens sera guérie, l'école de nos enfants ne sera pas le parent pauvre des engagements du candidat. Mais pourquoi, diantre, aujourd'hui ?
Après cinq ans de bons et loyaux services rendus à… Sambi et consorts, Mamadou a découvert que les Comoriens n'ont pas d'électricité, que l'éducation est tombée en lambeaux, que leur santé est malade, que les jeunes sont sans emploi etc. Tout cela n'est que découverte pour lui. D'où les propositions du Mamadou nouveau qui aime bien ses compatriotes. L'autosuffisance alimentaire n'a pas échappé à la vigilance de l'agronome qu'il est et l'environnement est au centre de ses préoccupations. Mais c'est un peu tard, quand même.
En parcourant ses engagements, j'ai retenu mon souffle sur le N° 12 : "mener une lutte implacable contre la corruption, les flux financiers illicites et contre le terrorisme".
Les détournements de fonds dans une totale impunité, les attributions de marchés publics aux copains et aux coquins, les surfacturations génératrices de commissions occultes (bakchichs et autres dessous-de-table) érigés en système inquiètent le candidat qui reconnaît pudiquement le laxisme ou le boulevard ouvert à la corruption.
Le candidat Mamadou qui sait user d'euphémisme parle de "relâchement des efforts" pour parler de l'expansion de la corruption sous son règne.
Quand l'argentier du gouvernement qui brigue la présidence confie que c'est maintenant qu'ils s'engagent à faire ce qu'ils n'avaient pas fait durant cinq ans, on a envie de lui demander : seulement maintenant (al-ana)?
J'ai bien aimé quand Mamadou, vice-président et ministre de l'économie et des finances pendant cinq ans, parle de lutte contre le terrorisme. C'est comme s'il ignorait que des dizaines de nos jeunes "bûchent" sur divers théâtres d'opérations dans le monde. Est-il conscient des conséquences inévitables lorsque ces jeunes – ceux qui seraient encore vivants – reviendront au bercail? S'est-il jamais demandé pourquoi sont-ils partis? C'est pour fuir la misère, le chômage, le désespoir etc.