[PEKIN] La génomique, une technologie en développement qui s’intéresse aux gènes, passionne les spécialistes du manioc en raison de la poss...
[PEKIN] La génomique, une technologie en développement qui s’intéresse aux gènes, passionne les spécialistes du manioc en raison de la possibilité qu’elle offre de produire plus de manioc, en un temps plus court et de manière plus efficace.
Les scientifiques sont convaincus que cette plante-racine, surnommée "l’aliment du pauvre", peut permettre de subvenir aux besoins alimentaires immenses générés par l’explosion démographique dans les pays en développement. Mais il est difficile de lever des investissements pour financer la recherche et le développement sur cette plante.
Le manioc est une source de glucide pour plus de 500 millions de personnes dans le monde, considéré comme une denrée de base et un élément essentiel pour la sécurité alimentaire dans les pays en développement.
Wilhelm Gruissem, professeur de biotechnologies végétales à l’EPF de Zurich (Suisse), explique à SciDev.Net que "la génomique peut raccourcir la durée du cycle de production et permettre de développer plus rapidement de nouvelles variétés de manioc".
Grâce au séquençage, la génomique permet d’identifier certains gènes spécifiques du génome, ouvrant ainsi la voie au développement de nouvelles variétés de plantes adaptées à l’environnement, résistantes aux virus et permettant d’obtenir des rendements élevés dans un délai raisonnable.
Wilhelm Gruissem fait valoir en outre que la génomique est d’autant plus intéressante pour la sélection de nouvelles variétés de manioc que cette plante a des parents hétérozygotes, c’est-à-dire des organismes possédant deux allèles différents d’un même gène, ce qui rend le processus de production complexe et difficile.
"La génomique permet de produire du manioc trois fois plus vite qu’avec les techniques classiques de production", confirme Claude Fauquet, directeur du Laboratoire international des biotechnologies appliquées à l’agriculture tropicale à l’Institut de recherche Scripps et co-fondateur du Partenariat mondial pour le manioc pour le 21e siècle.
Alors qu’il faut en général 10 à 12 années pour produire de nouvelles variétés, la génomique pourrait ramener ce cycle à 3 à 5 ans, explique Claude Fauquet.
"Nous devons augmenter nos investissements pour mieux connaître son génome et mieux comprendre sa structure et ce que doivent être les caractéristiques d’une bonne variété de manioc", exhorte Wilhelm Gruissem.
"Il nous faut développer d’autres variétés à haut rendement, résistantes au virus et adaptées aux attentes des producteurs, des consommateurs et des industriels", ajoute-t-il
Mais en raison de la multiplication végétative, les semences sont génétiquement identiques à la plante-mère et se reproduisent à partir des boutures.
Ceci explique que le manioc n’ait jusqu’ici présenté aucun intérêt économique pour les producteurs de semences dans la mesure où ils ne peuvent commercialiser les graines. Il ne suscite pas plus d’intérêt dans les pays développés qui n’en produisent pas et n’en consomment pas.
D’après Claude Fauquet, 75 % des producteurs de manioc le cultivent pour leur propre consommation. Et seulement 25 % de la production est destinée à la fabrication de produits alimentaires et non alimentaires comme l’amidon, les édulcorants et le plastique.
Pourtant, les avantages du manioc sont indéniables par rapport à d’autres cultures : il peut survivre à de longues périodes de sécheresse et pousse sur pratiquement tous types de sol. Par ailleurs, c’est une plante très productive et semi-pérenne, ce qui permet une relative flexibilité dans le calendrier des récoltes.
Il peut être utilisé comme matière première pour des centaines de produits alimentaires et non alimentaires. En outre, la qualité de l’amidon issu du manioc est meilleure que celle de l’amidon issu du maïs, ajoute Wilhelm Gruissem
"A mon avis, les gouvernements doivent prendre conscience de la valeur et de l’importance de cette culture et investir dans la recherche, la production et les technologies de transformation du manioc", plaide-t-il.
Il est urgent de produire plus rapidement de nouvelles variétés de manioc. D’autant plus que d’après les projections de Hans Rosling, professeur à l’Institut Karolinska de Stockholm et à l’Académie royale suédoise des sciences, d’ici 2050, la population d’Asie va croître de 25 % tandis que celle du continent africain devrait doubler pour atteindre deux milliards d’individus.
By Katharina Schmidt
This article was originally published on SciDev.Net. Read the original article.
Les scientifiques sont convaincus que cette plante-racine, surnommée "l’aliment du pauvre", peut permettre de subvenir aux besoins alimentaires immenses générés par l’explosion démographique dans les pays en développement. Mais il est difficile de lever des investissements pour financer la recherche et le développement sur cette plante.
Le manioc est une source de glucide pour plus de 500 millions de personnes dans le monde, considéré comme une denrée de base et un élément essentiel pour la sécurité alimentaire dans les pays en développement.
Wilhelm Gruissem, professeur de biotechnologies végétales à l’EPF de Zurich (Suisse), explique à SciDev.Net que "la génomique peut raccourcir la durée du cycle de production et permettre de développer plus rapidement de nouvelles variétés de manioc".
Grâce au séquençage, la génomique permet d’identifier certains gènes spécifiques du génome, ouvrant ainsi la voie au développement de nouvelles variétés de plantes adaptées à l’environnement, résistantes aux virus et permettant d’obtenir des rendements élevés dans un délai raisonnable.
“Les gouvernements doivent prendre conscience de la valeur et de l’importance de cette culture et investir dans la recherche, la production et les technologies de transformation du manioc”
Wilhelm Gruissem
Professeur à l’EPF de Zürich
Wilhelm Gruissem fait valoir en outre que la génomique est d’autant plus intéressante pour la sélection de nouvelles variétés de manioc que cette plante a des parents hétérozygotes, c’est-à-dire des organismes possédant deux allèles différents d’un même gène, ce qui rend le processus de production complexe et difficile.
"La génomique permet de produire du manioc trois fois plus vite qu’avec les techniques classiques de production", confirme Claude Fauquet, directeur du Laboratoire international des biotechnologies appliquées à l’agriculture tropicale à l’Institut de recherche Scripps et co-fondateur du Partenariat mondial pour le manioc pour le 21e siècle.
Alors qu’il faut en général 10 à 12 années pour produire de nouvelles variétés, la génomique pourrait ramener ce cycle à 3 à 5 ans, explique Claude Fauquet.
"Nous devons augmenter nos investissements pour mieux connaître son génome et mieux comprendre sa structure et ce que doivent être les caractéristiques d’une bonne variété de manioc", exhorte Wilhelm Gruissem.
"Il nous faut développer d’autres variétés à haut rendement, résistantes au virus et adaptées aux attentes des producteurs, des consommateurs et des industriels", ajoute-t-il
Mais en raison de la multiplication végétative, les semences sont génétiquement identiques à la plante-mère et se reproduisent à partir des boutures.
Ceci explique que le manioc n’ait jusqu’ici présenté aucun intérêt économique pour les producteurs de semences dans la mesure où ils ne peuvent commercialiser les graines. Il ne suscite pas plus d’intérêt dans les pays développés qui n’en produisent pas et n’en consomment pas.
D’après Claude Fauquet, 75 % des producteurs de manioc le cultivent pour leur propre consommation. Et seulement 25 % de la production est destinée à la fabrication de produits alimentaires et non alimentaires comme l’amidon, les édulcorants et le plastique.
Pourtant, les avantages du manioc sont indéniables par rapport à d’autres cultures : il peut survivre à de longues périodes de sécheresse et pousse sur pratiquement tous types de sol. Par ailleurs, c’est une plante très productive et semi-pérenne, ce qui permet une relative flexibilité dans le calendrier des récoltes.
Il peut être utilisé comme matière première pour des centaines de produits alimentaires et non alimentaires. En outre, la qualité de l’amidon issu du manioc est meilleure que celle de l’amidon issu du maïs, ajoute Wilhelm Gruissem
"A mon avis, les gouvernements doivent prendre conscience de la valeur et de l’importance de cette culture et investir dans la recherche, la production et les technologies de transformation du manioc", plaide-t-il.
Il est urgent de produire plus rapidement de nouvelles variétés de manioc. D’autant plus que d’après les projections de Hans Rosling, professeur à l’Institut Karolinska de Stockholm et à l’Académie royale suédoise des sciences, d’ici 2050, la population d’Asie va croître de 25 % tandis que celle du continent africain devrait doubler pour atteindre deux milliards d’individus.
This article was originally published on SciDev.Net. Read the original article.