La campagne électorale est ouverte ce 20 janvier 2016 et dans son discours de coup d’envoi de la campagne, le Président de l’Union, Ikililo...
La campagne électorale est ouverte ce 20 janvier 2016 et dans son discours de coup d’envoi de la campagne, le Président de l’Union, Ikililou Dhoinine a affirmé que les « textes législatifs et réglementaires qui régissent les périodes électorales, seront scrupuleusement observés par les organes chargés de les faire respecter ». Il n’est pas sûr que le souhait du Chef de l’Etat soit respecté. La CENI, cet « organe impartial technique » selon l’article 30 du code électoral est la première qui piétine le code électoral. A la veille de l’ouverture de la campagne électorale, son président suspend deux de ses membres sans aucun motif.
La Cour Constitutionnelle, le juge des élections, publie un communiqué le 18 janvier 2016 pour intimider ceux et celles qui commentent ses arrêts. La Commission anticorruption se contente de publier des communiqués pour lutter contre la corruption des électeurs au lieu de sévir. Car avant même l’ouverture de la campagne électorale, les biens et moyens de l’Etat, sont utilisés à des fins de propagande pour corrompre les lecteurs.
L’ article 38 du code électoral dispose que « l’utilisation des attributs, biens ou moyens de l’Etat, d’une personne morale publique, des institutions ou des organismes publics, notamment ceux des sociétés, offices, projets d’Etat et d’institutions internationales, à des fins de propagande pouvant influencer ou tenter d’influencer le vote est interdite pendant les six (6) mois avant tout scrutin et jusqu’à son terme, sous peine des sanctions prévues par le présent Code. La CENI et ses démembrements veillent au respect, de cette disposition ».
La corruption des électeurs fera parler d’elle lors des prochains scrutins des mois de février et avril 2016. L' argent va couler comme on dit ici et là. Lors de la dernière élection présidentielle des mois de novembre et décembre 2010, les observateurs avaient assisté impuissants à l’utilisation pour des fins électoralistes des deniers publics et privés et cela en violation flagrante du code électoral. Les organes en charge de veiller au bon déroulement des élections, à l' exception des observateurs nationaux qui ont dénoncé ces pratiques dans leurs rapports, n' ont pas réagi.
En dépit de l’existence des dispositions législatives qui sanctionnent la corruption des électeurs, les candidats et leurs encadreurs ne lésinent pas sur les moyens pour corrompre ces électeurs, mais aussi les membres des bureaux de vote le jour du vote. Lors de précédentes missions d’observation, des membres de ces bureaux de vote, ont avoué á la mission nationale d’observation avoir reçu des somme d’argent et en contrepartie, ils ont réussi á introduire frauduleusement dans l’urne plusieurs centaines de bulletins de vote au profit d’un candidat.
Cette corruption des électeurs à grande échelle est favorisée par cette crise économique aiguë qui tue ce pays. Le nombre inquiétant des jeunes au chômage favorise facilement l’achat des consciences. Un jeune que nous avons rencontré un jour du scrutin au mois de décembre 2009 nous disait que contrairement aux autres responsables politiques qui pillent ce pays en pensant uniquement à leur famille, l’ancien Directeur Général des Douanes de l’époque et actuel candidat a la présidence ce de l’Union, lui au moins « distribuait » les deniers publics aux plus démunis dans « nos quartiers » et nous sommes prêts à nous battre pour le protéger en cas de besoin.
En cette période de crise, les jeunes ont perdu leur repère et attendent des liasses de billets de banque pour s’engager. Triste spectacle en devenir. Les candidats qui ont habitué ces jeunes à ces mauvaises pratiques sont responsables de cette incivilité qui dénature les scrutins qui se déroulent dans ce pays.
Par ComoresDroit - Titre: Campagne électorale et corruption des électeurs