On a souvent déblatéré, à juste titre, contre la presse comorienne pour son manque de profondeur et son caractère mou vis-à-vis notamment d...
On a souvent déblatéré, à juste titre, contre la presse comorienne pour son manque de profondeur et son caractère mou vis-à-vis notamment des acteurs nationaux. On a toujours critiqué les journalistes d’avoir abandonné le terrain de l’investigation pour se concentrer à la couverture des ateliers et séminaires institutionnels. Et comme si cela ne suffisait pas, on confond régulièrement et fait l’amalgame dangereux entre les journalistes professionnels et tous ceux qui se sont autoproclamés spécialistes de l’information sans qu’ils ne se soucient du respect d’aucune règle juridique ou déontologique liée au métier.
Mais il est parfois des moments où il faut oser regarder la réalité en face, éviter les préjugés et mesurer les responsabilités. La presse privée comorienne, écrite ou audiovisuelle, est confrontée à des difficultés énormes. Et tout le monde le sait. Les autorités politiques, les acteurs économiques et sociaux, la communauté internationale, nul n’ignore la pauvreté qui sévit dans le secteur de la presse et qui rend vulnérables les journalistes face aux multiples sollicitations.
Sans journalistes formés ni moyens financiers de fonctionnement, il est impossible d’imaginer qu’un journal puisse être indépendant au sens réel du terme et produire un contenu de qualité. C’est plus qu’une évidence. Ne bénéficiant d’aucune aide publique nationale ou internationale, à part quelques formations de courte durée de la coopération française, les médias privés comoriens survivent au jour le jour sans perspectives d’avenir. Les radios et télévisions communautaires ou appartenant à des personnes privées sont devenues des organes de propagande parfois nauséabonde. Elles enfreignent les lois et les règles de la profession pour capter l’attention et attirer des maigres ressources sous l’œil indifférent des pouvoirs publics.
Quant à la presse écrite, elle croule sous les dettes d’impression et les arriérés de salaire sans que cela émeuve personne. Mais par pudeur et grâce à un esprit de responsabilité partagée, les responsables des journaux comoriens tentent de régler cela en sourdine. Car ils ne savent pas vers qui se tourner. Deux choix se dessinent face à ces difficultés : persévérer dans cette souffrance pour sauver la démocratie ou mettre les clés sous le paillasson et dire adieu à cette institution à laquelle tout le monde se dit attaché.
Ne serait-il pas temps que les pouvoirs publics comoriens s’intéressent réellement à cette problématique ? Ailleurs, où le lectorat est dense et où la publicité commerciale apporte une manne financière importante, on s’est donné l’exigence d’aider la presse et les journalistes à vivre décemment, car on a compris que l’argent du contribuable et de la communauté internationale doit aussi servir au renforcement de la démocratie. Nos élus et responsables politiques doivent donc méditer sur cela et se rendre compte de cette nécessité. Sinon, que l’on ne se plaigne pas d’avoir des médias médiocres, institutionnalisés et instrumentalisés, des journalistes corrompus et des articles orientés. Ce n’est que la conséquence directe de notre insensibilité à la précarité de la presse et des journalistes.
Par Ali Mmadi, directeur général du journal Karibu Hebdo, publié sur La Gazette des Comores de ce lundi
Sans journalistes formés ni moyens financiers de fonctionnement, il est impossible d’imaginer qu’un journal puisse être indépendant au sens réel du terme et produire un contenu de qualité. C’est plus qu’une évidence. Ne bénéficiant d’aucune aide publique nationale ou internationale, à part quelques formations de courte durée de la coopération française, les médias privés comoriens survivent au jour le jour sans perspectives d’avenir. Les radios et télévisions communautaires ou appartenant à des personnes privées sont devenues des organes de propagande parfois nauséabonde. Elles enfreignent les lois et les règles de la profession pour capter l’attention et attirer des maigres ressources sous l’œil indifférent des pouvoirs publics.
Quant à la presse écrite, elle croule sous les dettes d’impression et les arriérés de salaire sans que cela émeuve personne. Mais par pudeur et grâce à un esprit de responsabilité partagée, les responsables des journaux comoriens tentent de régler cela en sourdine. Car ils ne savent pas vers qui se tourner. Deux choix se dessinent face à ces difficultés : persévérer dans cette souffrance pour sauver la démocratie ou mettre les clés sous le paillasson et dire adieu à cette institution à laquelle tout le monde se dit attaché.
Ne serait-il pas temps que les pouvoirs publics comoriens s’intéressent réellement à cette problématique ? Ailleurs, où le lectorat est dense et où la publicité commerciale apporte une manne financière importante, on s’est donné l’exigence d’aider la presse et les journalistes à vivre décemment, car on a compris que l’argent du contribuable et de la communauté internationale doit aussi servir au renforcement de la démocratie. Nos élus et responsables politiques doivent donc méditer sur cela et se rendre compte de cette nécessité. Sinon, que l’on ne se plaigne pas d’avoir des médias médiocres, institutionnalisés et instrumentalisés, des journalistes corrompus et des articles orientés. Ce n’est que la conséquence directe de notre insensibilité à la précarité de la presse et des journalistes.
Par Ali Mmadi, directeur général du journal Karibu Hebdo, publié sur La Gazette des Comores de ce lundi