Les Jeux des îles de l’Océan Indien vont-ils survivre à ce qui s’apparente à une nouvelle politisation du plus grand rassemblement de la je...
Les Jeux des îles de l’Océan Indien vont-ils survivre à ce qui s’apparente à une nouvelle politisation du plus grand rassemblement de la jeunesse de l’océan Indien : qui a pris la responsabilité de vouloir reprendre le drapeau des Jeux aux Comores ? Est-ce une sanction parce que les Comoriens ont montré lors des derniers Jeux qu’ils voulaient être respectés par les autorités de la France ?
Mardi, la décision de retirer les Jeux des îles de l’océan Indien 2019 aux Comores a ouvert une nouvelle crise.
En août dernier, la délégation des Comores avait pris la décision de quitter les Jeux des îles organisés à La Réunion. Ce retour faisait suite au choix du gouvernement français de politiser les jeux et de refuser d’appliquer la charte et le règlement adopté par l’unanimité des représentants du monde sportif de l’océan Indien.
Les jeunes Comoriens se font une joie d’accueillir leurs amis des îles de l’océan Indien. |
La France avait choisi de faire défiler la délégation mahoraise derrière le drapeau français lors de la cérémonie d’ouverture, ce qui a entraîné le départ spontané des jeunes Comoriens. Rappelons qu’à part la France, personne dans notre région ne reconnaît que Mayotte fasse partie de la République. Les cartes de l’ONU soulignent aussi que Mayotte est une île des Comores sous administration française. Dans ces conditions, deux solutions pouvaient mécaniquement s’appliquer pour garantir la participation d’athlètes mahorais aux Jeux des îles : intégrer la délégation des Comores ou celle de La Réunion. Un compromis a été approuvé à l’unanimité pour que les Mahorais puissent avoir leur propre délégation : son drapeau et son hymne sont ceux des Jeux. C’est la solution que les Jeux olympiques appliquent lorsqu’un pays fait l’objet d’un contentieux territorial.
La France a choisi de passer outre, ce qui a conduit les Jeux au fiasco avec notamment le départ annoncé puis démenti de la délégation de Madagascar. Pour éviter tout nouvel incident du type de celui de la cérémonie d’ouverture, le CIJ avait décidé l’interdiction des hymnes nationaux et des drapeaux sur les podiums. En effet, les Jeux des îles ne sont pas les Jeux de la France dans l’océan Indien.
La grande fête de 2019 gâchée
La décision de la délégation comorienne avait été bien comprise par les représentants des peuples de notre région. La preuve en est que lorsque le CIJ s’est réuni pendant les Jeux, il a confirmé l’attribution des JIOI 2019 aux Comores. Lors de la cérémonie de clôture, le drapeau des Jeux avait été remis par le préfet de La Réunion au président du Comité olympique des Comores.
À l’heure du départ, pour nos amis comoriens, les choses étaient claires. Ils donnaient rendez-vous en 2019 pour les prochains Jeux des îles. Le plus grand rassemblement de la jeunesse de l’océan Indien devait en effet se tenir dans 4 ans pour la première fois chez nos voisins. C’était la garantie d’un événement porté par tout un peuple, et aussi du respect des règles décidées par le mouvement sportif.
Les Comores ont donc noué des partenariats en particulier avec la Chine pour construire les infrastructures nécessaires. Ainsi, à la différence de La Réunion en 2015, les participants aux JIOI 2019 auront la possibilité de s’exprimer dans des installations neuves.
Trahison
Mais mardi, le CIJ a choisi de revenir sur sa décision. Il a retiré l’organisation des Jeux des îles 2019 aux Comores pour les donner à Maurice. Les membres de ce comité ont semble-t-il eu l’inélégance de voter précipitamment avant que le représentant des Comores n’arrive.
Les arguments invoqués ne manquent pas de surprendre. Car qui peut préjuger de l’incapacité d’un peuple à construire au cours des 4 prochaines années les installations nécessaires ? Et si le délai n’est pas tenu au mois près, il aurait toujours été possible de reporter les Jeux d’un an.
Jeux en danger
C’est d’autant plus vrai qu’a posteriori, on ne peut que constater que la France a bénéficié d’une grande mansuétude pour organiser les Jeux 2015 à La Réunion. Quatre avant, avait-elle donné toutes les garanties en termes d’accueil des athlètes, de transport et de valorisation de l’événement ? Sur ces plans, nombreuses ont été les plaintes des délégations. Nul doute qu’aux Comores, de tels impairs ne se produiront pas.
Nos amis comoriens se sentent donc légitimement trahis. Où est la solidarité entre les îles ? Les initiateurs de cette décision veulent-ils mettre fin aux JIOI ?