Mohamed Soudjay , Directeur Général du Centre Hospitalier National (CHN) El Maarouf nommé par le Président de l’Union par décret N°13-068/P...
Mohamed Soudjay, Directeur Général du Centre Hospitalier National (CHN) El Maarouf nommé par le Président de l’Union par décret N°13-068/PR du 13 juin 2013, vient de démissionner après un long bras de fer qui l’a opposé avec les médecins de l’hôpital. Les médecins contestaient sa gestion de l’hôpital et le manque de conditions de travail.
La nomination en juin 2013 de Mohamed Soudjay par le Chef de l’Etat avait violé les dispositions du décret N°11-197 du 15 septembre 2011 portant statuts, organisation et fonctionnement du Centre Hospitalier National El Maarouf. En effet l’article 22 de ce décret dispose que « le Directeur Général de l’établissement est nommé par décret du Président de l’Union, sur proposition du Ministre de la Santé après avis conforme du Conseil d’Administration ». L’avis conforme donné par le Conseil d’Administration et validé par le Conseil des ministres n’a pas été respecté par le Chef de l’Etat. Ce dernier a préféré nommer une personne qui n’avait pas les capacités techniques pour gérer l’hôpital afin d'accéder aux caprices d’un de ses jeunes loups, ministre de son gouvernement, qui a voulu placé un natif de sa région à cette direction. Cette nomination fantaisiste et régionaliste a eu pour conséquence de plonger cet hôpital de référence après deux ans de gestion chaotique.
Depuis la signature du décret du 15 septembre 2001 portant statuts, organisation et fonctionnement du Centre Hospitalier National El Maarouf, ce document a été plusieurs fois violé par le gouvernement. Le ministère de la santé qui a pourtant validé le contenu de ce texte, n’a toujours pas intégré dans ses agissements que le CHN El Maarouf est un établissement public, ayant la personnalité morale de droit public, doté de l’autonomie administrative et financière. Il a continué à violer ces statuts par son ingérence flagrante dans la gestion de cet établissement. Ainsi des membres du Conseil d’Administration ont été nommés et parfois remplacés en violation des dispositions statutaires. La composition des instances dirigeantes de cet établissement sont modifiées sans respecter les dispositions statutaires.
Le processus de recrutement du nouveau Directeur Général sera lancé la semaine prochaine selon le Secrétaire Général du la vice-présidence en charge du Ministère de la santé. Il est fort probable qu’en cette période précédant la campagne électorale des élections des Gouverneurs des iles autonomes et du Président de l’Union, la personne qui sera recrutée aura un profil politique et ne répondra pas aux critères fixés par les statuts. Pour rappel l’article 23 des statuts dispose que la nomination du Directeur Général doit être procédée par un appel public à candidature à travers les médias. Le Directeur Général doit être de nationalité comorienne ayant : (i) un diplôme d’au moins un master en administration sanitaire, sciences sociales en gestion hospitalière ou dans le domaine de la santé, (ii) une expérience d’au moins 5 ans dans le domaine de santé. Une enquête de moralité des services habilités doit être diligentée avant la confirmation par le Conseil d’administration des candidats sélectionnés. La procédure de recrutement du Directeur Général est dirigée par le Conseil d’Administration.
Il est bien beau d’élaborer et d’adopter des textes qui garantissent la transparence et la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques, mais encore faut-il respecter ces textes dans leur mise en œuvre. Ce qui n’est le cas malheureusement dans ce pays.
Par ComoresDroit
Photo ©habarizacomores