Marseille, le 11 août 2015 Monsieur le Ministre, Vous visitez aujourd’hui, Marseille, la deuxième grande ville de France où se trouve...
Marseille, le 11 août 2015
Monsieur le Ministre,
Vous visitez aujourd’hui, Marseille, la deuxième grande ville de France où se trouve un grand nombre de ressortissants Comoriens et Franco-comoriens, faisant de notre ville la capitale de la diaspora comorienne pour le monde. En effet, il y a plus de Comoriens à Marseille qu’à Moroni, capitale de l’Union des Comores.
En tant qu’élue française, issue de la communauté comorienne, je tiens à vous faire part de mon émoi.
Les neuvièmes Jeux des Îles de l’Océan Indien, qui se sont déroulés du 1er au 9 août derniers avaient pour but, comme chaque année, en plus de l’enjeu sportif, d’œuvrer au rapprochement et à la convivialité entre les peuples des différentes régions de cette partie du monde ; mettant de côté les contentieux, dont Mayotte n’est pas le moindre.
Pour votre information, je vous rappelle qu’en 2003, la modification de la Charte des Jeux, et notamment son article 3, a permis aux athlètes mahorais d’être partie intégrante de cet événement sportif, dans le cadre d’un consensus général. Comme vous le savez, à l’époque, cette charte a été signée par la France. C’est donc avec une surprise, partagée par tous les observateurs objectifs, que nous avons constaté, pour l’édition 2015, que les sportifs de Mayotte n’ont pas respecté les termes de la Charte, à savoir : l’utilisation d’un drapeau, ici en l’occurrence celui des Jeux des îles de l’Océan Indien, sans arborer des symboles caractérisant l’État Français (hymne et drapeau). Cet acte constitue un incroyable manque de respect par rapport aux engagements de notre grand pays qu’est la France.
Militante très engagée sur les questions d’intégrité, je suis très attachée au Droit. Cette discipline, reste un outil qui marque les limites et qui s’impose à tous, quelle que soit la situation juridique, administrative et/ou sociale. La liberté et les Droits de l’Homme, voilà ce qui nous différencie de nombreuses autres sociétés humaines et c’est à ce Droit, pilier de la Démocratique, que notre pays se réfère. N’est-il pas la garantie d’un mieux vivre ensemble tant sur le plan national que sur le plan international ?
Ce manquement nous renvoie à un conflit Comores-France qui date de 1976. Comment la France peut-elle condamner sans réserve le référendum rattachant la Crimée à la Russie et trouver légitime le référendum organisé à Mayotte sous administration française, décidant la non-appartenance d’une île comorienne à l’Union des Comores ? D’ailleurs, Monsieur POUTINE a cité Mayotte pour justifier le coup de force en Crimée. Avoir remis au premier plan la situation juridique de Mayotte par un manquement à un engagement signé ne correspond-il pas à une bévue diplomatique, dont le sport aurait certainement pu se passer ?
Monsieur le Ministre, nos concitoyens ont besoin de savoir que leurs dirigeants se conforment au Droit qui s’impose à tous ; c’est donc en tant que Française que j’attends de vous une prise de position enfin claire, en cohérence avec le Droit international et les textes que notre pays a signés.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon engagement pour une France respectueuse du Droit.
Mademoiselle Nouriati DJAMBAE
Conseillère des 15/16èmes arrondissements de Marseille
Conseillère Communautaire Marseille Provence Métropole