Lors d’un reportage à France O, j’ai vu les enfants perdus de Mayotte. On les appelle les Soussous . Ce sont des enfants victimes, victimes...
Lors d’un reportage à France O, j’ai vu les enfants perdus de Mayotte. On les appelle les Soussous. Ce sont des enfants victimes, victimes des victimes, elles aussi victimes, des enfants pauvres des pauvres, frappés par l’anonymat, rongés dans la pauvreté la plus sordide.
Elles sont l’espoir de ceux qui sont sans espoir. Et n’ont d’autre destin, que celui beaucoup plus exigent mais cruel : sortir de l’anonymat de leurs géniteurs anonymes, impuissants, dépourvus de tous. Persécutés là bas par la misère, la misère éducative surtout, tristement. Ces jeunes femmes espéraient en finir là avec leur destin le plus noir. Elles n’ont pas d’autres choix, d’autre seul cri d’espoir que de se laisser à l’abandon, symptôme d’une incapacité à s’assurer, à s’assumer, à diversifier le choix et les moyens de la réussite.
Un peu comme si le temps est fixé à l’avance, fatal, rebelle, indomptable aux forces créatrices. Puis vient la nécessité de la culture de la débrouillardise. Dramatique celle- là, mais imposante de fait. Livrer les enfants à eux-mêmes, c’est comme si parfois les familles renvoient à Dieu le principe de leur maudit destin, ainsi refusent de supporter la vie et la honte.
Image d'illustration. ©la rédaction |
Parce qu’il est difficile, parce que les chemins sont étroits et sinueux, parce que le tunnel est long, parce que les efforts sont au bout. Au bout parce que la vie est un éternel recommencement. Et surtout un champ de bataille du tout paraître. Paraître être là, paraître avoir un sens dans la vie, paraître jusqu’à même disparaître. Livrer les enfants à eux-mêmes, ces enfants perdus de Mayotte, c’est la dernière force de résistance de ceux qui n’ont aucune force que la force de livrer un enfant, une fille là bas, à Mayotte si proche mais lointain. Quel monde vivons-nous ?
Par Msa Ali Djamal