Qu’elle était belle la cérémonie d’ouverture de ces Jeux des Îles ! Un bel hymne à l’amour et à la fraternité ! Une célébration de nos îl...
Qu’elle était belle la cérémonie d’ouverture de ces Jeux des Îles ! Un bel hymne à l’amour et à la fraternité ! Une célébration de nos îles plurielles. Une fête dit-on gâchée par le retrait des Comoriens qui mettent en avant que Mayotte aurait dû défiler lors de cette cérémonie derrière le drapeau des Jeux et non celui de France Océan indien.
On peut comprendre la réaction des Comoriens quand il est question de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale. Ils ont toujours revendiqué leur souveraineté sur Mayotte, comme Maurice quand il est question des Chagos.
On peut comprendre la réaction des Comoriens quand il est question de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale. Ils ont toujours revendiqué leur souveraineté sur Mayotte, comme Maurice quand il est question des Chagos.
Si vous allez aux Comores, pays d’un islam soft, juste à l’extérieur de l’aéroport, vous êtes accueilli par un grand panneau avec cette affirmation : « Mayotte appartient aux Comores. » Le Comité International des Jeux et le comité d’organisation des Jeux portent l’entière responsabilité de ce couac diplomatique retentissant, de cet affront fait aux Comores et aux Comoriens. Ils auraient dû trancher cette question depuis longtemps. Y a-t-il eu un coup de force de dernière minute de la France Océan Indien dans le cadre de ce défilé ?
L’Histoire porte témoignage du refus constant des Comores d’abdiquer leur souveraineté sur Mayotte. Ancienne colonie française, les Comores qui comprennent la Grande Comore, Anjouan, Mohélie et Mayotte ont proclamé leur indépendance en 1975, mais la France a continué à occuper Mayotte. L’occupation de Mayotte par la France a été condamnée en au moins une vingtaine d’occasions et de résolutions de l’Organisation des Nations unies. À la suite d’une consultation en 1976, Mayotte a demandé son rattachement à la France, mais cette consultation n’est pas reconnue ni par les Comores ni par l’Organisation des Nations unies qui s’en tiennent à la résolution 3385 du 12 novembre 1975 de l’ONU qui rejette toute consultation ultérieure en territoire comorien par la France.
Depuis, les Comoriens sont régulièrement en butte à des tracasseries en ce qui concerne des visas pour entrer à La Réunion. Tout comme d’ailleurs les Malgaches et les Seychellois. Si les Mauriciens n’ont pas besoin de visas, ils doivent cependant montrer patte blanche, certificat d’hébergement, certificat d’assurance-voyage et leurs ressources financières pour séjourner à La Réunion aussitôt leur arrivée. Dans le temps, il suffisait d’une adresse dans l’île-soeur pour y entrer. Aux yeux des autorités réunionnaises à l’aéroport de Gillot, les Comoriens, les Malgaches, les Mauriciens sont des citoyens de deuxième zone, des misérables, des traîne-savates.
À ce chapitre, il faut reconnaître la faillite de la Commission de l’Océan Indien, incapable de faire reconnaître les droits des Comoriens, des Malgaches, des Mauriciens et des Seychellois en ce qui concerne leur libre circulation parmi les pays membres de la COI. Alors que la libre circulation des personnes et des biens est un des fondements de la coopération région et de l’entité qu’est la Commission de l’Océan Indien.
Pourtant, nous, peuples du sud-ouest de l’Océan Indien sommes convaincus que nous avons un avenir à bâtir ensemble, pour que l’Indianocéanie, formule littéraire chère à Camille de Rauville et reprise dans la sphère politique, économique et sociale par Pierre Yin, favorable à une coopération régionale basée sur la coproduction, ne soit plus un rêve fou.
Comme nous, Reynolds Michel est d’avis que pour que cet avenir à bâtir ensemble soit approprié pour tous, il convient de mettre en œuvre des mesures concrètes. Dans un article en date du 25 juillet 2014 dans Le Mauricien (Forum), Reynolds Michel écrivait : « Des propositions intéressantes ont été faites lors d’un Colloque organisé par la COI à l’Île Maurice, en juin 2013, notamment : une télévision régionale de la COI ; des études indianocéaniques dès le Secondaire dans toutes nos îles ; des stages à nos ressortissants dans chacune de nos îles ; la co-création culturelle et des spectacles qui tournent, etc. etc.
Mais toutes ces mesures risquent d’être inefficaces si parallèlement le caractère dissymétrique des relations entre les îles ne cesse de s’accentuer, si la réciprocité n’existe pas dans les accords, si tous les habitants de nos îles ne sont pas traités de la même manière. C’est hélas notre situation actuelle ! Cette situation, vous la connaissez bien et elle ne va pas dans le sens de vos discours d’ouverture empreints d’humanisme et dans le sens des discours tenus actuellement sur notre « indianocéanité », « socle et tremplin de notre devenir ».
Elle est surtout contraire à notre histoire indianocéanique et ses valeurs.
Citoyen de cette zone du Sud-Ouest de l’Océan Indien et attaché à cet espace riche d’une histoire, à la fois de détresse et de fertilité interculturelle, je me permets humblement de vous inviter à prendre les mesures concrètes qui s’imposent pour favoriser la libre circulation des personnes par le biais d’une citoyenneté indianocéanique et impliquer nos populations dans la construction de cet « avenir à bâtir ensemble ». Sans participation citoyenne, il n’y aura pas d’intégration régionale porteuse d’espoir. »
ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN | 4 AOÛT, 2015 | PAR JEAN CLÉMENT CANGY