Le problème de l’explosion de la délinquance à Mayotte vient du fait que l’île n’est pas organisé pour répondre aux besoins de sa jeunesse....
Le problème de l’explosion de la délinquance à Mayotte vient du fait que l’île n’est pas organisé pour répondre aux besoins de sa jeunesse. Mayotte a beau être le plus jeune des départements français, mais en ce qui concerne les agressions physiques, les incivilités ou les atteintes aux biens, Mamoudzou, chef-lieu occupe une place de choix dans la liste des villes les plus cambriolées, puisqu’elle est classée quatrième au palmarès. La montée de cette délinquance est devenue progressive et dramatique.
Il est admis par tout le monde, que le sentiment de sécurité est un besoin vital au même titre que boire, manger ou dormir, lorsque ce besoin n’est pas satisfait, une sensation de malaise s’installe, on devient inquiet voire anxieux. Il faut rappeler que depuis les événements de 2011, la délinquance est devenue plus visible et l’atteinte aux biens a fortement augmenté. Ainsi les cambriolages qui représentaient déjà 17 pour cent des faits de criminalité à cette date atteignaient 40 pour cent en 2012 et 58 pour cent en 2013. Quelles sont les causes de cette délinquance en hausse ?
Manifestation à Mayotte, octobre 2011 ©Imaz Presse |
Où sont les élus du conseil départemental, la préfecture et les acteurs de la société civile? Qu’ont –ils fait en amont pour éviter ce phénomène? Il y a un réel souci en ce qui concerne la délinquance des mineurs et les causes sont multiples. Mayotte connaît un changement rapide, qui se caractérise par la coexistence des deux modèles. D’une part une société traditionnelle fondée par l’idéal communautaire et des références religieuses et une société de consommation occidentalisée d’autre part, qui draine son lot d’envies : véhicules, téléphones matériel informatique etc.
Face à cette modernisation brutale de l’île, les parents mahorais ne savent plus comment élever leurs enfants. On est passé trop rapidement d’un modèle communautariste où c’était tout le village qui élevait les enfants à un modèle individualiste qui ne correspond pas à la société mahoraise. On est donc face à un véritable problème d’ordre socioculturel. On constate que cette délinquance des mineurs est d’abord alimentaire dans la plupart des cas: ce sont des jeunes qui volent pour revendre et s’acheter des choses derrière. Il faut construire des centres de détention pour mineurs, où l’on propose un encadrement (scolarité, activité) afin de faciliter leur insertion dans la société.
On a affaire à une population jeune qui souffre, qui n’a pas d’emplois et sortie du système scolaire sans la moindre qualification. Face à ce fléau qui ne cesse de croître, il faut une réaction politique et pourtant on observe une gué-guerre entre l’Etat et le département au sujet des mineurs isolés. Selon une étude réalisée par David Guillot en 2012 de l’association Tama qui s’occupe des mineurs isolés, il y a 3000 ou 4000 mineurs isolés qui sont à Mayotte, le département se dit non responsable de ces chiffres, car c’est la conséquence d’une politique de reconduite à la frontière menée par l’ État à Mayotte . Le cas de ces mineurs isolé est provoqué par l’administration et la préfecture.
Les reconduites se font rapidement à Mayotte que lorsque l’on interpelle quelqu’un à 9h, on peut être sûr qu’à 15h il a quitté le territoire. Les conséquences économiques et sociales sont alarmantes, baisse d’activité pour les entrepreneurs et les responsables des restaurants car les consommateurs ont peur de sortir seul la journée ou le soir. Il est urgent de réunir autour d’une table les pouvoirs publics, les associations, les entrepreneurs et autres organismes concernés et essayer de trouver enfin des solutions concrètes qui soient suivies d’effet. C’est une question cruciale pour la survie de l’économie locale et la population
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY
Mohamed IBRAHIM MIHIDJAY