On fait des discours sur la recherche scientifique aux Comores, mais y en a-t-il une? En ces temps d'incertitudes politiques, la joi...
On fait des discours sur la recherche scientifique aux Comores, mais y en a-t-il une?
En ces temps d'incertitudes politiques, la joie et le bonheur des Comoriens pourraient venir de leur fameuse Université, dont la mauvaise réputation est faite depuis des années. On y voit encore des Professeurs et des Maîtres assistants qui n'ont même pas une Licence ou une Maîtrise, mais dans certains milieux universitaires africains, on remarque tellement de choses saugrenues qu'on se croit vacciné contre les mauvaises surprises. N'a-t-on pas vu Mme Grace Mugabe, épouse de son époux, l'inégalable et inimitable Robert G. Mugabe, obtenir un Doctorat en Philosophie deux mois seulement après son inscription à l'Université de Harare, dont le cher époux est le Chancelier? Cherchez l'erreur. Naturellement, une telle affaire relève d'une immense foutaise, surtout pour celui qui n'avait le droit de préparer une Thèse de Doctorat d'État qu'après une Maîtrise, suivie de deux Certificats d'Études supérieures et d'un Diplôme d'Études supérieures (DÉS), soit 8 ans d'études et de recherches après le Baccalauréat, et surtout si on s'y met vraiment.
Car, les abandons sont nombreux, dans la mesure où ce n'est pas une plaisanterie, et la recherche scientifique n'est pas l'apanage de tout le monde. Alors, comme au Zimbabwe, aux Comores aussi, on a ses petites lubies «scientifiques». On commence par dire qu'on fait de la recherche scientifique, alors que les responsables de l'Université et certains enseignants sont à couteaux tirés, sur le point de se massacrer les uns les autres.
Il n'est jamais fait appel aux chercheurs comoriens installés à l'étranger alors qu'un contrat bien étudié pourrait les rendre plus utiles pour leur pays d'origine. On le fait ailleurs, et cette recette pourrait apporter de bons résultats aux Comores, mais qui y pense? On ne voit personne. Du coup, la «production scientifique» comorienne se limite à une reproduction à la chaîne de travaux sans fin sur le sempiternel et lassant Grand Mariage, notamment de la part de ceux qui s'attribuent des prétentions d'anthropologues et d'historiens sans en avoir la formation et, tordant le cou à l'Histoire, n'hésitent pas à déclarer que les Comores avaient été un pays chiite avant de devenir un pays sunnite, alors que l'Islam a fait son entrée aux Comores à un moment où le Chiisme (10% des Musulmans dans le monde actuel) n'était pas en vigueur à Médine, où les Comoriens ont appris les règles de l'Islam vers 632. C'est de la charlatanerie pure. N'importe qui est chercheur aux Comores, et c'est pour cette raison que les «intellectuels» comoriens ne produisent rien, n'écrivent rien d'intéressant et se prennent pour des vedettes de la recherche scientifique. Que ceux qui contestent ce constat d'échec total et navrant nous disent ce que les «scientifiques» comoriens produisent. Ils produisent quoi, ces gens-là? Rien du tout. Rien d'utile et d'intéressant.
On est quand même obligé de rire quand on apprend que du mardi 24 au jeudi 26 février 2015, le ministère de l'Éducation nationale, l'Université des Comores et l'Organisation arabe pour l'Éducation, la Culture et la Science (ALÉSCO) ont organisé «un atelier de travail sur la préparation des premières journées scientifiques de la Faculté des Sciences et Techniques». Ah oui? Rien que ça? Parce que la recherche scientifique se fait au cours d'un atelier de deux jours? Que c'est sympathique. On dit généreusement aux Comoriens que grâce aux travaux de cet «atelier», les autorités comoriennes vont désormais prendre conscience de la valeur de la recherche scientifique. Et qui va faire cette recherche scientifique, où et avec quels moyens? Si au moins on pouvait dire honnêtement aux Comoriens ce que ces gens-là entendent par «recherche scientifique ou universitaire». Minimisant les dures réalités universitaires comoriennes, Djaé Mdahoma, secrétaire général du ministère de l'Éducation nationale, déclare sans ciller que grâce à l'ALÉSCO, les Comores vont pouvoir «ouvrir les horizons de la connaissance et de la recherche à notre jeune Université afin de l'aider à mieux former et à mieux orienter leurs enseignants-chercheurs en quête de savoir et de savoir-faire». Le même Djaé Mdahoma, très fort en lyrisme tropical, claironne sur la chance et l'opportunité qu'ont les Comores pour «s'affirmer, consolider les connaissances et s'ouvrir au monde de la recherche, source de l'innovation et de la créativité». Ce discours est en déphasage total avec la réalité de l'Université des Comores, qui ne produit rien, et n'est pas en mesure de se montrer utile en matière de production scientifique.
S'adressant au Professeur Abulgasem El-Badri, Directeur de l'ALÉSCO, Djaé Mdahoma pérore et ergote de nouveau: «Votre institution a permis à l'Union des Comores de disposer d'un capital humain capable de jouer un rôle de croissance économique et le développement durable». Où cet homme va-t-il chercher tout ça? Ça ne fait pas sérieux. Pourquoi ne veut-il pas admettre que la recherche scientifique est avant tout une affaire de chercheurs sérieux et aimant la recherche, et non une affaire de fêtards obnubilés par les titres ronflants? En tout cas, il est temps pour les autorités comoriennes de se poser de vraies questions sur une «recherche scientifique» faite par des amateurs qui ne connaissent de celle-ci que le côté bureaucratique, sonnant et trébuchant sachant que celui-ci est tout simplement improductif, surtout dans un pays dont tout le système d'enseignement est paralysé par le manque de volonté, d'imagination et d'initiative de la part des pouvoirs publics. Pendant ce temps, des chercheurs étrangers débarqueront aux Comores pour faire de la recherche scientifique là où les Comoriens ont démissionné et ne disposent pas d'un sou pour faire ce qui est attendu de la recherche universitaire.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 2 mars 2015.