Après 2h00 de délibéré, le tribunal a rendu sa décision dans l’affaire de l’infanticide de Bandrélé jugé en appel devant la cour d’assises. ...
Après 2h00 de délibéré, le tribunal a rendu sa décision dans l’affaire de l’infanticide de Bandrélé jugé en appel devant la cour d’assises. Des peines lourdes et même aggravées par rapport au jugement de première instance.
Des peines lourdes et même aggravées pour la mère et le beau-père du petit Ysack, un enfant de 3 ans décédé en août 2011 à Bandrélé des suites des coups reçus de sa mère et de son beau-père. Mourda Mssa Soilihi, la mère du petit, a été condamnée à 20 ans de prison contre 18 ans en première instance.
Kadaffi Aboudou, le beau-père, écope lui aussi d’une peine de 20 ans de prison, comme lors du premier jugement.
Les deux condamnés devront également verser solidairement 10.000 euros de dommages et intérêts au père biologique de l’enfant et 1.500 euros de frais de justice.
Les derniers mots de la mère de la victime, en larmes à la barre, affirmant ne jamais avoir donné de coups de poing à Ysack n’ont donc pas suffi à convaincre les magistrats et les jurés.
Pour comprendre cette décision, il faut reprendre le fil de cette 2e journée de procès marquée par les plaidoiries et le réquisitoire de l’avocat général.
Dans la matinée, Me Préaubert, l’avocate du père biologique d’Ysack, s’est d’abord livrée à un exercice particulier. Elle a choisi de faire parler le petit garçon : «De battre mon cœur s’est arrêté», a-t-elle commencé. «J’ai eu mal, jusqu’à en mourir. Mais moi, je n’ai rien fait de mal. Je voulais juste recevoir l’amour de ma maman. Je ne veux pas que vous m’oubliiez. Ne m’oubliez pas.»
Indignation, grande tristesse, sentiment d’écœurement, Me Préaubert rappelle «l’horreur indicible», «inadmissible», «injustifiable» même lorsqu’on connait l’enfance des accusés.
«Il n’était pas malade, cet enfant. Dans son carnet de santé, le 12 avril (4 mois avant son décès), il est écrit : ‘Bonne santé. Bonne prise de poids. Propreté acquise. Joue pendant la consultation», rappelle ensuite l’avocat général. La centaine de plaies et de traces de coups sur le corps du petit est donc apparue en quelques semaines, entre juin et le 21 août 2011, date de sa mort.
«J’ai cherché des portions du corps qui n’avaient pas de traces. Je n’en ai pas trouvé beaucoup», relevait Joël Garrigue, l’avocat général, qui rappelait la cause des coups : l’enfant n’était pas propre ce qui provoquait la colère de deux accusés. «Ne cherchez pas un coup mortel au milieu d’une centaine, en réalité, ce qui a tué cet enfant, c’est le coup de grâce», au bout d’un long processus.
Rappelant la peine de 18 ans pour la mère et de 20 ans pour le beau-père en première instance, il concluait en demandant une peine de 20 ans pour chacun des deux. «Je peine à trouver qu’une mère doit être moins responsable que son compagnon.»
Les avocats de la défense n’étaient évidemment pas sur cette ligne. Me Simon, l’avocat de Kadaffi Aboudou insistait sur le fait que son client n’a jamais donné de coup à la tête et ne pourrait donc pas être l’auteur des blessures ayant entrainé l’œdème cérébral et la mort.
Les deux avocats se sont tout de même retrouvés sur le côté «excessif» des peines prononcées en première instance. Et Me Simon de citer des jugements récents en métropole pour de multiples infanticides : 5 ans de prison, 12 ans, 9 ans… «Pourquoi à Mayotte devrait-on être plus sévère qu’en métropole ?» s’interrogeait-il.
Me Chauvin mettait également en garde contre les références socio-culturelles différentes : un enfant et des parents ne se comportent pas de la même façon en métropole et à Mayotte. Et finalement, revenant sur la vie de sa cliente, il interrogeait le tribunal : «Vous avez déjà entendu un parcours de vie de cette nature?»
Mourda Mssa Soihili va donc repartir à Domenjod, la prison de Saint-Denis de La Réunion, pour continuer à purger sa peine. Elle a commencé à suivre une formation pour passer un CAP de couture. Elle est suivie par un psychologue, qui la voit, à sa demande, chaque semaine.
Kadaffi Aboudou va retourner à Majicavo. Lui aussi suit actuellement une formation sur les réseaux internet. Il suit des cours de Français et va à la bibliothèque deux fois par semaine. Il est également suivi par un psychologue.
Ysack était «le vilain petit canard» de la famille indiquait un expert. Me Préaubert rappelait qu’à la fin du conte, le vilain petit canard se transforme en cygne pour s’envoler. Cette fois-ci, la fin de l’histoire est malheureusement ici bien différente.
RR
Le Journal de Mayotte
Des peines lourdes et même aggravées pour la mère et le beau-père du petit Ysack, un enfant de 3 ans décédé en août 2011 à Bandrélé des suites des coups reçus de sa mère et de son beau-père. Mourda Mssa Soilihi, la mère du petit, a été condamnée à 20 ans de prison contre 18 ans en première instance.
Kadaffi Aboudou, le beau-père, écope lui aussi d’une peine de 20 ans de prison, comme lors du premier jugement.
Les deux condamnés devront également verser solidairement 10.000 euros de dommages et intérêts au père biologique de l’enfant et 1.500 euros de frais de justice.
Les derniers mots de la mère de la victime, en larmes à la barre, affirmant ne jamais avoir donné de coups de poing à Ysack n’ont donc pas suffi à convaincre les magistrats et les jurés.
Pour comprendre cette décision, il faut reprendre le fil de cette 2e journée de procès marquée par les plaidoiries et le réquisitoire de l’avocat général.
«De battre mon cœur s’est arrêté»
Dans la matinée, Me Préaubert, l’avocate du père biologique d’Ysack, s’est d’abord livrée à un exercice particulier. Elle a choisi de faire parler le petit garçon : «De battre mon cœur s’est arrêté», a-t-elle commencé. «J’ai eu mal, jusqu’à en mourir. Mais moi, je n’ai rien fait de mal. Je voulais juste recevoir l’amour de ma maman. Je ne veux pas que vous m’oubliiez. Ne m’oubliez pas.»
Indignation, grande tristesse, sentiment d’écœurement, Me Préaubert rappelle «l’horreur indicible», «inadmissible», «injustifiable» même lorsqu’on connait l’enfance des accusés.
«Il n’était pas malade, cet enfant. Dans son carnet de santé, le 12 avril (4 mois avant son décès), il est écrit : ‘Bonne santé. Bonne prise de poids. Propreté acquise. Joue pendant la consultation», rappelle ensuite l’avocat général. La centaine de plaies et de traces de coups sur le corps du petit est donc apparue en quelques semaines, entre juin et le 21 août 2011, date de sa mort.
Le coup de grâce
«J’ai cherché des portions du corps qui n’avaient pas de traces. Je n’en ai pas trouvé beaucoup», relevait Joël Garrigue, l’avocat général, qui rappelait la cause des coups : l’enfant n’était pas propre ce qui provoquait la colère de deux accusés. «Ne cherchez pas un coup mortel au milieu d’une centaine, en réalité, ce qui a tué cet enfant, c’est le coup de grâce», au bout d’un long processus.
Rappelant la peine de 18 ans pour la mère et de 20 ans pour le beau-père en première instance, il concluait en demandant une peine de 20 ans pour chacun des deux. «Je peine à trouver qu’une mère doit être moins responsable que son compagnon.»
Les avocats de la défense n’étaient évidemment pas sur cette ligne. Me Simon, l’avocat de Kadaffi Aboudou insistait sur le fait que son client n’a jamais donné de coup à la tête et ne pourrait donc pas être l’auteur des blessures ayant entrainé l’œdème cérébral et la mort.
Pondérer les peines
Les deux avocats se sont tout de même retrouvés sur le côté «excessif» des peines prononcées en première instance. Et Me Simon de citer des jugements récents en métropole pour de multiples infanticides : 5 ans de prison, 12 ans, 9 ans… «Pourquoi à Mayotte devrait-on être plus sévère qu’en métropole ?» s’interrogeait-il.
Me Chauvin mettait également en garde contre les références socio-culturelles différentes : un enfant et des parents ne se comportent pas de la même façon en métropole et à Mayotte. Et finalement, revenant sur la vie de sa cliente, il interrogeait le tribunal : «Vous avez déjà entendu un parcours de vie de cette nature?»
La vie en prison
Mourda Mssa Soihili va donc repartir à Domenjod, la prison de Saint-Denis de La Réunion, pour continuer à purger sa peine. Elle a commencé à suivre une formation pour passer un CAP de couture. Elle est suivie par un psychologue, qui la voit, à sa demande, chaque semaine.
Kadaffi Aboudou va retourner à Majicavo. Lui aussi suit actuellement une formation sur les réseaux internet. Il suit des cours de Français et va à la bibliothèque deux fois par semaine. Il est également suivi par un psychologue.
Ysack était «le vilain petit canard» de la famille indiquait un expert. Me Préaubert rappelait qu’à la fin du conte, le vilain petit canard se transforme en cygne pour s’envoler. Cette fois-ci, la fin de l’histoire est malheureusement ici bien différente.
RR
Le Journal de Mayotte