Bouleversement dans le monde de la peste. Alors que l’épidémie fait rage à Madagascar, des chercheurs remettent en question le mode d'in...
Bouleversement dans le monde de la peste. Alors que l’épidémie fait rage à Madagascar, des chercheurs remettent en question le mode d'infection. La bactérie circule seule jusqu'aux ganglions.
C’est un fléau associé au Moyen-Âge, mais toujours vivace dans certaines régions du monde. La peste bubonique fait actuellement des ravages sur l’île de Madagascar. Une étude, publiée dans la revue PLOS Pathogens, bouleverse la conception de cette maladie transmise par les puces.
Jusqu’ici, la communauté scientifique a considéré que la bactérie à l’origine de la peste, Yersinia pestis, détournait des cellules hôtes pour parvenir jusqu’aux ganglions lymphatiques, où elle se multiplierait. Les Pr Rodrigo Gonzales et Virginia Miller, de l’Ecole de médecine de l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis), ont parcouru la littérature pour rechercher des preuves que Yersinia pestis phagocyte les cellules hôtes. Mais ils n’ont rien découvert.
L’équipe a donc mis au point un modèle de peste en laboratoire. Les chercheurs ont créé 10 séquences d’ADN particulières qu’ils ont ajouté aux chromosomes du bacille de la peste et les ont injectées à des souris. L’injection imite une piqûre de puce, à l’origine de l’infection, qui ne traverse pas toutes les couches de la peau. Les séquences d'ADN ont permis de traquer l’avancée des bactéries dans l’organisme.
Yersinia pestis ne phagocyte pas les cellules hôtes, comme le pensaient les scientifiques. Elles circulent pas elles-mêmes jusqu’aux ganglions lymphatiques, et en petit nombre. En effet, la piqûre de puce crée un goulet d’étranglement qui empêche la plupart des bacilles de passer. « Seules une ou deux des dix bactéries sont parvenues jusqu’aux ganglions lymphatiques.
Mais elles y sont parvenues rapidement – en cinq à dix minutes après l’introduction de la bactérie », résume le Pr Virginia Miller. « Nous savons que si une bactérie circule sur une cellule hôte, elle ne le fait pas aussi rapidement, car les cellules hôtes sont lentes ; elles rampent jusqu’au système lymphatique au lieu de circuler comme un fluide, comme les bactéries le font. »
Une fois parvenus aux ganglions lymphatiques, les bacilles de la peste déclenchent l’infection et les symptômes. Il est donc crucial d’agir avant. Les chercheurs espèrent qu’avec ces nouveaux résultats, ils pourront définir de nouvelles cibles. « Si nous parvenons à comprendre comment l’hôte et la bactérie contribuent à la formation du bouchon, on obtiendra une cible », estime le Pr Miller. « Nous pourrions donc accélérer ce qui cause la formation du bouchon ou ralentir l’infection. »
L’espoir est d’autant plus important qu’à Madagascar, l’épidémie est favorisée par la résistance des puces à l’insecticide deltaméthrine. Pour rappel, le rat est porteur de la peste, transmise à l'homme par cet insecte. Depuis août 2014, la peste bubonique a infecté 263 personnes sur l’île, et causé 71 décès. La maladie est loin d’être éteinte : 25 pays dans le monde seraient touchés. Et selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 40 000 cas ont été recensés entre 1991 et 2006. Les pays développés ne sont pas épargnés : chaque année, quelques habitants des Etats-Unis sont infectés.
Par Audrey Vaugrente avec la rédaction
C’est un fléau associé au Moyen-Âge, mais toujours vivace dans certaines régions du monde. La peste bubonique fait actuellement des ravages sur l’île de Madagascar. Une étude, publiée dans la revue PLOS Pathogens, bouleverse la conception de cette maladie transmise par les puces.
Une infection avec peu de bactéries
Jusqu’ici, la communauté scientifique a considéré que la bactérie à l’origine de la peste, Yersinia pestis, détournait des cellules hôtes pour parvenir jusqu’aux ganglions lymphatiques, où elle se multiplierait. Les Pr Rodrigo Gonzales et Virginia Miller, de l’Ecole de médecine de l’université de Caroline du Nord (Etats-Unis), ont parcouru la littérature pour rechercher des preuves que Yersinia pestis phagocyte les cellules hôtes. Mais ils n’ont rien découvert.
L’équipe a donc mis au point un modèle de peste en laboratoire. Les chercheurs ont créé 10 séquences d’ADN particulières qu’ils ont ajouté aux chromosomes du bacille de la peste et les ont injectées à des souris. L’injection imite une piqûre de puce, à l’origine de l’infection, qui ne traverse pas toutes les couches de la peau. Les séquences d'ADN ont permis de traquer l’avancée des bactéries dans l’organisme.
Yersinia pestis ne phagocyte pas les cellules hôtes, comme le pensaient les scientifiques. Elles circulent pas elles-mêmes jusqu’aux ganglions lymphatiques, et en petit nombre. En effet, la piqûre de puce crée un goulet d’étranglement qui empêche la plupart des bacilles de passer. « Seules une ou deux des dix bactéries sont parvenues jusqu’aux ganglions lymphatiques.
Mais elles y sont parvenues rapidement – en cinq à dix minutes après l’introduction de la bactérie », résume le Pr Virginia Miller. « Nous savons que si une bactérie circule sur une cellule hôte, elle ne le fait pas aussi rapidement, car les cellules hôtes sont lentes ; elles rampent jusqu’au système lymphatique au lieu de circuler comme un fluide, comme les bactéries le font. »
40 000 malades entre 1991 et 2006
Une fois parvenus aux ganglions lymphatiques, les bacilles de la peste déclenchent l’infection et les symptômes. Il est donc crucial d’agir avant. Les chercheurs espèrent qu’avec ces nouveaux résultats, ils pourront définir de nouvelles cibles. « Si nous parvenons à comprendre comment l’hôte et la bactérie contribuent à la formation du bouchon, on obtiendra une cible », estime le Pr Miller. « Nous pourrions donc accélérer ce qui cause la formation du bouchon ou ralentir l’infection. »
L’espoir est d’autant plus important qu’à Madagascar, l’épidémie est favorisée par la résistance des puces à l’insecticide deltaméthrine. Pour rappel, le rat est porteur de la peste, transmise à l'homme par cet insecte. Depuis août 2014, la peste bubonique a infecté 263 personnes sur l’île, et causé 71 décès. La maladie est loin d’être éteinte : 25 pays dans le monde seraient touchés. Et selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 40 000 cas ont été recensés entre 1991 et 2006. Les pays développés ne sont pas épargnés : chaque année, quelques habitants des Etats-Unis sont infectés.
Par Audrey Vaugrente avec la rédaction