La flagornerie et la langue de bois du thuriféraire de l’État tranchent trop avec la vérité. Aux Comores, la paternité des termes «...
La flagornerie et la langue de bois du thuriféraire de l’État tranchent trop avec la vérité.
Aux Comores, la paternité des termes «lèche-bottiste» et «lèche-bottisme» est à attribuer au jeune pressé qu’est Mohamed Daoudou dit «Kiki», Président emblématique du Parti Orange, aujourd’hui confronté à un grand problème de représentativité électorale nationale. Quand le leader du Parti Orange a lancé ses termes meurtriers dans la terminologie politique nationale, il tançait cruellement Azali Assoumani en juillet 2014, estimant que l’ancien Président en faisait des tonnes pour entrer dans les bonnes grâces du régime politique actuel. Ce qu’il a d’ailleurs réussi, puisqu’il est arrivé à se faire adouber et à devenir le dauphin du moment du pouvoir politique en place.
Mais, Mohamed Abdou Soimadou, Directeur général du journal gouvernemental Al-Watwan, où il règne en dictateur passéiste et ultraconservateur, passé des idées révolutionnaires explosives au béni oui-oui politique et éditorial, n’a pas tardé à dire que question «lèche-bottisme», il fallait oublier la première place, sur laquelle il pose jalousement un regard de propriétaire. Ceci est d’autant plus vrai que notre grand Professeur de français au Lycée de Fomboni, à qui nous devons beaucoup, a sorti la grosse artillerie éditoriale pour affirmer ce que tout le monde savait déjà: thuriféraire officiel du régime politique en place, il est le meilleur en matière de langue de bois.
Mais, Mohamed Abdou Soimadou, Directeur général du journal gouvernemental Al-Watwan, où il règne en dictateur passéiste et ultraconservateur, passé des idées révolutionnaires explosives au béni oui-oui politique et éditorial, n’a pas tardé à dire que question «lèche-bottisme», il fallait oublier la première place, sur laquelle il pose jalousement un regard de propriétaire. Ceci est d’autant plus vrai que notre grand Professeur de français au Lycée de Fomboni, à qui nous devons beaucoup, a sorti la grosse artillerie éditoriale pour affirmer ce que tout le monde savait déjà: thuriféraire officiel du régime politique en place, il est le meilleur en matière de langue de bois.
Le vendredi 30 janvier 2015, emporté par sa belle plume, il n’a pas hésité à affirmer le contraire de ce que le monde entier a constaté au sujet des élections scélérates qui ont été organisées le dimanche 25 janvier 2015. Ce qu’il a écrit à ce sujet dans un article au goût de bonbon à la fraise et joliment intitulé «Les enjeux du deuxième tour» est tout simplement horripilant et décapant: «Les résultats provisoires des élections législatives nationales ont été publiés hier par la Commission électorale nationale indépendante. Monsieur Djaza et son équipe, les démembrements insulaires et communaux de la CÉNI, toutes les institutions en charge du processus électoral, sont salués par tous pour avoir relevé le défi que beaucoup jugeaient hautement improbable d’organiser ces scrutins dans le calme et la sérénité. L’ensemble des missions d’observation étrangères ainsi que l’Observatoire national des Élections ont unanimement reconnu la régularité, la sincérité et la transparence des opérations, malgré les quelques anomalies constatées ici et là».
Quelle classe! Les termes employés par Mohamed Abdou Soimadou font directement entrer les Comores dans le panthéon des démocraties scandinaves: «Calme», «sérénité» (mot répété deux fois), «régularité» et «transparence». Cocorico! Cocorico! Les Comoriens sont très fiers de leur régime politique national, qui accède au rang d’une démocratie scandinave du jour au lendemain, alors que les grincheux, les jaloux, les envieux et les aigris jugeaient «hautement improbable» le défi d’organiser les scrutins du dimanche 25 janvier 2015 «dans le calme et la sérénité», alors que tout le monde allait trouver que les élections en question étaient marquées par «la sincérité et la transparence des opérations». Naturellement, Mohamed Abdou Soimadou aurait été plus conséquent avec la réalité électorale s’il avait pris en considération les réactions indignées des partis politiques, de la blogosphère comorienne et de l’homme de la rue. En effet, en dehors des cercles du pouvoir, les Comoriens jugent que ces élections ont été une immense mascarade, qu’il aurait fallu reporter à une date ultérieure, quand toutes les conditions d’une vraie élection auraient être réunies. Or, l’ancien révolutionnaire, emporté par une forte envie de plaire, a tout faux. Tout. L’Observatoire national des Élections dispose de quelle latitude d’action pour déclarer urbi et orbi que la plus grande mascarade électorale des Comores est une réussite? Que dire des «missions d’observation étrangères»?
Visiblement, le bon Mohamed Abdou Soimadou n’a pas tenu compte des 20.000 cartes d’électeurs qui étaient en double, des milliers de Comoriens qui n’ont pu voter à défaut de leur inscription sur les listes électorales, des milliers de Comoriens qui n’ont pu voter faute de leurs cartes électorales (30% des électeurs), des milliers de Comoriens qui ont pu voter deux fois, des 12 bureaux de vote fantômes créés ex-nihilo, des 600 millions de francs comoriens qui ont circulé sur l’île de Mohéli, des sacs de riz distribués partout, au vu et au su de tout le monde, des emplois sur mesure attribués à tour de bras pour inciter les gens à voter pour les candidats du pouvoir en place, des licenciements abusifs des récalcitrants qui ont exprimé leur choix en faveur de candidats autres que ceux adoubés par le régime politique en place, de la rétention des procès-verbaux des bureaux de vote de Grande-Comore, des milliers d’électeurs déportés dans d’autres circonscriptions électorales, des 7.000 procurations fallacieuses du Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore, dont celle de son chauffeur mort en 2014, des 4.000 fausses procurations du Gouverneur Mohamed Ali Saïd de Mohéli, de l’usage éhonté des moyens de l’État. Mohamed Abdou Soimadou se focalise sur «le calme et la sérénité», dans un pays qui ne traîne aucune réputation de bellicisme et de violence. Une fois de plus, il sied de noter qu’une fraude électorale s’organise en amont et en aval des opérations électorales, et c’est ce qui a été fait dans le cadre des élections du dimanche 25 janvier 2015.
Et, comme s’il n’avait pas assez dit, voilà le même Mohamed Abdou Soimadou qui se lance dans une nouvelle aventure, en affirmant sans aucune forme de précaution de langage: «Et d’abord la démocratie comorienne, que chacun souhaite voir sortir de ce triple scrutin plus consolidée, plus sereine et plus saine. En confirmant sur l’échiquier politique les grands partis connus et reconnus comme tels, les électeurs ont envoyé un message clair. Malgré un certain désamour pour les partis et leurs dirigeants, les Comoriens ont montré qu’ils restent attachés aux partis comme des institutions essentielles pour la démocratie. Il appartient maintenant aux dirigeants de se montrer à la hauteur de cette confiance qui leur est ainsi renouvelée.
Invitation est ainsi directement faite aux autorités gouvernementales de continuer la tâche historique entamée de structuration et d’organisation du paysage politique à travers une plus large législation pour mieux encadrer l’existence, la vie et les activités des partis politiques». Ah bon! Parce qu’elle existe, la «démocratie comorienne»? En plus, elle est «plus consolidée, plus sereine et plus saine»? Où Mohamed Abdou Soimadou a-t-il vu tout ça, et où va-t-il chercher tout ça? Ça ne fait pas sérieux! Où Mohamed Abdou Soimadou a-t-il vu que les Comoriens «restent attachés aux partis» et que ces carcans étaient des «institutions essentielles pour la démocratie», cette fameuse «démocratie comorienne»? Où a-t-il vu que les Comoriens faisaient «confiance» à ces carcasses d’hyènes du Ferlo, au Sénégal? Où a-t-il vu que «les autorités» ont accompli une «tâche historique», en organisant une immense fraude électorale? Comment les Comores peuvent-elles assurer la «restructuration et l’organisation du paysage politique» dans le vol du suffrage du peuple comorien? S’agissant de la «large législation pour mieux encadrer l’existence, la vie et les activités des partis politiques», tout le monde sait qu’il s’agit d’une loi liberticide et tout à fait inutile.
Naturellement, Mohamed Abdou Soimadou est dans son rôle quand il jette des fleurs sur le gouvernement. Seulement, pour sa propre crédibilité, il gagnerait à ne pas se comporter en Directeur de l’ancienne Pravda soviétique parce que les réalités vécues sur le terrain infirment toutes ses belles certitudes sur la «démocratie comorienne». Il y a des moments, le thuriféraire d’un gouvernement aux abois a intérêt à se casser la jambe et à se taire. Mohamed Abdou Soimadou aurait pu s’inventer une maladie diplomatique, rester chez lui à Mbéni pendant cette période électorale, pour éviter d’assumer le rôle peu envieux d’avocat du diable électoral. Quand un éditorialiste perd la confiance du peuple, c’est tout son média qui en pâtit. Espérons que pour le second tour des élections, le brave Mohamed Abdou Soimadou pourra trouver une excuse qui lui permettra d’éviter d’écrire des contrevérités qui feront douter de lui, lui qui est persuadé qu’il lui faudra absolument écrire des articles signalant que «les quelques irrégularités constatées ici et là ne sont pas de nature à entacher la sincérité du scrutin». Il a dit à sa manière, par sa formule «malgré les quelques anomalies constatées ici et là». Comme quoi, quand on veut mentir, on n’est jamais à court de formules lapidaires.
Par ARM