Face à l’horreur provoquée par des actes terroristes sous couvert religieux, le Grand Cadi de Mayotte exprime sa solidarité, et surtout le f...
Face à l’horreur provoquée par des actes terroristes sous couvert religieux, le Grand Cadi de Mayotte exprime sa solidarité, et surtout le ferme rejet d’actes guidés par l’obscurantisme. L’amalgame gagne pourtant avec plusieurs mosquées menacées.
Dans un contexte agité, les cadis de
Mayotte reprennent leur bâton de pèlerin pour se rendre en métropole.
« Nous souhaitons expliquer ce qu’est véritablement le djihad »,
rapporte au JDM El Mamouni Mohamed Nassur, Chargé de Mission sur
l’avenir de la Justice Cadiale de Mayotte.
Il a adressé aux médias un communiqué de
réaction du Grand Cadi : « Le Monde entier, toute croyance confondue et
toute origine, retiendra cette date du 7 janvier2015, en effroi, comme
le jour de l’horreur et de la plus grande barbarie tant le crime
perpétré contre les journalistes de Charlie Hebdo et des policiers
constitue l’une des plus horribles agressions, portée contre la liberté
d’expression, une valeur profonde et fondatrice de l’Islam ».
El Mamouni Mohamed Nassur devant la mosquée de Tsingoni |
Depuis les attentats terroristes commis
contre les journalistes du journal satirique, les imams et spécialistes
du monde musulmans se succèdent dans les médias pour contrer l’amalgame
qui monte. Rien n’y fait, la confusion est grande, et les musulmans se
voient pointés du doigt.
Impacts de balles, inscriptions
blasphématoires, voire racistes, différents lieux de cultes musulmans
sont salis depuis les attentats : les mosquées d’Aix-les-Bains, de
Bayonne, ce Corte (Corse), du Pas-de Calais, de Rennes, de Nantes et
bien d’autres, subissent des agressions.
La liberté étouffée par l’obscurantisme
Des faits commis alors même que les
musulmans dénoncent ces extrémistes qui se disent dévots, peu
reconnaissants envers une République française qui les a nourris :
« C’est donc une violence criminelle portée contre la République
française dans ce qu’elle a de plus profond dans son âme mais c’est
aussi l’Islam qui est touché de plein fouet dans son fondement : la
liberté de croire, de s’exprimer, de penser et d’écrire, violentée aussi
sauvagement par des criminels guidés par des sentiments de nuisance et
de haine contre une société qui les a vus naitre et grandir et à
laquelle ils n’ont pas su intégrer par obscurantisme », poursuit le
Grand Cadi.
Menée par El Mamouni Mohamed Nassur, la
délégation se rendra tout d’abord à Marseille le 15 janvier, où la
communauté mahoraise musulmane est importante. C’est dans la ville
phocéenne qu’elle entamera sa série de conférences sur le thème du
« Djihad des temps modernes », qui les mènera à Mazamet (Tarn) le 17, à
Lyon, Limoges puis Paris le 23 où ils ont l’intention de se rendre sur
les lieux de la fusillade contre Charlie Hebdo, et de rencontrer le
recteur de la Mosquée du Vendredi.
« Il n’y a plus de guerres saintes »
« Le Djihad, c’est se combattre soi-même
en se maitrisant pour ne pas faire le mal », rappelle le religieux,
« il n’y a plus de guerre sainte. Lorsque Mahomet parle de Djihad, c’est
par la prière et la Sciences. Il a d’ailleurs désigné les scientifiques
comme ses dignes héritiers ».
« La main criminelle qui a frappé
Charlie n’est rien d’autre que celle de l’ignorance qui fanatise et
pousse l’être à refuser l’autre et considérer la différence comme un
rébus et non une richesse. C’est uni que nous vaincrons cet ennemi de
l’homme et l’humanité. Et c’est ensemble, c’est vrai, que nous vaincrons
l’adversité et gagnerons cette guerre déclarée par le radicalisme de
toute forme », poursuit la Déclaration de presse Charlie Hebdo des cadis.
C’est une « paix sociale » que la
délégation va prêcher selon ses propres termes : « Les cadis de Mayotte
condamnent fermement cette horrible horreur et demandent à l’ensemble
des musulmans de faire prière pour le grand pardon mais surtout
d’organiser des actions de contre-attaque bâties sur la prévention qui
enseigne et valorise surtout l’esprit de tolérance de fraternité et de
paix sociale qui fondent l’Islam ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte