Du grand salon de l’emploi aux assises nationales sur la vie chère, en passant par celles consacrées à l’Education nationale, les initi...
Du grand salon de l’emploi aux assises nationales sur la
vie chère, en passant par celles consacrées à l’Education nationale, les
initiatives se sont multipliées ces dernières années sans vraiment
réussir à proposer des solutions pérennes à ces problèmes sociaux et
économiques. La campagne électorale, qui bat son plein, fait-elle
écho ces préoccupations urgentes ? Les propositions des 805 candidats
présents aux prochaines élections législatives, des
conseillers communaux et insulaires sont-elles à la hauteur des
préoccupations sociales nationales ?
« Al-watwan » s’est approché de
trois acteurs de la société civile comorienne pour connaître leurs avis
et des attentes, si attente y est, de leurs organisations respectives.
Des questions telles la crise énergétique, le chômage des jeunes,la vie
chère, la précarité du système sanitaire et éducatif
comorien trouvent-elles des réponses dans les programmes des centaines
des partis politiques en compétition pour ce triple scrutin ?
Nasser Assoumani, directeur de l’Ong Maeecha, qui œuvre dans l’éducation, la santé et les droits des enfants.
« Je
n'ai pas encore eu connaissance des programmes mais en tout cas de
manière générale, ce sont des question qui sont très peu traités par nos
politiciens. Le constat général c'est que tous les candidats sont à la
course pour gagner une victoire. Si je m'attends à des changements c'est
plus à la suite du scrutin communal, car c'est en cela qu'on pourra bâtir
des sociétés citoyennes, des services de base répondant aux besoins de
population. Mais à vrai dire on n'est encore loin […]. De manière
générale,nous avons deux secteurs fondamentaux qui méritent des
solutions immédiates et rapides: de l'eau et de l'électricité pour tous.
[ …] Il y a des pistes d'actions pour sauver l'éducation, surtout
l’éducation de base. Il faut commencer par encourager la
responsabilisation de l'éducation aux services déconcentrés et
décentralisé de l'Etat, tout en impliquant d'avantage la population à la
gestion de l'école. Ensuite, il faut absolument qu'on refasse
un diagnostic sur les ressources humaines dédiées à l'éducation. Pour
moi,l'éducation n'est pas dotée des personnels compétents. Le métier
d'enseignant est devenu est métier secondaire, donc un métier par défaut.
Pour le secondaire, il faut favoriser les filières professionnelles pour
désengorger l'enseignement général et favoriser l'orientation des jeunes
vers des métiers porteurs. Quant l'enseignement supérieur, il faut
qu'on offre ce qu'on peut réellement offrir. C'est à dire il faut qu'on
revienne à l'ancienne à stratégie de l’Enes (École nationale d'Enseignement
supérieur). »
M’sahazi Hakika, secrétaire générale de la Fédération comorienne des organisations de la Société civile.
« Je
ne sais pas si pour ce sélections, il y a ou en aura des candidats qui
ont ou vont proposer des programmes de politique d’orientation pouvant
rassurer les électeurs comoriens puisque cela n’a presque jamais été le
cas. Si plusieurs d’entre les candidats sont jusqu’ici élus, ce n’est pas
à la base d’un programme préétablie, solide mais plutôt sur des
considérations insignifiantes telles que par exemple« Nari voti ye
moina ; ye shimedji et j’en passe » ou tout simplement sont élus parce
qu’ils étaient pourvus de gros moyens financiers. La crise dont traverse
le pays est le résultat de la mauvaise gouvernance et de l’insouciance
des dirigeants que nous élisons. La société comorienne doit comprendre
qu’elle a une grande responsabilité de ce qu’est devenu le pays. Sur ce,
la Société Civile aurait sollicité d’urgence, que les électeurs
comoriens se ressaisissent enfin et aillent voter massivement en
choisissant des candidats dont le passé n’est pas entaché et que leur
présent et leur futur soient jugés, épurés. En somme, des candidats
qui seront à l’écoute du peuple pour qu’enfin une nouvelle ère
plus démocratique s’ouvre pour donner la chance à tous. Les électeurs
comoriens doivent donner leur voix à ceux qui sauront mettre en place des
actions de partenariat ou de coalitions pour des activités de promotion
et de défense des droits humains pour une amélioration des conditions
d’existence des citoyens. Les comoriens doivent donner leur voix à ceux
qui sauront privilégier la voie du dialogue entre le gouvernement et la
société civile car les nombreux problèmeset croissants que traverse le
pays n’auront pas de solution sans le dialogue etl’intercompréhension.»
Said Mchangama, président de la Fédération Comorienne des Consommateurs
«Je
n’ai pas encore vu, en ce qui me concerne, de programme de parti, ni
remarqué dans les discussions autour de moi un ou des thèmes dominants
issus de la campagne et portés par un ou des partis. On attendrait de
partis qui postulent légitimement au pouvoir des propositions
de solutions à la crise énergétique, à la vie chère, aux
pénuries récurrentes de produits de première nécessité, à l’incapacité de
l’Etat de faire respecter la loi. Pour la Fcc, les urgences sont
l’énergie, la baisse des taux de crédit, la régularité et la fluidité
des transports internes, le coût des denrées alimentaires de première
nécessité, l’accès à la justice. Les grands chantiers sont la santé,
notamment l’hygiène, la santé familiale et l’accès aux services de base,
la mise aux normes du système éducatif et un programme de mise à niveau
des enseignants,une justice transparente, équitable, accessible au
citoyen et notre intégration à l’Afrique de l’Est et australe.
J’ajouterai les Technologies de l’information et de la communication. A
mon avis, l’émiettement et l’anarchie toujours croissants du système
éducatif sont plus qu’un problème de développement ; ils constituent un
frein à la consolidation de la Nation,à la construction de l’Etat et
amplifient les particularismes et divisions de toutes sortes.
Cette
situation accroit chaque année la maîtrise des services de l’état et
même des services privés et du secteur libéral par une pseudo élite dont
la majorité est mal formée, sans expérience, irresponsable et
incapable de satisfaire les besoins des citoyens et
des consommateurs qui les paient. […] La Fcc n’aime pas
les affirmations tapageuses et la démagogie. La première partie de
l’année, nous allons nous allier avecd’autres forces pour
constituer des fronts de propositions et de combat sur les questions
urgentes citées. Mais pour l’électricité, il nous faut une société Mamwe
ou autre, gérée professionnellement, capable de respecter un cahier
de charges répondant aux besoins de ses clients. Il y a mille études
là-dessus. Ils’agit d’une volonté gouvernementale. Pour les produits
alimentaires,l’état national et les services insulaires doivent faire
respecter les prix homologués. A titre d’exemple :le prix du riz
populaire Onicor est fixé par la société à 350 francs maximum selon la
cargaison. Or même à Moroni à400 Fc et dans certains villages à 450
francs. Il y a deux ans des patrouilles communes Police- service de
prix et Fcc ont patrouillé auprès des boutiques ce qui avait maintenu
le prix de denrées homologuées, mais après quelques semaines,
les représentants de l’Etat ont abandonné arguant qu’on ne leur
attribuait pas des indemnités. Pour le taux de crédit, la Fcc a eu
des entretiens avec le gouverneur de la Banque Centrale et le président
de l’Association des banques et Institutions financières. Il faut que
soit défini un taux d’usure, et que soit mis en place un observatoire
des banques,puisqu’un consensus existe. »
Propos recueillis par
Ks
Journaliste à Al watwan
(Une partie de ces entretiens est parue dans le numéro n°2592 du vendredi 9 janvier 2014)