Il pense à ce scrutin majeur et de la dernière chance, et pas seulement en se rasant le matin . Quelques initiés triés sur le volet étaient...
Il pense à ce scrutin majeur et de la dernière chance, et pas seulement en se rasant le matin.
Quelques initiés triés sur le volet étaient informés de la diffusion de l’interview de très haut niveau que le Général Salimou Mohamed Amiri a accordée à Olivier Rogez de Radio France Internationale (RFI) dans la matinée polaire de ce dimanche 7 décembre 2014. La chose était plus facile à gérer pour et par les travailleurs nocturnes qui, à 5 heures 45 de France, heure de sa première diffusion, étaient bien éveillés et attendaient avec impatience, fébrilité et plaisir devant leurs postes de radio, leurs téléphones portables et leurs ordinateurs. Ce qui frappe en premier lieu sur cette belle interview, c’est le degré élevé d’érudition de l’ancien chef d’État-major de l’Armée nationale de Développement (AND) des Comores, son français «bon père de famille», très éloigné du gloubi-boulga d’Azali Assoumani l’autre jour sur RFI, un Azali Assoumani dont le niveau de français est celui d’un moujik – que fait son «Conseiller en communication» quand il ne se livre pas à des singeries de singe sur Internet, que les gens sérieux ne lisent jamais? –, et enfin, la maîtrise des enjeux de Défense et de sécurité en Afrique par le Général Salimou Mohamed Amiri. Comme il s’agit d’une interview pleine d’enseignement et qui nous interpelle, il est nécessaire de la transcrire dans son intégralité, surtout qu’elle nous apprend que l’homme de Dzahadjou-Hambou n’exclut pas de se présenter aux élections présidentielles de 2016.
Il appartiendra donc aux autres prétendants, aux plus folkloriques surtout, de comprendre que cette élection présidentielle n’est pas un jeu entre gamins boutonneux et gommeux dans une cour de récréation, mais la dernière occasion de sauver l’État comorien avant qu’il ne fasse définitivement banqueroute, ne dépose le bilan et ne ferme boutique. En même temps, les Comoriens sérieux et sincères seront contents de constater que leur Armée nationale de Développement n’a pas produit que des mauvais garçons, ceux qui ont fait sa mauvaise et sinistre réputation, mais également un officier général très bien élevé et éduqué, très cultivé et très bien imprégné des réalités du monde moderne. Et puis, cette interview démontre que le Général Salimou Mohamed Amiri a la cote à l’international, puisqu’il est l’un des deux Comoriens interviewés par RFI en tant que spécialistes, et non en tant que radoteurs de village se piquant de faire de la politique. Qu’on le sache dès à présent pour comprendre quand même qui est qui dans ce pays, où certains commencent à créer une certaine confusion autour des noms et des réputations.
Présentation générale de l’interview par RFI: «L’invité de RFI est l’ancien chef d’état major de l’Union des Comores, le Général Mohamed Amiri Salimou. Devenu spécialiste des questions de terrorisme et de sécurité en Afrique, le Général s’exprime sur la Somalie et l’action des Shebabs. Il prépare aussi son retour en politique et n’exclut pas de se présenter à la présidentielle comorienne en 2016».
Olivier Rogez: Bonjour, Général Salimou Mohamed Amiri.
Général Salimou Mohamed Amiri: Bonjour, Rogez.
Olivier Rogez: Depuis plusieurs mois, le conflit somalien s’est déplacé en territoire kenyan, et les Shebabs mènent des offensives et des raids extrêmement meurtriers sur la côte kenyane. Qu’est-ce qu’il faudrait faire, selon vous, pour les en empêcher, pour les stopper, pour enrayer cette descente des Shebabs vers le Kenya?
Général Salimou Mohamed Amiri: Vous savez, comme le disait le Professeur de Monbrial, le terrorisme, c’est l’usage général des guerres sans frontières et sans visages. Alors, l’ennemi peut être partout. Aujourd’hui, vous le trouvez dans cette région-là, mais quand il va être acculé, il va passer dans d’autres régions. Ce qu’il faut faire, c’est qu’il faut un plus grand engagement de la communauté internationale. Je pense que cette communauté internationale a tiré les leçons de l’Histoire, parce que je voudrais rappeler un exemple qui s’est passé à côté, en Éthiopie, il y a de cela bien longtemps. Lorsque l’Italie a envahi l’Éthiopie, qui est un pays voisin, la communauté internationale avait commencé à dire: «On ne va pas mourir pour le Négus». Bien sûr, on a vu à l’époque que si elle avait accepté de «mourir pour le Négus», on aurait peut-être évité d’autres conflits, probablement même la Seconde Guerre mondiale. Alors, aujourd’hui, la communauté internationale a commencé à en tirer les leçons. Elle comprend qu’il faut intervenir, qu’il faut une action constante et régulière pour vaincre le terrorisme et que pour vaincre le terrorisme, il faut beaucoup de temps et de constance.
Olivier Rogez: Dans le cas somalien, est-ce qu’il faudrait que la MANUSOM se déplace plus au Sud, peut-être même en territoire kenyan pour éviter que les Shebabs ne se déplacent de l’autre côté de la frontière pour terroriser les côtes kenyanes?
Général Salimou Mohamed Amiri: Ça peut être une stratégie, mais les Shebabs trouveront toujours un moyen ailleurs. La preuve, c’est qu’ils trouvent les moyens d’aller frapper au cœur de l’Ouganda même ou même du Kenya. Donc, ça peut être une stratégie, mais encore une fois, il faut beaucoup de vigilance parce que c’est une guerre asymétrique.
Olivier Rogez: La réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire. C’est ce que vous dites?
Général Salimou Mohamed Amiri: Impossible. De toute façon, à la fin, il faudra comme d’habitude, aller jusqu’à penser à ce que les anglicisants appellent les «roots causis», «les causes profondes» du conflit. Autrement dit, il faudra probablement un de ces jours mettre les Somaliens autour d’une table de négociations et régler les problèmes, qui sont politiques mais qui sont aussi, au moins économiques.
Olivier Rogez: Général Salimou, vous êtes Comorien, vous avez dirigé un temps la Force est-africaine en Attente, l’une des Forces régionales qui vont composer la future Force africaine en Attente, et cette Force est-africaine est censée être opérationnelle ce mois-ci, en décembre 2014. Peut-on imaginer qu’elle puisse jouer un rôle dans cette crise entre la Somalie et le Kenya, dans cette crise somalienne?
Général Salimou Mohamed Amiri: Oui. Il faut, bien sûr, attendre, et même espérer que cette Force en Attente joue un grand rôle. Mais, pour une fois, ça sera très limité parce qu’elle n’en pas les moyens. Moi, j’ai toujours en tête quand, encore une fois, j’étais Président de l’État-major de la Brigade de l’Afrique de l’Est et qu’il fallait lancer la manœuvre de Djibouti, qui entre dans ce cadre d’opérationnalisation de la Brigade. Figurez-vous qu’un pays comme les Comores était obligé de ne lui envoyer que des observateurs parce qu’il ne pouvait pas lui envoyer des troupes en tant que telles.
Olivier Rogez: Est-ce qu’en Afrique, la Force est-africaine et l’Afrique de manière générale pourraient participer à la sécurisation des mers dans l’océan Indien?
Général Salimou Mohamed Amiri: Vaste programme! Là encore, il fallait voir les moyens qu’il fallait déployer depuis «Atalanta» jusqu’à la coalition qui a été menée par les États-Unis, puis par le Japon, puis la Chine. Elle peut aller symboliquement. Mais, là encore, se pose le vrai problème de la piraterie. On arrive maintenant, d’une certaine manière à la stabiliser, mais dès que cette coalition internationale part, le problème est qu’il n’est pas évident que la piraterie ne reprenne.
Olivier Rogez: Général Salimou, une dernière question peut-être sur votre parcours personnel, et votre avenir. Cette expérience que vous avez acquise dans les Armées, dans les Armées continentales, dans l’océan Indien, est-ce que vous comptez la remettre au service de votre pays, un jour ou l’autre?
Général Salimou Mohamed Amiri: Merci de raisonner en termes d’expérience et d’acquis. C’est toujours important. J’ai l’habitude de faire le maximum partout où je me trouve. Donc, maintenant, si d’autres possibilités s’offrent, pourquoi pas? Pour l’instant, je n’exclus rien. Mais, pour parler comme Jésus, «à chaque jour, suffit sa peine». 2016, c’est un peu loin.
Olivier Rogez: 2016, c’est l’élection présidentielle. Vous envisageriez de vous présenter? C’est une question qui vous trotte dans la tête?
Général Salimou Mohamed Amiri: Il ne faut rien exclure.
Olivier Rogez: Vous n’y pensez pas en vous rasant comme un Président français en son temps?
Général Salimou Mohamed Amiri: Pas seulement en me rasant. Peut-être plusieurs fois.
Olivier Rogez: Vous y pensez?
Général Salimou Mohamed Amiri: Tout à fait.
Olivier Rogez: Merci beaucoup, Général Salimou.
© www.lemohelien.com – Dimanche 7 décembre 2014.
Quelques initiés triés sur le volet étaient informés de la diffusion de l’interview de très haut niveau que le Général Salimou Mohamed Amiri a accordée à Olivier Rogez de Radio France Internationale (RFI) dans la matinée polaire de ce dimanche 7 décembre 2014. La chose était plus facile à gérer pour et par les travailleurs nocturnes qui, à 5 heures 45 de France, heure de sa première diffusion, étaient bien éveillés et attendaient avec impatience, fébrilité et plaisir devant leurs postes de radio, leurs téléphones portables et leurs ordinateurs. Ce qui frappe en premier lieu sur cette belle interview, c’est le degré élevé d’érudition de l’ancien chef d’État-major de l’Armée nationale de Développement (AND) des Comores, son français «bon père de famille», très éloigné du gloubi-boulga d’Azali Assoumani l’autre jour sur RFI, un Azali Assoumani dont le niveau de français est celui d’un moujik – que fait son «Conseiller en communication» quand il ne se livre pas à des singeries de singe sur Internet, que les gens sérieux ne lisent jamais? –, et enfin, la maîtrise des enjeux de Défense et de sécurité en Afrique par le Général Salimou Mohamed Amiri. Comme il s’agit d’une interview pleine d’enseignement et qui nous interpelle, il est nécessaire de la transcrire dans son intégralité, surtout qu’elle nous apprend que l’homme de Dzahadjou-Hambou n’exclut pas de se présenter aux élections présidentielles de 2016.
Présentation générale de l’interview par RFI: «L’invité de RFI est l’ancien chef d’état major de l’Union des Comores, le Général Mohamed Amiri Salimou. Devenu spécialiste des questions de terrorisme et de sécurité en Afrique, le Général s’exprime sur la Somalie et l’action des Shebabs. Il prépare aussi son retour en politique et n’exclut pas de se présenter à la présidentielle comorienne en 2016».
Olivier Rogez: Bonjour, Général Salimou Mohamed Amiri.
Général Salimou Mohamed Amiri: Bonjour, Rogez.
Olivier Rogez: Depuis plusieurs mois, le conflit somalien s’est déplacé en territoire kenyan, et les Shebabs mènent des offensives et des raids extrêmement meurtriers sur la côte kenyane. Qu’est-ce qu’il faudrait faire, selon vous, pour les en empêcher, pour les stopper, pour enrayer cette descente des Shebabs vers le Kenya?
Général Salimou Mohamed Amiri: Vous savez, comme le disait le Professeur de Monbrial, le terrorisme, c’est l’usage général des guerres sans frontières et sans visages. Alors, l’ennemi peut être partout. Aujourd’hui, vous le trouvez dans cette région-là, mais quand il va être acculé, il va passer dans d’autres régions. Ce qu’il faut faire, c’est qu’il faut un plus grand engagement de la communauté internationale. Je pense que cette communauté internationale a tiré les leçons de l’Histoire, parce que je voudrais rappeler un exemple qui s’est passé à côté, en Éthiopie, il y a de cela bien longtemps. Lorsque l’Italie a envahi l’Éthiopie, qui est un pays voisin, la communauté internationale avait commencé à dire: «On ne va pas mourir pour le Négus». Bien sûr, on a vu à l’époque que si elle avait accepté de «mourir pour le Négus», on aurait peut-être évité d’autres conflits, probablement même la Seconde Guerre mondiale. Alors, aujourd’hui, la communauté internationale a commencé à en tirer les leçons. Elle comprend qu’il faut intervenir, qu’il faut une action constante et régulière pour vaincre le terrorisme et que pour vaincre le terrorisme, il faut beaucoup de temps et de constance.
Olivier Rogez: Dans le cas somalien, est-ce qu’il faudrait que la MANUSOM se déplace plus au Sud, peut-être même en territoire kenyan pour éviter que les Shebabs ne se déplacent de l’autre côté de la frontière pour terroriser les côtes kenyanes?
Général Salimou Mohamed Amiri: Ça peut être une stratégie, mais les Shebabs trouveront toujours un moyen ailleurs. La preuve, c’est qu’ils trouvent les moyens d’aller frapper au cœur de l’Ouganda même ou même du Kenya. Donc, ça peut être une stratégie, mais encore une fois, il faut beaucoup de vigilance parce que c’est une guerre asymétrique.
Olivier Rogez: La réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire. C’est ce que vous dites?
Général Salimou Mohamed Amiri: Impossible. De toute façon, à la fin, il faudra comme d’habitude, aller jusqu’à penser à ce que les anglicisants appellent les «roots causis», «les causes profondes» du conflit. Autrement dit, il faudra probablement un de ces jours mettre les Somaliens autour d’une table de négociations et régler les problèmes, qui sont politiques mais qui sont aussi, au moins économiques.
Olivier Rogez: Général Salimou, vous êtes Comorien, vous avez dirigé un temps la Force est-africaine en Attente, l’une des Forces régionales qui vont composer la future Force africaine en Attente, et cette Force est-africaine est censée être opérationnelle ce mois-ci, en décembre 2014. Peut-on imaginer qu’elle puisse jouer un rôle dans cette crise entre la Somalie et le Kenya, dans cette crise somalienne?
Général Salimou Mohamed Amiri: Oui. Il faut, bien sûr, attendre, et même espérer que cette Force en Attente joue un grand rôle. Mais, pour une fois, ça sera très limité parce qu’elle n’en pas les moyens. Moi, j’ai toujours en tête quand, encore une fois, j’étais Président de l’État-major de la Brigade de l’Afrique de l’Est et qu’il fallait lancer la manœuvre de Djibouti, qui entre dans ce cadre d’opérationnalisation de la Brigade. Figurez-vous qu’un pays comme les Comores était obligé de ne lui envoyer que des observateurs parce qu’il ne pouvait pas lui envoyer des troupes en tant que telles.
Olivier Rogez: Est-ce qu’en Afrique, la Force est-africaine et l’Afrique de manière générale pourraient participer à la sécurisation des mers dans l’océan Indien?
Général Salimou Mohamed Amiri: Vaste programme! Là encore, il fallait voir les moyens qu’il fallait déployer depuis «Atalanta» jusqu’à la coalition qui a été menée par les États-Unis, puis par le Japon, puis la Chine. Elle peut aller symboliquement. Mais, là encore, se pose le vrai problème de la piraterie. On arrive maintenant, d’une certaine manière à la stabiliser, mais dès que cette coalition internationale part, le problème est qu’il n’est pas évident que la piraterie ne reprenne.
Olivier Rogez: Général Salimou, une dernière question peut-être sur votre parcours personnel, et votre avenir. Cette expérience que vous avez acquise dans les Armées, dans les Armées continentales, dans l’océan Indien, est-ce que vous comptez la remettre au service de votre pays, un jour ou l’autre?
Général Salimou Mohamed Amiri: Merci de raisonner en termes d’expérience et d’acquis. C’est toujours important. J’ai l’habitude de faire le maximum partout où je me trouve. Donc, maintenant, si d’autres possibilités s’offrent, pourquoi pas? Pour l’instant, je n’exclus rien. Mais, pour parler comme Jésus, «à chaque jour, suffit sa peine». 2016, c’est un peu loin.
Olivier Rogez: 2016, c’est l’élection présidentielle. Vous envisageriez de vous présenter? C’est une question qui vous trotte dans la tête?
Général Salimou Mohamed Amiri: Il ne faut rien exclure.
Olivier Rogez: Vous n’y pensez pas en vous rasant comme un Président français en son temps?
Général Salimou Mohamed Amiri: Pas seulement en me rasant. Peut-être plusieurs fois.
Olivier Rogez: Vous y pensez?
Général Salimou Mohamed Amiri: Tout à fait.
Olivier Rogez: Merci beaucoup, Général Salimou.
© www.lemohelien.com – Dimanche 7 décembre 2014.
