Par sa douce incompétence, aucune candidature aux élections ne devrait être légalement validée. Certains disent qu'il ne faut pas pr...
Par sa douce incompétence, aucune candidature aux élections ne devrait être légalement validée.
Certains disent qu'il ne faut pas prononcer son nom et qu'il faut dire tout juste «Monsieur Albert». D'aucuns prétendent qu'il faut faire des ablutions avant de citer son nom. D'autres, enfin, suggèrent qu'on ne doit prononcer son nom qu'en disant qu'il est le meilleur des hommes, le plus grand bienfaiteur pour les Comores. Pourtant, quand on est Comorien, on a bien le droit de parler d'Albert Karaziwan, l'homme qui possède tellement les Comores qu'il est devenu les Comores. Albert Karaziwan est les Comores. Il dirige, en Belgique, une société qui s'appelle SEMLEX, et Ahmed Sambi, par l'aveuglement et l'ignorance qu'on lui connaît, a fait de lui le possesseur et le propriétaire des Comores. Par paresse, le régime politique actuel a laissé perdurer la situation et aujourd'hui, les Comores se trouvent prises en otage par un homme, cet Albert Karaziwan. C'est lui qui s'occupe de la confection des passeports et des cartes d'identité nationale des Comores. Or, la confection des passeports est l'un des attributs de la souveraineté de tout pays moderne. C'est donc pire que si on lui avait demandé de battre la monnaie comorienne dans son imprimerie à Bruxelles. Si Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, énergique Président du Parti Comores Alternatives (PCA) et candidat déclaré aux élections présidentielles de 2016, dit que les Comores ne seront jamais un État entièrement indépendant tant qu'elles n'ont pas la capacité de battre leur propre monnaie, il doit également et surtout insister sur le fait que cette indépendance doit être complétée par la capacité des Comores à établir elles-mêmes leurs passeports, cartes nationales d'identité et cartes d'électeurs.
Or, c'est Albert Karaziwan, cet homme-là, d'origine syrienne et libanaise, qui tient les Comores entre ses mains, comme si elles étaient sa propriété personnelle. Nous vivons dans le monde de l'électronique et si un Albert Karaziwan peut acheter un matériel de confection de documents administratifs, il n'y a aucune Convention internationale qui interdit aux Comores de se doter elles-mêmes de tout le matériel qui leur permettrait de fuir la honte consistant à se faire prendre en otage par un seul homme, quand bien même, il a assis sa mainmise sur les Comores par une «générosité» qui poussait nombre de membres du régime politique d'Ahmed Sambi à accomplir un voyage rituel à Bruxelles, chez «Monsieur Albert», pour aller remplir leurs poches de ce qu'on sait. Ne prononçons pas le mot maudit d'«argent». Nous sommes entre gens de bonne famille, non?
Aujourd'hui, toutes les données biométriques des Comores sont entre les mains de cet homme, en Belgique, et «quelque part en Syrie», dit-on sous le manteau. De fait, Albert Karaziwan peut attribuer des documents administratifs comoriens à n'importe qui dans le monde sans que les autorités comoriennes ne le sachent. Il peut mettre à genoux tout l'État comorien. Il peut faire jeter l'opprobre sur les Comores en attribuant, à l'insu de l'État comorien, des passeports comoriens à des terroristes allant commettre un attentat odieux n'importe où dans le monde, et ça sera alors aux Comores d'en assumer la responsabilité totale et entière. Les Comores sont donc dans une situation intenable, et il serait prudent que les juristes qui travaillent avec l'État comorien se penchent sur la manière d'arrêter cette colonisation par les documents administratifs, la «colonisation paperassière». Sous Ahmed Sambi, les Comores ont eu le malheur de connaître de Bashar Kiwan, qui était, lui aussi et en son temps, l'homme-Comores. Il a détroussé le pays et a pris la fuite. On sait qu'il possédait tellement les Comores que, quand il arrivait à l'Aéroport international de Hahaya, il était en terrain conquis, puisque personne n'avait le droit de jeter un coup d'œil sur les bagages qu'il transportait. Qui sait s'il n'y avait pas des armes dans ces bagages? Il faudra sans doute demander l'autorisation à son ami Aboubacar Ben Saïd Salim, qui aime qu'on parle de lui-même, avant de prononcer ce nom sacrosaint.
D'accord, on a confié à Albert Karaziwan la souveraineté totale des Comores. Seulement, il y a un grand problème parce qu'Albert Karaziwan est un incompétent. Les Comores viennent de lui remettre 2 milliards de francs comoriens pour la confection des cartes d'électeurs, en vue de ces fameuses élections «de 2015». Or, à un mois des scrutins envisagés, personne n'a vu lesdites cartes. Où sont-elles? Où sont les cartes des électeurs comoriens? Il y a bien pire: au moment du dépôt des candidatures à la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI), une institution chère à Saïd Mzé Dafiné et autre Soumaïla Kaambi, chaque prétendant à tel mandat ou tel autre aurait dû produire sa carte d'électeur. Et comme cela n'a pas été fait, ça signifie qu'aucune candidature déposée à la CÉNI n'est valide et recevable. En d'autres termes, au moment où on parle de «Mémorandum d'Entente» et de «consensus» (mou), les Comoriens sont en train de passer à côté de quelque chose d'incroyable puisque toutes les candidatures doivent être invalidées pour faute de production de cartes d'électeurs. La faute à qui? À Albert Karaziwan et à ceux qui lui ont donné 2 milliards de francs comoriens pour ne rien faire. Nos vieilles cartes d'électeurs fabriquées à l'Imprimerie officielle à Moroni auraient permis d'éviter un tel gâchis, surtout à un moment où il y a un traitement biométrique des listes électorales et des autres données électorales. On se moque ouvertement des Comoriens. Et on leur vole le peu d'argent qu'ils ont.
Les Comoriens devraient savoir que non seulement leurs passeports sont vendus à l'étranger et à des étrangers d'origine douteuse, indéfinissable et indéfinie, mais qu'en plus, c'est Albert Karaziwan qui est le chef du «trabendo» aujourd'hui. Hier, c'était Bashar Kiwan qui encaissait l'argent de la «citoyenneté économique». Les Comores ont refilé le pactole à son compatriote Albert Karaziwan, et la vie est belle. Mais, pour certains seulement, ceux qui ont l'habitude de se rendre en Belgique pour aller manger dans la main de «Monsieur Albert». Il est à se demander si bientôt ce n'est pas lui qui va dire qui doit faire quoi avec sa femme ou avec son mari dans les familles comoriennes. Cet homme-là tient l'élastique du slip de l'État comorien entre ses mains.
Aujourd'hui, en prévision des élections présidentielles de 2016, on voit beaucoup de monde se précipiter sur la route menant à Beït-Salam, avec des intentions plus ou moins inavouables et folkloriques. Les candidatures à la candidature qui peuvent être considérées comme sérieuses ne dépassent pas trois, sur une vingtaine. Dès lors, les Comoriens gagneraient à demander à ces candidats ce qu'ils comptent faire au sujet d'Albert Karaziwan: vont-ils le laisser continuer à posséder les Comores, ou vont-ils assumer leurs responsabilités en faisant l'acquisition d'un matériel qui rendrait le pays entièrement indépendant en matière de documents administratifs? Il n'est rien attendu des candidats de la galaxie crypto-sambiste car ce sont eux qui ont intronisé Albert Karaziwan Roi des Comores. Le candidat à une élection comorienne ne se sent jamais lié à ses promesses électorales. Pourtant, c'est un bon moyen pour juger les menteurs, nombreux parmi les acteurs politiques comoriens. On sait, par exemple, que chaque fois qu'Ahmed Sambi promettra quelque chose en période électorale, il se trouvera des Comoriens sérieux pour lui demander des comptes sur son «Projet Habitat», sur l'amélioration du pouvoir d'achat de ces «Comoriens qui n'ont jamais tenu entre leurs mains 50.000 francs comoriens leur appartenant», sur le fameux «Aéroport international de Mohéli» dont il disait avoir tous les plans dans son cartable, etc. Justement, en juin 2012, «Monsieur Albert» a été vu à Haïraha, à Mohéli (Photo) en train de poser la première pierre d'un «complexe hôtelier 4 étoiles de classe internationale comprenant, entre autres, 30 chambres, 7 villas, un casino, une piscine qui va être d'ailleurs la première dans l'île, et une salle de spectacles ou réunions», selon le correspondant du journal Al Watwan à Mohéli. On en est où, car les Comoriens n'ont rien vu venir depuis? On nous apprend que par un extraordinaire sens du dédoublement fonctionnel, le Roi multicartes Albert Karaziwan était à Mohéli en sa qualité de Président Directeur général d'une Société répondant au doux nom d'Union Synergie. Une belle «synergie», en fait, mais pas au profit des Comoriens.
ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 13 décembre 2014.