Président du «Think Tank» Cercle des Économistes et Experts comoriens (CÉEC) Monsieur Darchari Mikidache. Je souhaite signaler qu’il y a un...
Président du «Think Tank» Cercle des Économistes et Experts comoriens (CÉEC)
Monsieur Darchari Mikidache. Je souhaite signaler qu’il y a un vrai problème de fond sur le sujet de l’agriculture et de l’économie des Comores en général. C’est pourquoi j’insiste sur l’utilité de ne pas trop calquer le modèle européen, qui a, bien sûr, ses limites. Ensuite, comme l’a si bien écrit Tibor Mende, le développement reste «le modèle inimitable». Donc, il faut absolument trouver d’autres modèles qui tiendraient compte des spécificités de notre pays. Je propose donc qu’on reprenne et revalorise le programme de «Mongozi» («Le Guide») Ali Soilihi pour l’adapter à notre époque. L’économie des Comores est marquée encore et pour longtemps par le passé colonial. Il y a domination, et cette domination a pour conséquence un certain nombre de carences et de déséquilibres. Parmi eux il y a le déficit vivrier, puisque nous avons ou nous donnons plus d’importance aux cultures d’exportation (ylang-ylang, girofle et autres). Ce qui explique le retard en matière d’agriculture vivrière. Celle-ci, primitive et sous-développée, ne permet pas de nourrir la population. Ce qui fait donc que nous dépendons pour notre substance de l’extérieur. L’État et les grandes compagnies favorisent l’importation des denrées alimentaires (essentiellement le riz). Par ce biais, ils augmentent leurs bénéfices en limitant le risque de revendication salariale de leurs employés, tout en se faisant subventionner par «Bilmapouzi», pour le riz importé. La vente à bas prix de ces produits accroissent la dépendance de la population et recycle vers l’extérieur les disponibilités monétaire qui auraient pu permettre le développement d’une agriculture vivrière. Il n’y a pas de transformation sur place de nos produits. Parallèlement, la vulnérabilité économique et dépendance se sont accrues. Pourtant, au début du siècle, un certain nombre de fabrications artisanales subsistaient encore. Souvenons-nous de l’hymne national d’Ali Soilihi: «Hazi PIYA NGASINIZO RAGU ZAMANI: DIMA WULOZI HAZI ZA MIHONO», «Nous maîtrisons tous les métiers depuis longtemps: l’agriculture, la pêche et les travaux manuels».
Ces métiers furent sabotés. On laisse faire le «Milanatsi Ugangui» (la coutume rétrograde) et on va acheter presque tout à l’étranger: meubles, bijoux en or, noix et poudre de coco, feuilles de manioc, habillement, etc. Il n’y a pas de technologies et on a un système scolaire aliénant. Ce système scolaire est calqué exactement sur le modèle classique de «Bilmapouzi». Le système scolaire de notre pays n’offre aux élèves aucune possibilité de recevoir une formation technique. Le peu de techniciens formés prennent pour la plupart le chemin de l’exode. Cette carence de formation est aujourd’hui particulièrement grave dans le domaine de la Gestion et du Commerce. Le système écologique est gravement déséquilibré. En effet, l’accroissement de la population et la persistance des techniques culturales artisanales et inadéquates se combinent pour entraîner un déboisement de plus en plus rapide des reliefs. Ce déboisement s’accompagne d’une érosion intense due à la violence des précipitations et d’une plus grande irrégularité des cours d’eau, qui se tarissent. Ceci est très visible à Anjouan, dont les cours d’eau, autrefois nombreux, aujourd’hui presque disparus.
Comment oublier le problème lié à l’insularité? C’est un autre problème de fond. Les problèmes de transport découlent de la nature du pays. Les approvisionnements sont irréguliers. Les ruptures de stocks sont importantes et fréquents pour l’ensemble du pays. La distance entre les îles impose de multiplier certains investissements.
Pour ce qui est des problèmes sociaux, il est à noter que la société comorienne reste jusqu’à ce jour, une société traditionnelle et très archaïque. Les notables exercent encore une pression et une domination complètes sur toute la vie socio-économique, voire sur le système politique. Aujourd’hui, les notables se donnent le droit dans notre État d’imposer au Président de la République, incompétent soit-il, de limoger son Directeur du Cabinet chargé de la Défense. Ceci permet de démontrer l’archaïsme de la domination des notable sur la vie politique, sociale et économique de notre pays, qu’il faut absolument sortir de se système de «notadébile». Ce conservatisme impose aux jeunes des cérémonies ruineuses, qui marquent la vie du Comorien, de sa naissance à sa mort. Il faut vraiment arrêter éradiquer ce Grand Mariage. Ceci est d’autant plus vrai qu’il y a le fléau du sous-emploi. En effet, le chômage est vraiment aggravé aux Comores et il faut inverser vite cette tendance à l’inactivité des jeunes.
Les Comores sont également concernées par les migrations internationales. En effet, le manque d’emploi et le caractère répressif des cérémonies coutumières incitent les éléments les plus dynamiques de la jeunesse comorienne comme Darchari Mikidache (sur la photo, avec le Vice-président Nourdine Bourhane) et d’autres jeunes Comoriens à quitter le pays pour aller chercher du travail à l’extérieur. Bien évidemment, cette émigration apporte de la devise au pays et continue à envoyer des mandats à leurs familles. Mais aussi invraisemblable que cela peut être, ces apports financiers sont loin de compenser la déperdition en initiatives et en dynamisme qui sont les éléments inestimables constituant la jeunesse comorienne qui s’expatrie.
Pour ce qui est du problème sanitaire, on constate que la morbidité dans notre pays est élevée. Ceci dû à un manque d’éducation complète en matière d’hygiène, et également à des carences alimentaires graves, notamment en protéines. À ces problèmes de fond, qui auraient dus être affrontés, en tout état de cause, se sont ajoutés des problèmes conjoncturels nés du caractère très exceptionnel de la réalisation de l’indépendance.
En soulevant ces problèmes de fond de la sorte, il faut bien sûr apporter une réponse à chacun d’entre eux. Je pense pour être objectif, sans perdre du temps à blablater. Il faut reconnaître que la solution apportée à ces problèmes par Ali Soilihi est plus adaptée et efficace car elle avait produit des résultats largement positifs. Quelles sont ces solutions? Affaire à suivre.
Par A. Y. Alley
© www.lemohelien.com – Lundi 1er décembre 2014.
Monsieur Darchari Mikidache. Je souhaite signaler qu’il y a un vrai problème de fond sur le sujet de l’agriculture et de l’économie des Comores en général. C’est pourquoi j’insiste sur l’utilité de ne pas trop calquer le modèle européen, qui a, bien sûr, ses limites. Ensuite, comme l’a si bien écrit Tibor Mende, le développement reste «le modèle inimitable». Donc, il faut absolument trouver d’autres modèles qui tiendraient compte des spécificités de notre pays. Je propose donc qu’on reprenne et revalorise le programme de «Mongozi» («Le Guide») Ali Soilihi pour l’adapter à notre époque. L’économie des Comores est marquée encore et pour longtemps par le passé colonial. Il y a domination, et cette domination a pour conséquence un certain nombre de carences et de déséquilibres. Parmi eux il y a le déficit vivrier, puisque nous avons ou nous donnons plus d’importance aux cultures d’exportation (ylang-ylang, girofle et autres). Ce qui explique le retard en matière d’agriculture vivrière. Celle-ci, primitive et sous-développée, ne permet pas de nourrir la population. Ce qui fait donc que nous dépendons pour notre substance de l’extérieur. L’État et les grandes compagnies favorisent l’importation des denrées alimentaires (essentiellement le riz). Par ce biais, ils augmentent leurs bénéfices en limitant le risque de revendication salariale de leurs employés, tout en se faisant subventionner par «Bilmapouzi», pour le riz importé. La vente à bas prix de ces produits accroissent la dépendance de la population et recycle vers l’extérieur les disponibilités monétaire qui auraient pu permettre le développement d’une agriculture vivrière. Il n’y a pas de transformation sur place de nos produits. Parallèlement, la vulnérabilité économique et dépendance se sont accrues. Pourtant, au début du siècle, un certain nombre de fabrications artisanales subsistaient encore. Souvenons-nous de l’hymne national d’Ali Soilihi: «Hazi PIYA NGASINIZO RAGU ZAMANI: DIMA WULOZI HAZI ZA MIHONO», «Nous maîtrisons tous les métiers depuis longtemps: l’agriculture, la pêche et les travaux manuels».
Ces métiers furent sabotés. On laisse faire le «Milanatsi Ugangui» (la coutume rétrograde) et on va acheter presque tout à l’étranger: meubles, bijoux en or, noix et poudre de coco, feuilles de manioc, habillement, etc. Il n’y a pas de technologies et on a un système scolaire aliénant. Ce système scolaire est calqué exactement sur le modèle classique de «Bilmapouzi». Le système scolaire de notre pays n’offre aux élèves aucune possibilité de recevoir une formation technique. Le peu de techniciens formés prennent pour la plupart le chemin de l’exode. Cette carence de formation est aujourd’hui particulièrement grave dans le domaine de la Gestion et du Commerce. Le système écologique est gravement déséquilibré. En effet, l’accroissement de la population et la persistance des techniques culturales artisanales et inadéquates se combinent pour entraîner un déboisement de plus en plus rapide des reliefs. Ce déboisement s’accompagne d’une érosion intense due à la violence des précipitations et d’une plus grande irrégularité des cours d’eau, qui se tarissent. Ceci est très visible à Anjouan, dont les cours d’eau, autrefois nombreux, aujourd’hui presque disparus.
Comment oublier le problème lié à l’insularité? C’est un autre problème de fond. Les problèmes de transport découlent de la nature du pays. Les approvisionnements sont irréguliers. Les ruptures de stocks sont importantes et fréquents pour l’ensemble du pays. La distance entre les îles impose de multiplier certains investissements.
Pour ce qui est des problèmes sociaux, il est à noter que la société comorienne reste jusqu’à ce jour, une société traditionnelle et très archaïque. Les notables exercent encore une pression et une domination complètes sur toute la vie socio-économique, voire sur le système politique. Aujourd’hui, les notables se donnent le droit dans notre État d’imposer au Président de la République, incompétent soit-il, de limoger son Directeur du Cabinet chargé de la Défense. Ceci permet de démontrer l’archaïsme de la domination des notable sur la vie politique, sociale et économique de notre pays, qu’il faut absolument sortir de se système de «notadébile». Ce conservatisme impose aux jeunes des cérémonies ruineuses, qui marquent la vie du Comorien, de sa naissance à sa mort. Il faut vraiment arrêter éradiquer ce Grand Mariage. Ceci est d’autant plus vrai qu’il y a le fléau du sous-emploi. En effet, le chômage est vraiment aggravé aux Comores et il faut inverser vite cette tendance à l’inactivité des jeunes.
Les Comores sont également concernées par les migrations internationales. En effet, le manque d’emploi et le caractère répressif des cérémonies coutumières incitent les éléments les plus dynamiques de la jeunesse comorienne comme Darchari Mikidache (sur la photo, avec le Vice-président Nourdine Bourhane) et d’autres jeunes Comoriens à quitter le pays pour aller chercher du travail à l’extérieur. Bien évidemment, cette émigration apporte de la devise au pays et continue à envoyer des mandats à leurs familles. Mais aussi invraisemblable que cela peut être, ces apports financiers sont loin de compenser la déperdition en initiatives et en dynamisme qui sont les éléments inestimables constituant la jeunesse comorienne qui s’expatrie.
Pour ce qui est du problème sanitaire, on constate que la morbidité dans notre pays est élevée. Ceci dû à un manque d’éducation complète en matière d’hygiène, et également à des carences alimentaires graves, notamment en protéines. À ces problèmes de fond, qui auraient dus être affrontés, en tout état de cause, se sont ajoutés des problèmes conjoncturels nés du caractère très exceptionnel de la réalisation de l’indépendance.
En soulevant ces problèmes de fond de la sorte, il faut bien sûr apporter une réponse à chacun d’entre eux. Je pense pour être objectif, sans perdre du temps à blablater. Il faut reconnaître que la solution apportée à ces problèmes par Ali Soilihi est plus adaptée et efficace car elle avait produit des résultats largement positifs. Quelles sont ces solutions? Affaire à suivre.
Par A. Y. Alley
© www.lemohelien.com – Lundi 1er décembre 2014.