Les Comores et la France, à la veille d'une véritable avancée de leurs négociations « La diplomatie est faite de telles subtilités q...
Les Comores et la France, à la veille d'une véritable avancée de leurs négociations
«La diplomatie est faite de telles subtilités qu'un bon diplomate s'abstient de raisonner en termes de succès personnels et d'échecs individuels, mais d'avancée ou de stagnation de la négociation», dixit, sérieux comme un Pape, Hamada Madi Boléro, Directeur du Cabinet du Président de la République chargé de la Défense. Pour sa part, Aloui Saïd Abbas, haut fonctionnaire du ministère comorien des Relations extérieures, déclare: «Quand on connaît le charme et les réalités de la diplomatie, on sait que "les diplomates sont les héritiers de Sisyphe".
Dans la mythologie grecque, Sisyphe avait défié les dieux et était condamné à rouler éternellement jusqu'au sommet d'une colline un rocher qui redescendait toujours et l'obligeait à reprendre un travail interminable. Seulement, à la grande différence de Sisyphe, nous autres diplomates comoriens de l'ère Ikililou Dhoinine progressons et sommes arrivés à pouvoir maintenir à sa place le rocher de la diplomatie, en le rapprochant chaque jour du sommet de la colline nationale et internationale. Nous nous inspirons de la méthode du Président Ikililou Dhoinine, qui privilégie la discrétion au tapage de ceux qui ne comprennent rien sur l'organisation du travail de la diplomatie, et qui confondent celle-ci avec une danse sur un air de "Boira Ko Yiréngué"».
Les membres de la délégation comorienne en visite à Paris et dont chaque déplacement dans la ville-lumière est précédé et suivi d'un concert d'accusations haineuses de la part des «vrais et bons Comoriens» disent de très belles choses pour les oreilles de celui qui travaille sur la Diplomatie depuis des années, mais refusent systématiquement de dire en quoi ils peuvent parler d'«avancées significatives dans les négociations franco-comoriennes». À ce sujet, Mirhane Bourhane, également haut fonctionnaire au ministère comorien des Relations extérieures, fait perdurer le suspens: «Les choses avancent dans la bonne voie. Nous avons trouvé les formules qui permettent de faire bouger les lignes, dans une bonne entente entre les Comores et la France. Néanmoins, pour l'instant, il est très tôt pour exposer les résultats de nos négociations avec la France. La seule chose que nous pourrions dire, c'est que nous avons fait des progrès et quand le contenu de nos accords sera connu dans les semaines à venir, les Comoriens seront très satisfaits. Ils verront que quand on travaille de manière constructive, on finit par obtenir des résultats satisfaisants. Comme, en l'état, nous ne pouvons rien dévoiler, je me contente de signaler que d'habitude, nous nous réunissons deux fois par an avec nos homologues français. Cette année, trois réunions sont au programme. Cela en dit long sur les progrès enregistrés. Nous nous en félicitons, et le peuple comorien s'en félicitera bientôt».
Est-ce pour cette raison que les «vrais et bons Comoriens» se taisent et se font oublier, après avoir débité un tas d'insanités le 12 novembre 2014? La réponse n'est pas encore donnée, surtout à un moment où ces «vrais et bons Comoriens» ne savent rien sur les activités de leurs ennemis, qu'ils s'évertuent, par manque d'intelligence et d'imagination, à qualifier de «vendus»et d'«espions». L'ennemi est à Paris et négocie, et les fameux «Résistants», selon la formule infantile et fallacieuse de Maître Ali Abdou El-Aniou, se taisent. C'est bizarre. Sont-ils déjà fatigués, alors que ce 12 novembre 2014, le même Maître Ali Abdou El-Aniou s'égosillait comme un coq à Moroni pour débiter ses petites phrases insipides? Pour rappel, ce 12 novembre 2014, on l'a entendu dire, accusant les plénipotentiaires actuellement à Paris: «Il faut oser le dire aujourd'hui. Nous avons à faire à des collabos dans ce combat pour l'intégrité de notre pays. Et c'est pourquoi nous courons à des situations aussi tragiques». Sur le même registre ridicule et accusateur, il ajouta: «C'est avec ces gens-là qui se trouvent dans notre administration, que travaille le colonisateur; sans eux, il n'y aurait pas de problèmes». Pourtant, c'est quand Ahmed Sambi était au pouvoir que Mayotte a été transformée en département français en 2011, ce même Ahmed Sambi qui se posait en chantre de la défense des droits territoriaux des Comores. Sa «diplomatie du tambour et du tamtam» n'a rien fait de positif. Donc, une fois de plus, l'ignorance des exigences et des réalités de la diplomatie pousse les profanes du Comité Maoré à considérer que la négociation, première activité de la diplomatie, est tout simplement un acte de haute trahison, comme on peut le déduire de la phrase de Maître Ali Abdou El-Aniou: «Nous disons à ces personnes que c'est infamant de travailler contre son pays. Et nous leur disons aussi que jamais, au grand jamais, dans l'Histoire, la collaboration n'a jamais vaincu la résistance». Les accusés sont ces gens qui sont à Paris en ce moment, et les «Résistants» se taisent obstinément. Si ça pouvait continuer pour faire éviter à ces gens-là le ridicule… Car, soit ces «Résistants» proposent de nouvelles pistes pour que l'île de Mayotte rentre dans le giron des Comores, soit ils se taisent définitivement et laissent ceux qui travaillent vraiment pour leur pays continuer leur merveilleux travail, un travail de professionnels de la diplomatie qu'il faut savoir apprécier avant d'approuver.
Pour Aloui Saïd Abbas, il ne fait pas de doute que les avancées diplomatiques actuelles ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d'un certain nombre de facteurs positifs réunis par la diplomatie comorienne: «Nous constitutions une équipe de spécialistes de la Diplomatie. Nous parlons le même langage. Nous nous entendons à merveille. Nous savons ce qu'il y a à faire pour faire avancer des dossiers hautement sensibles, car nous ne parlons pas que de Mayotte. En un mot, nous constitutions une équipe qui sait ce qu'elle veut pour le bien des Comores et, depuis juin 2013, nous arrivons à faire passer un message positif auprès de nos homologues français. Notre message est un message essentiellement juridique, et quand on sait évoquer le Droit devant un État de Droit, le message finit par passer. Il nous a donc fallu redéfinir la méthode de négociation et retracer les grandes lignes de notre dossier. Nous avons un bon dossier de négociation. Cela compte beaucoup. Donc, pour l'instant, nous ne communiquons pas, mais nous nous contentons de dire et de répéter ceci: les choses avancent dans le bon sens et nous savons que tout Comorien sincère nous saura gré quand seront dévoilés les résultats obtenus dans le cadre de nos négociations avec la France en 2014».
Excès d'optimisme? Comment le dire? En tout cas, c'est la première fois que les membres de la délégation comorienne affichent un tel optimisme. C'est la première fois qu'ils refusent de communiquer sur la nature des avancées constatées. En même temps, le silence qui plane sur les négociations va inciter les «vrais et bons Comoriens» à imaginer le pire, mais par pure hypocrisie, duplicité et mauvaise foi. Car, on ne voit pas le Président Ikililou Dhoinine, au nom de l'État comorien, dépêcher à Paris des délégués pour renoncer aux droits des Comores, quel que soit le dossier. Quand les plénipotentiaires comoriens parlent d'«avancées», ils n'ont pas tort. Car la diplomatie est une affaire de propositions et de contrepropositions. Il est impossible de sortir d'une négociation portant sur un différend territorial en quelques jours ou en quelques mois. D'ailleurs, il est important de signaler que dans l'Histoire, on prenait en otages les plénipotentiaires et on avait recours à l'ultimatum pour faire progresser des négociations qui s'enlisaient. En effet, le propre de la négociation est de durer. On n'a pas tout ce qu'on veut en un seul jour, et là, nous revenons à l'évocation du mythe de Sisyphe faite intelligemment par le diplomate Aloui Saïd Abbas, pendant que dans la rue, on nous dit doctement que «Mayotte est comorienne et le restera à jamais». Si elle l'est, pourquoi la réclamer alors? Il y a non-sens dans les petites phrases des «bons et vrais Comoriens», mais comme l'intelligence politique et diplomatique n'est pas leur fort, il ne sert à rien de leur demander l'impossible: la réflexion, la cohérence et la modération.
ARM
© www.lemohelien.com – Vendredi 28 novembre 2014.
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