Chassés de l'océan Indien par les requins, il ne restait plus que les lagons de la côte ouest aux baigneurs. Mais un squale a franchi l...
Chassés de l'océan Indien par les requins, il ne restait plus que les lagons de la côte ouest aux baigneurs. Mais un squale a franchi la barrière de corail.
Sur son stand-up paddle, Julien est à quelques mètres du bord dans le lagon de L'Ermitage quand il perçoit soudain "une ondulation"... puis aperçoit un aileron et "une masse grise". Il vient d'être frôlé par un requin d'environ 1,6 à 1,8 mètre. Julien décide aussitôt de rejoindre le rivage "sans faire de mouvements brusques". "Il y a eu un contact. Pas une charge, mais un contact avec la planche", raconte dans Le Quotidien de La Réunion ce surfeur qui sait de quoi il parle pour avoir déjà croisé des requins dans l'océan Indien. Six témoins, dont des pêcheurs, confirment eux aussi avoir formellement identifié l'animal.
Depuis quelques années à La Réunion, ce genre de rencontres désagréables est devenu presque banale en mer, même à quelques mètres du rivage. En juillet 2013, en baie de Saint-Paul, une jeune fille a été happée par un requin bouledogue dans cinquante centimètres d'eau et coupée en deux au niveau du nombril. On n'a jamais retrouvé le haut du corps. Résultat, les Réunionnais et les vacanciers ne se baignent plus que dans les petits lagons, sur la côte ouest.
Mais désormais, la question se pose : de petits requins parviennent-ils à franchir la barrière de corail ? "On sait qu'ils peuvent passer, que certains endroits dans le récif le permettent, [mais] la présence de requins dans le lagon a toujours relevé de la pure rumeur", commente un loueur de paddle et ancien moniteur de surf dans la presse locale.
Parallèlement un plongeur en bouteilles s'est fait lui aussi charger et bousculer par un "gros requin" au large de la ville du Port. Or, on croyait jusqu'à présent que l'immersion, les bulles et le bruit du détendeur étaient censés protéger le plongeur. Pour preuve, cette discipline échappe à l'interdiction des activités nautiques pris par le préfet en 2013 à la suite de la multiplication des attaques de squales. Ces deux rencontres inopportunes tombent en pleine saison touristique. Résultat, sur les plages de l'île, les vacanciers se contentent dorénavant de bronzer sur le sable et ne tentent même plus à tremper un orteil dans l'océan...
Le "risque requins" occupe une place toute particulière dans la presse locale, et sur ce sujet, les esprits s'échauffent très rapidement. Les autorités sont accusées à la fois de ne pas assez prendre la mesure de la gravité du problème mais aussi d'en faire trop, ce qui dissuaderait les touristes de choisir ce département français de l'océan Indien, préférant les rivages voisins de l'île Maurice où les squales ne se manifestent guère.
Et
la polémique a encore pris de l'ampleur et une tournure inattendue
lorsque Dominique Sorain, le préfet de La Réunion, a annoncé qu'il
renonçait à mobiliser des contrats aidés pour déployer des
vigies-requins. Il s'agit d'apnéistes chargés d'effaroucher les requins
et de les tenir à distance des vagues fréquentées par les activités de
glisse. "Le caractère dissuasif de la présence des vigies n'est pas
formellement établi", constate un rapport du Muséum national d'histoire
naturelle. Plus grave encore : l'exposition au risque pour les vigies ne
saurait être écartée...
Seulement voilà, dans une île lourdement frappée par le chômage, ce dispositif permet aussi de créer des emplois ! Juste après l'annonce du préfet, le Conseil régional a répliqué qu'il allait financer "Seize emplois de vigies immergées, aujourd'hui sans emploi". La région rappelle qu'en dehors de l'activité touristique, l'accès à la mer est un enjeu considérable pour l'île : La Réunion est aussi la patrie des champions de surf.
Par Ian Hamel, à La Saline-les-Bains (La Réunion)
Sur son stand-up paddle, Julien est à quelques mètres du bord dans le lagon de L'Ermitage quand il perçoit soudain "une ondulation"... puis aperçoit un aileron et "une masse grise". Il vient d'être frôlé par un requin d'environ 1,6 à 1,8 mètre. Julien décide aussitôt de rejoindre le rivage "sans faire de mouvements brusques". "Il y a eu un contact. Pas une charge, mais un contact avec la planche", raconte dans Le Quotidien de La Réunion ce surfeur qui sait de quoi il parle pour avoir déjà croisé des requins dans l'océan Indien. Six témoins, dont des pêcheurs, confirment eux aussi avoir formellement identifié l'animal.
Depuis quelques années à La Réunion, ce genre de rencontres désagréables est devenu presque banale en mer, même à quelques mètres du rivage. En juillet 2013, en baie de Saint-Paul, une jeune fille a été happée par un requin bouledogue dans cinquante centimètres d'eau et coupée en deux au niveau du nombril. On n'a jamais retrouvé le haut du corps. Résultat, les Réunionnais et les vacanciers ne se baignent plus que dans les petits lagons, sur la côte ouest.
Un plongeur bousculé par un squale
Mais désormais, la question se pose : de petits requins parviennent-ils à franchir la barrière de corail ? "On sait qu'ils peuvent passer, que certains endroits dans le récif le permettent, [mais] la présence de requins dans le lagon a toujours relevé de la pure rumeur", commente un loueur de paddle et ancien moniteur de surf dans la presse locale.
Parallèlement un plongeur en bouteilles s'est fait lui aussi charger et bousculer par un "gros requin" au large de la ville du Port. Or, on croyait jusqu'à présent que l'immersion, les bulles et le bruit du détendeur étaient censés protéger le plongeur. Pour preuve, cette discipline échappe à l'interdiction des activités nautiques pris par le préfet en 2013 à la suite de la multiplication des attaques de squales. Ces deux rencontres inopportunes tombent en pleine saison touristique. Résultat, sur les plages de l'île, les vacanciers se contentent dorénavant de bronzer sur le sable et ne tentent même plus à tremper un orteil dans l'océan...
Emplois vigies-requins
Le "risque requins" occupe une place toute particulière dans la presse locale, et sur ce sujet, les esprits s'échauffent très rapidement. Les autorités sont accusées à la fois de ne pas assez prendre la mesure de la gravité du problème mais aussi d'en faire trop, ce qui dissuaderait les touristes de choisir ce département français de l'océan Indien, préférant les rivages voisins de l'île Maurice où les squales ne se manifestent guère.
Seulement voilà, dans une île lourdement frappée par le chômage, ce dispositif permet aussi de créer des emplois ! Juste après l'annonce du préfet, le Conseil régional a répliqué qu'il allait financer "Seize emplois de vigies immergées, aujourd'hui sans emploi". La région rappelle qu'en dehors de l'activité touristique, l'accès à la mer est un enjeu considérable pour l'île : La Réunion est aussi la patrie des champions de surf.
Par Ian Hamel, à La Saline-les-Bains (La Réunion)